Invité par son homologue allemand à une réunion berlinoise sur la Libye, Nasser Bourita décide de rester à Bouznika

Nasser Bourita ouvre à Bouznika, le 6 septembre 2020, le premier dialogue parlementaire inter-libyen.

Nasser Bourita ouvre à Bouznika, le 6 septembre 2020, le premier dialogue parlementaire inter-libyen. . Le360

L'Allemagne tente de se rattraper, après avoir écarté le Maroc de la conférence de Berlin sur la Libye, en janvier 2020. Le chef de la diplomatie allemande a invité son homologue marocain à une réunion sur la Libye. Nasser Bourita a décliné, préférant ne pas interrompre la dynamique de Bouznika.

Le 05/10/2020 à 16h19

Des sources bien informées concordent à indiquer que Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a été approché par son homologue allemand pour prendre part, via une séance organisée via visioconférence, à une réunion sur la Libye, dans le sillage de la conférence de Berlin, qui avait eu lieu voici huit mois, et qui se tient ce lundi 5 octobre à l’ONU en marge des travaux de la 75e Assemblée générale. 

La République Fédérale d'Allemagne admet ainsi implicitement avoir commis une erreur en écartant le Royaume du Maroc de cette conférence de Berlin sur la crise libyenne, en janvier 2020. Après les avancées significatives des deux rounds de pourparler inter-libyens, Bouznika I et II, aujourd’hui, le pays dirigé par Angela Merkel semble regretter le fait et reconnaît cette erreur, sans toutefois la dire nommément. 

«Cette invitation sonne comme une reconnaissance explicite du rôle crucial que le Maroc a joué –et continue de jouer– sur l’épineux dossier libyen. Une reconnaissance par ces pays mêmes qui avaient choisi, pour des raisons encore inexpliquées à ce jour, d’écarter indûment le Maroc de la 1ère conférence de Berlin de janvier dernier», expliquent les sources contactées par Le360.

Cette première erreur de jugement ayant été admise par l’Allemagne, ce pays vient d'en commettre une autre, en décidant d'inviter le Maroc à tourner la page, en toute simplicité.

«Croient-ils qu’on tourne aussi vite une page aussi sombre? Pensent-ils que le Maroc sauterait sur "l’occasion" qu’ils croient lui offrir aujourd’hui? Si oui, voici qu'ils commettent une autre erreur de jugement», soulignent ces sources. 

Dans les faits, en effet cette invitation intervient comme une tentative d’intrusion par effraction, à un moment où se tient à Bouznika une nouvelle session du dialogue inter-libyen. Après les avancées significatives que les protagonistes libyens ont réalisées à Bouznika, il y a quelques semaines, ceux-ci sont revenus en force cette semaine encore, pour continuer leurs pourparlers, sur la même dynamique.

De fait, la réaction du chef de la diplomatie marocaine a retenu cette logique dans la réponse qu'il a faite à son homologue allemand. En effet, le département que dirige Nasser Bourita s’est refusé à émettre tout commentaire sur cette invitation officiellement formulée. 

Les sources contactées par Le360 indiquent que Nasser Bourita sera mobilisé, en ce lundi 5 octobre 2020, aux côtés des protagonistes libyens à Bouznika, pour des discussions concrètes, pratiques et opérationnelles.

Néanmoins, la diplomatie marocaine, fidèle à sa doctrine consistant à laisser de côté la politique de la chaise vide, sera tout de même de la partie à cette visioconférence de l’ONU. 

Nasser Bourita n’y prendra pas personnellement part, mais s’y fera représenter «au niveau approprié», explique-t-on, d’autant que la participation marocaine aura pour objet d'observer et de suivre le débat, et non pas d'y prendre part activement.

Sur le dossier libyen comme sur d’autres questions d’ordre régional, continental ou international, le Maroc tient à son autonomie d’action, et c’est précisément celle-ci qui fait que les protagonistes libyens, qui ont décliné bien des invitations avant, sont venus à Bouznika, et y restent. C’est que nulle part ailleurs, ils n’avaient trouvé les conditions de respect, de non-ingérence et de soutien pour aller de l’avant dans un dialogue serein et plus que jamais prometteur.

Pour la Libye, comme pour le Maroc, c’est là un acquis bien trop précieux pour être sacrifié sur l’autel d’un débat théorique et ronronnant, qui se tient à des milliers de kilomètres de la région.

Par ailleurs, Le360 a pu se procurer la lettre d'invitation adressée à Nasser Bourita par le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Nous la reproduisons ci-dessous.

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Par Mohammed Boudarham
Le 05/10/2020 à 16h19