L’événement ne pouvait passer inaperçu. A la tête du PJD, Benkirane succède à El Othmani qui, lui-même, avait pris les rênes du parti en succession à Benkirane, lequel a succédé au poste de secrétaire général à... El Othmani. Voilà pour l'événement du week-end. Dans les détails, le parti islamiste a organisé un congrès extraordinaire, samedi, qui s’est soldé par l’élection de l’ancien patron du parti, Abdelilah Benkirane, à sa tête. Au-delà du retour du«zaïm», c’est la situation du parti qui laisse à désirer. Et de l’avis même de Benkirane, la situation du PJD est inquiétante. Lui-même se dit encore incapable d’assimiler l’étape que traverse sa formation après la débâcle électorale du 8 septembre, relève le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 1er novembre.
Pour le nouveau/ancien patron du parti, «la situation du PJD n’est pas du tout claire et les circonstances ont bien changé», écrit le quotidien. C’est d’ailleurs une réalité que Benkirane n’a pas manqué de rappeler clairement à ses frères, juste après son élection. «Les gens (du parti) s’imaginent peut-être que l’on peut reconstruire le passé et le parti et repartir à nouveau facilement», lance-t-il. Ce n’est pas le cas, et tout chef charismatique qu’il est, Benkirane, les 70 ans bien entamés, reconnaît devant ses frères qu’il n’est pas un champion, et encore moins un «Messi», le footballeur s’entend. Il affirme que, dans tous les cas, il ne pourra travailler seul et se fera certainement aider par des cadres du parti, vétérans comme nouveaux, dans cette nouvelle mission qu’il s’est donnée. A savoir reconstruire le PJD en gardant le même socle, soit le référentiel islamiste.
Benkirane, qui s’adressait aux congressistes depuis le salon de sa villa, sise quartier des Orangers, à Rabat, n’a pas manqué l’occasion de reparler, encore une fois, de la Monarchie dans des termes qui lui sont propres, évoquant ainsi «ceux d’en bas» et «ceux d’en haut», sans se montrer plus précis, poursuit Al Ahdath Al Maghribia. Le lendemain de son élection, le secrétaire général s’est adressé à nouveau à ses frères, cette fois par le canal du conseil national du parti. Là encore, il a évoqué la crise réelle et dangereuse par laquelle le parti est passé lors de ce qu’il appelle «le blocage» (de 2016), tout en assurant que le PJD a certainement fait primer l’intérêt de la nation à ce moment-là.
Tout en reconnaissant que son prédécesseur, Saad-Eddine El Othmani, a pu préserver l’unité du parti, il a affirmé que tout le monde était responsable, d’une manière ou d’une autre, de cette situation de crise que sa formation a certes pu traverser, mais non sans dégâts. Se mettant à nouveau dans la peau du sauveur, Benkirane a déclaré devant les siens que la situation que traverse le parti aujourd’hui est très grave: «J’ai senti qu’il avait besoin de moi et j’ai donc répondu présent». Tout en appelant ses frères à procéder à une véritable autocritique, il a assuré qu’après tout, en ce moment, les élections étaient finalement une question secondaire. L’urgence, dit-il, est à la réconciliation et à la reconstruction de l’organisation du parti.