Le grand dilemme de Benkirane

Brahim Taougar - Le360

Selon la Constitution, le chef de gouvernement n’a que deux principaux choix devant lui : soit trouver un autre remplaçant à l’Istiqlal pour conforter sa majorité, soit convoquer, à défaut, des élections législatives, estiment des politologues et des constitutionnalistes.

Le 09/07/2013 à 16h22, mis à jour le 09/07/2013 à 21h40

La crise gouvernementale est montée d’un cran après que l’Istiqlal ait demandé lundi à ses six ministres de remettre au plus tôt au chef du gouvernement leur démission, provoquant une impasse politique sans précédent depuis 1999, date de l’intronisation du roi Mohammed VI, selon les observateurs. "Etant donné que le scénario lié à des élections anticipées est à écarter pour le moment, Benkirane, selon la Constitution, n’a d’autre choix que de trouver un autre allié et ce dernier ne pourrait être que le RNI", a déclaré à Le360 le politologue Mohamed Darif.

Mais, le second scénario est plein d’embûches. "Ce scénario va discréditer et le gouvernement et le PJD", d’après Mohamed Darif. "Le RNI avait été le nerf du G8, une alliance contre nature de plusieurs partis politiques qui s’étaient opposés au PJD avant les élections de 2011. En plus, "l’opinion publique, a-t-il estimé, ne va pas prendre au sérieux cette alliance provoquée". "Cette dernière risque d’avoir un impact même sur le PJD où des voix s’élèvent pour réclamer des élections anticipées", selon ce politologue. D’après ce dernier, l’aspect positif du retrait istiqlalien, c’est qu’il va permettre un rééquilibrage de l’opposition en se fixant des repaires nouveaux qui la rendraient plus forte".

En politique, tout est possible

Le numéro un de l’USFP, Driss Lachgar, un avocat de carrière, juge de son côté que l’Istiqlal va retrouver maintenant sa "place naturelle". "Notre conviction nous l’avons exprimée dès le début, l’alliance Istiqlal/le PJD était une chose anormale, mais l’histoire se répète dans ce contexte", a poursuivi Driss Lachgar en refusant de s’exprimer sur une possible entrée du RNI au gouvernement. "L’Istiqlal a le droit de partir du gouvernement mais il n’a pas tenu en compte la conjoncture nationale et internationale. Personnellement, cette position m’a perturbé sur les plans politique, de la raison et de la logique", a estimé pour sa part Drissi Alami Machichi, ancien ministre de la Justice et professeur universitaire.

A la question de savoir si le RNI de Salaheddine Mezouar peut intégrer la coalition, Drissi Alami Machichia indiqué qu’en "politique tout est possible". "Pour résoudre cette crise gouvernementale, Abdelilah Benkirane n’a qu’un seul et double choix : soit trouver un remplaçant de l’Istiqlal et dans ce cas de figure, c’est le RNI qui est le mieux placé soit il va aux urnes", a observé Mourad Bekkoura, avocat et politologue à Rabat. Les observateurs rappellent qu’au sein même du PJD, des voix se sont fait entendre récemment pour dire que "le PJD n’a pas peur d’aller aux élections anticipées". Le risque d’une convocation du Conseil national du PJD pour débattre de la participation des islamistes au pouvoir existe mais demeure très faible à ce stade, selon ces observateurs.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 09/07/2013 à 16h22, mis à jour le 09/07/2013 à 21h40