Cela avait tout pour constituer une petite révolution dans le Code pénal. Elle se transforme en une énième polémique sur laquelle le ministre de la Justice cherche désormais à se justifier. L’annonce par Abdellatif Ouahbi de l’introduction, dans l’avant-projet de loi sur les peines alternatives, d’une disposition permettant à certains condamnés de racheter leurs peines quand celles-ci sont inférieures à 2 ans a attiré la foudre sur le ministre. D’aucuns l’accusent de chercher une porte de sortie pour les «ouled lefchouch» qui se retrouvent confrontés à la justice.
Dans son édition du vendredi 20 janvier, Assabah donne la parole à Abdellatif Ouahbi pour répondre aux critiques qui lui sont adressées à cet effet. Pour rappel, il avait annoncé il y a quelques jours l’introduction prochaine de la possibilité de racheter sa peine, quand celle-ci est inférieure à deux ans, en contrepartie du versement d’un montant compris entre 100 et 2000 dirhams par jour.
Le ministre a ainsi assuré dans les colonnes d’Assabah que tous ceux qui pensent que la nouvelle disposition est faite sur mesure pour permettre aux «ouled lefchouch» de se soustraire à la justice. Pour les personnes moins aisées, que certains estiment exclus d’office de la nouvelle disposition, la justice pourra, selon le ministre, prévoir une pénalité en fonction de leurs revenus. Dans certains cas, il serait même prévu de remplacer les peines de prison par des travaux au profit de la communauté.
C’est donc ainsi que le ministre répond aux détracteurs de son initiative. Il assure également que les protestations auront beau être virulentes contre lui, il restera déterminé à faire aboutir les projets qui profitent à toute la société. Il cite, à ce titre, l’exemple des jeunes de moins de 15 ans qui, d’après lui, se voient parfois contraints d’arrêter leurs études parce qu’ils ont été condamnés dans des affaires, à l’instar de celles liées aux violences dans les stades. En les faisant bénéficier des peines alternatives quand cela est mérité, c’est toute la société qui en profite.
Plus globalement, ajoute le quotidien, le ministre justifie l’initiative de son département par une volonté d’accompagner les mutations que connaît le monde en matière de droits et de libertés. Elle permet aussi de répondre à la problématique de la surpopulation dans les prisons, tout en permettant à la société de bénéficier des travaux que des condamnés pourraient faire au profit de la communauté au lieu de croupir en prison. Bien entendu, tout dépend de la gravité de leurs délits.
Un responsable du ministère de la Justice, également cité par Assabah, a abondé dans le même sens. Il a expliqué, en plus, qu’un condamné ne peut racheter sa peine de prison qu’une seule fois, démentant ainsi la possibilité pour des personnes aisées d’en bénéficier à chaque fois qu’ils commettent un délit. Il ajoute, toujours dans les colonnes du quotidien, que ceux qui critiquent le projet des peines alternatives le font par populisme.