PLF 2020: les robes noires décrient l’Article 9

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Revue de presseKiosque360. Des avocats et bâtonniers des 17 instances marocaines, ainsi que des membres de l’Association des barreaux du Maroc, ont protesté mercredi, devant le Parlement, contre l’article 9 du PLF.

Le 20/11/2019 à 20h14

Ils ont été les premiers à ouvrir le débat sur la question. Aujourd’hui, les avocats passent à l’étape de la contestation. Les bâtonniers des 17 ordres professionnels des avocats que compte le Royaume et le bureau de l’Association des barreaux du Maroc ont, en effet, observé, mercredi, un sit-in devant le Parlement pour protester contre l’adoption de l’article 9 du projet de Loi de Finances 2020.

C’est un message adressé à la Chambre des conseillers, affirme Omar Oudra, président de l’Association des barreaux du Maroc, cité par le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 21 novembre. Les robes noires estiment, en effet, que l’article 9, tel qu’il a été adopté par la Chambre des représentants, est de nature à immuniser les biens de l’Etat contre les décisions de la justice.

Cependant, assure le président de l’Association des barreaux, l’adoption de cette disposition n’empêchera pas les avocats de continuer à plaider. L’article 9 ne les gênera pas, mais ils n’accepteront pas que le gouvernement se retrouve dans l’incapacité d’exécuter des jugements prononcés par la justice au nom du roi, affirme notamment le bâtonnier, les jugements étant rendus au nom du roi et conformément à la loi. Le président de l’association nie, par ailleurs, défendre des intérêts corporatistes au nom de la profession et assure que l’action des avocats s’inscrit plutôt dans le cadre de leur souci pour l’intérêt national.

L’adoption de cet article, s’indignent les avocats, est «un mépris des décisions de justice». Ils auraient espéré que la missive qu’ils avaient adressée, plus tôt, aux parties concernées, ferait entendre raison gouvernement pour l’inciter à amender ou retirer cette disposition du PLF, comme il l’avait déjà fait auparavant. Il n’en a rien été. Cette affaire, estime l’Association des avocats, ne concerne pas uniquement ces derniers, mais touche également tous les justiciables, marocains et étrangers, ainsi que tout ceux qui se prévalent d’un Etat de droit et d’institutions et ceux qui militent pour l’indépendance de la justice et l’efficience du pouvoir judiciaire.

Bref, note le président de l’Association des barreaux du Maroc, au lieu de légiférer pour imposer la suprématie de la loi et le respect des jugements de la justice, le législateur vient d’adopter un texte législatif et procédural qui a pour but de privilégier une partie au détriment de l’autre devant la justice, en permettant au débiteur de se soustraire à un jugement exécutoire.

En effet, regrettent les représentants des avocats, l’article 9 consacre l'image inacceptable d’une administration publique qui survole la légitimité et la légalité, en refusant de se soumettre à la loi. Raison pour laquelle l’Association des barreaux du Maroc a, encore une fois, appelé les instances législatives à retirer cette disposition, au demeurant inacceptable. 

Par Amyne Asmlal
Le 20/11/2019 à 20h14

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Ils sont les premiers visés : le professionnel du metier de la politique doit comprendre qu'il y a un risque juridique s'il confond les deniers public et ses comptes personnels. Car l'Etat est en droit confisquer l'indus et de sanctionner les abus de charges publics. Soutenons l'article 9 et le ministre. Les communes en ont besoin.

Cette polémique est mal engagée. Il n'y a pas une seule législation au monde qui ne reconnaisse des privilèges exorbitants du droit commun à la puissance publique. Les magistrats qui pratiquent quotidiennement le droit savent par exemple qu'en matière de la répartition du produit de la faillite le Trésor public est préféré aux créanciers chirographaires, que le domaine publique de l'Etat qu'il soit maritime, forestier ou autre est insaisissable, qu'il y a des tribunaux administratifs et des tribunaux civils, qu'il y a un droit administratif et un droit civil, qu'un créancier privé ne peut pas retenir la chose de son débiteur jusqu'à remboursement de sa créance due alors que la Puissance publique peut le faire etc. Je ne vais pas citer toutes les particularités du droit administratif et du droit fiscal. Supposons que le créancier saisisse la caisse du commissariat et que la nuit alors qu'il est bien au chaud chez lui il soit attaqué par des truands ; que fera-t-il ? Il appellera la police. Si celle-ci n'a pas pu faire le plein parce qu'elle n'a pas d'argent, le chanceux créancier n'aura pas profité des fonds saisis et peut-être même de son intégrité corporelle. La même chose peut être dite des pompiers, des agents de la moqataa, du Mokadem, du technicien agricole, de l'infirmier, du médecin, des médicaments... Saisir les fonds allouer à une administration pour remplir sa mission au profit des citoyens n'est pas la solution, car en fin de compte ce sont ceux-ci qui pâtirons du l'opération. Ceci étant, il serait aberrant que les droits des individus soient corrompus au point de ne pas se faire payer de leurs créances, qu'elles qu'elles soient, parce que tout simplement leur débiteur est l'Etat où un de ses démembrements. La solution la plus élégante, me semble-t-il, consisterait à ouvrir un compte auprès des services du Premier ministre qui paiera toutes les sommes dues aux tiers après jugement définitif des tribunaux. L'ouverture de ce compte sera autorisée par une disposition permanente de la loi de finances et doté annuellement. Il peut en outre, éventuellement, recevoir les produits des sommes jugées définitivement au profit de l'Etat.

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