Depuis l’annonce, le 24 août dernier, de la rupture unilatérale de ses relations avec le Maroc, le régime algérien poursuit son feuilleton tragi-comique dont il est l'unique scénariste, réalisateur et comédien. Alors que le Maroc a pris acte de cette décision sans surprise, est entre-temps passé à plus important, le régime algérien ne laisse pas passer une journée sans la remettre au goût du jour par des déclarations étonnantes.
Le ministre algérien des Affaires étrangère, Ramtane Lamamra, et ses lieutenants multiplient ainsi les déclarations sur «le caractère irréversible» de la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc. «C’est une décision souveraine, définitive et irréversible», a déclaré le chef de la diplomatie algérienne jeudi dernier au Caire, comme pour dissuader ses pairs arabes et africains de toute offre de médiation.
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Et d’ajouter: «penser à toute initiative, quelle qu’en soit la nature, est réducteur et superficiel. Elle ne prend pas en compte, plutôt elle ignore la pleine responsabilité du Maroc dans la détérioration chronique des relations bilatérales et occulte l’étendue des dommages politiques et moraux commis par des milieux marocains». Ses déclarations ont été précédées par une série de spéculations par la presse algérienne sur des tentatives de médiations de la part de pays arabes: Arabie Saoudite, Koweït... Rebelote, une autre source de la diplomatie algérienne (probablement le pseudo-diplomate et authentique scribouillard Amar Belani) a expliqué à plusieurs médias algériens qu’«un retour à la situation antérieure est absolument exclu dans le présent et dans l’avenir». Mais qui a bien pu demander à l’Algérie de revenir sur sa décision?
Jusqu’à quand Lamamra et ses lieutenants vont-t-ils continuer à crier sur tous les toits que la rupture avec le Maroc est irréversible, alors que tout le monde sait déjà pertinemment que les relations entre Alger et Rabat sont au point mort depuis au moins une décennie? En tout cas, l’hystérie du ministre algérien des Affaires étrangères est emblématique d’une décision qui n’a fait ni chaud ni froid au Maroc, compte tenu du fait qu’il n’existe pratiquement pas de relations, ni d’échanges commerciaux, de quelque ordre que ce soit, entre les deux pays voisins, dont les frontières terrestres sont fermées, là aussi sur décision d’Alger, depuis 1994.
Dans sa fuite en avant, le régime algérien a également lâché sa presse et ses soi-disant «experts» pour entonner de concert le nouveau refrain de la rupture «irréversible» avec le Maroc.
Ainsi, le tout récemment nommé envoyé spécial auprès de Ramtane Lamamra, chargé du Sahara occidental et du Maghreb, Amar Belani, a déclaré à un média proche du régime qu’il «n’y aura ni médiation ni arrangement avec le Maroc». Pour sa part, l’ancien ministre et diplomate algérien, Abdelaziz Rahabi, a affirmé, toujours par voie de la même presse, qu’il «était encore trop tôt pour la médiation».
Il y a deux jours, mardi 14 septembre, alors que le ministre saoudien des Affaires étrangères, l’émir Fayçal Ben Farhan, était à Alger, Amar Belani s'est une nouvelle fois exprimé, pour démentir ce qu’il appelle une «rumeur». Selon lui, «cette question de médiation, rapportée par certains médias, n’a pas été soulevée car elle n’est pas à l’ordre du jour… Les entretiens avec le ministre saoudien des Affaires étrangères ont porté sur les voies et moyens de renforcer les relations bilatérales en relançant notamment les cadres de la commission mixte, du comité du dialogue politique, de la consultation sur les questions énergétiques au sein de l’OPEP et de la concertation sur la nécessaire réforme de la Ligue arabe pour rendre le travail arabe commun plus efficient et mieux centré sur les enjeux de l’heure dont notamment la question palestinienne».
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Ce même pathétique Belani a imaginé une autre rumeur propagée, selon lui, par le Maroc, et qui concernerait un deal dans lequel l’Algérie, par l’intermédiaire des Emirats arabes unis, aurait demandé au Maroc de cesser son soutien au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) en contrepartie du rétablissement des relations diplomatiques. Une offre qui aurait été refusée par le Maroc. Répondant à sa propre fiction, Belani a réfuté ce qu’il qualifie d’«affabulation grotesque» relayée par des réseaux sociaux «animés et manipulés par des parties marocaines connues… Visant à dénaturer les positions de principe de l’Algérie… Cela fait partie de la cyberguerre féroce que nous mène un voisin hostile et belliqueux».
A ce tohu-bohu chez les voisins de l’est, le Royaume du Maroc oppose une totale indifférence. Interrogé par Le360 sur ce feuilleton hystérique, alimenté chaque jour par la diplomatie algérienne et ses relais médiatiques, un haut responsable au ministère marocain des Affaires étrangères a eu cette réponse, citant Talleyrand: «tout ce qui est excessif est insignifiant».