Le Maroc établit des relations diplomatiques avec Israël sans sacrifier les droits des Palestiniens

DR

Rabat et Tel-Aviv ont fini par établir des relations diplomatiques officielles étant donné les liens entre les deux pays et le contexte géopolitique. Le Royaume reste cependant constant dans ses positions au sujet de la question palestinienne.

Le 11/12/2020 à 08h32

Et voilà, c’est fait! Rabat et Tel-Aviv ont fini par établir des relations diplomatiques officielles. L’annonce a été faite par le président américain Donald Trump, dans la foulée de sa signature d’une «proclamation reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara» et confirmée dans la foulée par un communiqué du Cabinet royal.

Entre le Maroc et Israêl, c’est une longue histoire qui justifie amplement ce rapprochement désormais officiel. Mohammed V, n’est-il pas considéré comme «Juste parmi les Nations», pour sa résistance aux lois racistes du régime de Vichy, sauvant ainsi les juifs marocains des griffes nazies et de la Shoah?

Le défunt roi Hassan II n’a-t-il pas joué un rôle de médiation considérable dans le processus de paix au Proche-Orient auprès de plusieurs présidents américains, chefs de gouvernement israéliens et leaders palestiniens? N’a-t-il pas été aux premiers rangs lors de l’accord de paix de spetembre 1978, conclu à Camp David, entre le président égyptien Anouar El-Sadate et le Premier ministre isréalien Menahem Begin, sous la médiation du président américain Jimmy Carter?

Le respect dont témoigne Israël au Roi défunt est tel que l’on peut retrouver des timbres postaux à son effigie ainsi que des avenues et des places portant son nom, un peu partout dans le pays.

Le Maroc, par ailleurs, n’a jamais rompu les liens avec sa communauté juive. Et la constitution de 2011 consacre par son préambule la richesse et la diversité des composantes spirituelles et culturelles (y compris l’affluent hébraïque) qui forgent l’identité des Marocains.

Les Israéliens d’origine marocaine restent, de leur côté, attachés à leur pays et ne s’en cachent pas: leurs pèlerinages réguliers qui se tiennent à longueur d’années, dans plusieurs régions du Maroc, témoignent de toute la sécurité qu’ils ressentent au Maroc. Certains parmi eux occupent des postes de haut rang dans l’administration israélienne: pas moins de 10 ministres du gouvernement de Benyamin Netanyahu, installé en mai dernier, sont d’origine marocaine.

Dans un contexte géopolitique où l’Etat hébreu cherche à normaliser ses relations avec des pays arabo-musulmans, il n'est pas absurde que le Royaume franchisse le pas, tel que l’ont fait plusieurs autres pays. Cela ne remet nullement en cause, l’engagement du Maroc pour la défense de la cause palestinienne, si chère à tous les Marocains.

Dans le communiqué du cabinet royal annonçant cette décision historique, le souverain a tenu à évoquer «les positions constantes et équilibrées du Royaume du Maroc au sujet de la question palestinienne, soulignant que le Maroc soutient une solution fondée sur deux Etats vivant côte à côte dans la paix et la sécurité».

En sa qualité de Président du Comité Al-Qods, émanant de l'Organisation de la Coopération Islamique, le Roi Mohammed VI «a souligné la nécessité de préserver le statut spécial de cette ville. Le Souverain a également insisté sur le respect de la liberté de pratiquer les rites religieux pour les adeptes des trois religions monothéistes». Voilà qui met les choses au clair.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 11/12/2020 à 08h32