Le politologue et professeur de droit international à l’Université Mohammed V de Rabat, Tajeddine El Housseini, exhorte les dirigeants algériens à ne pas manquer l’opportunité ouverte une nouvelle fois par le roi Mohammed VI dans son discours du Trône du 29 juillet 2025. «L’Algérie n’a pas intérêt à s’isoler davantage sur le plan international», prévient-il, en soulignant l’ampleur du soutien que rencontre aujourd’hui le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine.
Selon lui, ce projet bénéficie de l’appui affirmé de plus de 120 États, dont une majorité de pays africains. «La géopolitique régionale évolue vers plus de paix, de progrès et de stabilité», insiste-t-il, estimant que la posture rigide d’Alger risque de devenir un fardeau. Le Roi du Maroc, dans un esprit d’ouverture, a appelé à un dialogue sincère avec l’Algérie, défendant une solution «sans vainqueur ni vaincu» au différend artificiel autour du Sahara. Il a également salué l’adhésion croissante de la communauté internationale à la proposition marocaine, qualifiée de «seule et unique solution réaliste».
Tajeddine El Housseini insiste sur le fait que cette nouvelle main tendue «ne découle pas d’une position de faiblesse, mais intervient à un moment où le Maroc a enregistré des avancées diplomatiques considérables en matière d’intégrité territoriale». Il rappelle que plusieurs grandes puissances — dont le Royaume-Uni et le Portugal récemment — ont exprimé un soutien fort à l’initiative d’autonomie. Le politologue a souligné que trois membres permanents du Conseil de sécurité, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, soutiennent clairement cette orientation.
Plus encore, observe le professeur, «les États-Unis jouent le rôle de “porte-plume” dans la rédaction des résolutions onusiennes relatives à la question du Sahara». Une réalité diplomatique que l’Algérie ne peut plus ignorer, sauf à se condamner à un isolement stratégique croissant. «Le régime d’Alger devrait percevoir cette dynamique comme une opportunité de sortir de l’impasse et de briser l’enfermement dans lequel il s’est placé», recommande le politologue.
Il estime par ailleurs que les grandes puissances reconfigurent actuellement leurs priorités géopolitiques, avec une attention croissante portée à l’Afrique et au Maghreb. Dans ce contexte, dit-il, «le discours royal apparaît comme une tentative de permettre à Alger de sauver la face, pour éviter une marginalisation complète». Les relations internationales, observe-t-il encore, «sont aujourd’hui semblables à des dunes mouvantes: elles évoluent rapidement, et leurs effets ne se manifestent qu’avec le temps».
Le professeur rappelle que le Maroc a proposé l’initiative d’autonomie dès 2007, et regrette qu’Alger «soit resté figé dans une logique de guerre froide et de solutions périmées». Or, affirme-t-il, «la politique n’est pas affaire de postures figées; elle se construit dans le mouvement, dans l’adaptation. Si les États-Unis exercent une pression accrue dans la région, le régime algérien devra choisir: s’intégrer au processus ou affronter un isolement diplomatique durable».
À l’heure où les lignes bougent dans les grandes capitales, et se déplacent vers une reconnaissance quasi unanime du plan d’autonomie, le refus algérien d’évoluer pourrait s’apparenter à un saut dans le vide. L’histoire récente offre parfois une dernière porte de sortie: encore faut-il vouloir l’ouvrir.












