Voici un livre, «Le Sahara occidental en dix questions», qu’on aurait tort d’ignorer, dont on peut sciemment penser que c’est un devoir d’en faire la promotion urbi et orbi et qui doit être traduit au plus vite en arabe, en anglais, et en d’autres langues aussi.
Car il s’agit non seulement d’un plaidoyer absolu pour la marocanité du Sahara, mais aussi d’un précis scientifique dont il faut saisir la vertu pédagogique du titre comme de la présentation didactique, qui facilitent notamment aux étrangers la compréhension de la cause nationale et l’accès à une information factuelle prodiguée par l’un des plus fins connaisseurs de l’Afrique, l’historien Bernard Lugan. Un précis d’une grande rigueur scientifique et d’une élégance pédagogique remarquable.
Dès le début, le ton est donné: le livre s’ouvre sur trois exergues royaux qui en résument d’emblée l’esprit, la teneur et l’envergure, celles de SM le Roi Mohammed V, de SM le Roi Hassan II et de SM le Roi Mohammed VI, illustrant ainsi la continuité du combat juste du Royaume pour son intégrité territoriale. S’ensuit une présentation de la genèse de l’amputation territoriale opérée au détriment du Royaume chérifien tout ou au long du 19ème siècle par les Français, pour s’approprier un vaste territoire annexé ensuite à un pays baptisé en 1839 du nom d’Algérie, qui continuera, bon an mal an, le projet colonial de la France; amputation dont le Maroc subit encore aujourd’hui les perversités sous la forme d’une fictive RASD et d’une inimitié effrénée de l’État algérien.
Le livre est articulé autour de 10 questions clés pour comprendre ou mieux se convaincre de la marocanité du Sahara, car les réponses exposées reposent toutes sur des faits, des archives, des citations et références de documents institutionnels; le tout accompagné par des cartes géographiques -15 en tout- qui visualisent parfaitement les aspects les plus saillants de l’histoire du Sahara marocain.
Le livre se ferme sur une chronologie qui court sur 54 dates, donnant à constater rapidement l’enracinement du Sahara marocain dans l’histoire attestée du Maroc depuis le règne de la dynastie des Almoravides (al-Mourabtīne) dont le début se fait à partir de cette région du Sud marocain, jusqu’aujourd’hui où une centaine d’États approuvent une solution d’autonomie sous souveraineté marocaine, que le Maroc place par ailleurs dans le cadre du plan de régionalisation avancée, en passant par toutes sortes de faits, d’actes, de traités et d’accords plus ou moins avoués, dont une convention secrète franco-britannique signée le 5 août 1890 reconnaissant que les frontières du Maroc s’étendent jusqu’à Nouadhibou.
Enfin, plusieurs appellations et positions de principes reposant sur des figures rhétorico-argumentatives tendancieuses sont déconstruites avec le pouvoir explicatif d’un académicien: l’exemple du recours à l’identité sahraouie pour s’efforcer de justifier le bien-fondé d’une fausse aspiration est particulièrement instructif.
Concluons par le commencement de ce livre incontournable, où Lugan, l’africaniste, écrit, d’emblée, dès la première page: «En 1956, le Maroc recouvra son indépendance, mais pas sa totale souveraineté territoriale. Le 2 mars et le 7 avril 1956, cette dernière ne fut en effet rétablie que sur les deux anciennes zones des Protectorats français et espagnol. Le Maroc fut alors placé face à une situation injustifiable juridiquement et intolérable historiquement. Il était en effet demandé à l’État marocain millénaire d’entériner la perte de ses provinces de l’Est (Touat, Saoura, Tidikelt, Gourara et région de Tindouf) et d’accepter leur rattachement à l’Algérie, État mis au Monde en 1962 par le colonisateur. Une Algérie qui, s’affirmant l’héritière de la France coloniale, refusa toute négociation territoriale avec le Maroc, violant ainsi ses propres engagements et reniant sa signature».
Présentation par Bernard Lugan de son livre «Le Sahara occidental en 10 questions», le mardi 7 mai à la faculté des Lettres et des Sciences humaines de Mohammedia, Université Hassan II de Casablanca. Amphithéâtre Fatima Al-Fihriya, à 15h00.