En début de cette semaine, le "New York Times" a publié un éditorial signé par son comité au sujet du Maroc. Dans cette tribune, la célèbre publication américaine se félicite des réformes entreprises par le royaume, depuis que le vent du Printemps arabe a commencé à souffler sur le monde arabe et de la manière avec laquelle le Maroc a su habilement négocier ce dangereux virage.
Seulement voilà: le NYT estime que le Maroc accuse une certaine hérésie en matière de Droits de l’Homme, et surtout pour ce qui concerne la liberté d’expression, et focalise sur le cas de Maâti Monjib, l’historien actuellement à sa deuxième semaine de (prétendue) grève de la faim et ci-devant président du Centre Ibn Rochd, liquidé en 2014 pour des raisons que le NYT ne maîtrise pas forcément. Pour nos confrères américains, une sorte de mise à jour s’impose vu que, par omission ou stress professionnel, ils ont oublié d’aller au fond des choses comme ils nous y avaient habitués avec ces enquêtes qui prennent une éternité pour des papiers de deux ou trois pages.
Follow the money!Maâti Monjib crée, fin des années 1990, le Centre Ibn Rochd. Une vraie vache à lait : le centre était une SARL et non une ONG comme le laissaient entendre Maâti Monjib et ses camarades. Mais pourquoi donc? Pour la simple raison de se soustraire à tout contrôle de l’Etat, via le Secrétariat général du gouvernement qui a pour obligation de vérifier le sort réservé aux financements étrangers qui atterrissent dans l’escarcelle des ONG nationales. La SARL Ibn Rochd avait comme seuls actionnaires l’historien et sa sœur! Les comptes bancaires de ce centre, eux, étaient dispatchés entre quatre personnes, toutes membres de la grande famille Monjib. Dans le lot, on retrouve des comptes sur carnet qui dégageaient des intérêts sur des périodes de six mois à un an. Mais passons. En 2014, quand la Cour des comptes, présidée par l’ancien premier ministre Driss Jettou, a déclaré vouloir s’intéresser aux subventions des ONG nationales, le Centre Ibn Rochd a été tout simplement dissous par son fondateur et ses biens (sonnants et trébuchants) transférés sur les comptes de la famille : la femme et la sœur de Monjib. Selon des sources de Le360, il ne s’agit pas de quelques misérables milliers de dirhams, mais bien de millions. Oui, vous avez bien lu : «Plusieurs millions de dirhams» ! Après, on retrouve encore ceux qui se lamentent sur le sort de quelqu’un qui engrange des millions en payant des miettes (le SMIG ou moins) à des collaborateurs sous prétexte qu’ils ne font que s’acquitter d’un noble acte de militantisme. Les journalistes du NYT feraient mieux d’aller s’attabler dans n’importe quel café de Benslimane et se renseigner auprès de Monsieur tout le monde!
Du mépris des loisSpécialiste fort en thèse quand il s’agit de (re) écrire l’histoire, Maâti Monjib semble avoir horreur de la vérité. Quand il a été convoqué par la police, qui agit sous la supervision du Parquet (présidé par son ami Mustapha Ramid, ministre PJD de la Justice), il a refusé de se prononcer sur les financements provenant de l’étranger. A la place, il a préféré enclencher une grève de la faim avec force mises en scène : dans le genre arriver en ambulance au siège de la BNPJ, puis «chevaucher» un fauteuil roulant pour y accéder et, depuis, motus et bouche cousue! L’objectif était de s’attirer la sympathie de l’opinion publique nationale et internationale. Et, ainsi, induire tout le monde en erreur. Cela s’appelle le mépris de la loi et de la vérité car, s’il n’avait réellement rien à se reprocher, il aurait tout avoué à la police judiciaire et, encore une fois, on parle de millions de dirhams. Cerise sur le gâteau : Maâti Monjib et ses camarades disent à ceux qui veulent bien les croire, dont malheureusement le NYT, qu’il est diabétique et qu’il risquerait de ce fait de passer l’arme à gauche s’il continuait sa grève. Or, un étudiant en première année de médecine, voire un diabétique analphabète, vous dira qu’un diabétique devient un cadavre froid au bout du troisième jour d’une grève de la faim ! Comment Maâti Monjib a pu tenir près de deux semaines ? Mystère et boule de... saccharine !
Le gourou et les suiveursDans l’éditorial du NYT, on retrouve autre chose d’aussi horripilant. Les «personnes ressources» et autres prétendues victimes du régime sont toutes connues pour leurs démêlés avec la justice. L’Association des droits numériques (ADN) n’est pas reconnue par les autorités, de même que l’AMJI (Association marocaine du journalisme d’investigation). Idem pour Hicham Mansouri, collaborateur du Centre Ibn Rochd, condamné pour adultère en vertu de la loi marocaine pour avoir séduit une femme mariée et dont le mari floué, un gradé de l’armée, a décidé de ne pas laisser tomber sa plainte. Hicham Mansouri est un fonctionnaire de l'Education nationale à Errachidia qui a préféré remettre plus de certificats médicaux à son administration que de cours aux élèves. Sans parler des autres: Samad Ayyach et Karima Nadir. Le point commun entre toutes ces personnes est qu’elles picoraient (des miettes) dans la main de Maâti Monjib. Et il y a pire: tous ces individus n’ont jamais fait réellement partie de la corporation des journalistes ou assimilés. Pour y voir plus clair, le NYT aurait pu solliciter dans ce sens les services du département de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, pour savoir si au moins l’un d’entre eux disposait d’une carte de presse. Hélas! La publication américaine de renom ne l’a pas fait et ressasse les mêmes clichés, servis par les mêmes «sources» qui ont induit en erreur plusieurs autres publications et ONG. Dans le cas qui nous concerne, la vérité est ailleurs: dans les comptes de Maâti Monjib et sa famille. Et son obstination à refuser de répondre aux questions des enquêteurs. Mais il a au moins ce mérite de ne pas avoir crié sur tous les toits qu’il aurait été torturé comme l’a fait Ali Aarass, un usurpateur qui boxe dans une autre catégorie…