Un autre round de négociations et une nouvelle «déception» pour les centrales syndicales les plus représentatives du secteur de l’éducation nationale. Le ministre de l’Education nationale, du préscolaire et des sports, Chakib Benmoussa et les membres de la commission technique chargée de l’élaboration d’un nouveau statut du personnel du ministère ont tenu, vendredi 28 octobre 2022, une réunion avec les représentants des syndicats dans l'objectif de «dépasser le blocage marquant le dialogue social sectoriel» et «parvenir à un accord sur les différents points en suspens».
Cette réunion a été marquée par des «discordances majeures» qui persistent entre le ministère et ses partenaires sociaux. «On s’attendait à ce que le ministère vienne avec une nouvelle proposition et qu’il manifeste plus de volonté politique pour dépasser ce blocage. Malheureusement, ce n’était pas le cas, et maintenant nous sommes dans l’impasse», a déclaré Abdellah Ghmimat, nouveau secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), pour Le360.
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La revalorisation générale des salaires des fonctionnaires du ministère, le dossier des enseignants dits «contractuels» ainsi que l’accélération de la cadence des consultations sur l’élaboration du statut général et unifié du personnel du département que dirige Chakib Benmoussa, sont les principaux points contestés dans les négociations entre les parties prenantes, détaille le secrétaire général de la FNE.
Les syndicalistes tiennent par ailleurs à souligner que d’autres dossiers sont encore en suspens. Ils concernent plusieurs catégories du capital humain du ministère. Il s’agit, par exemple, de la création d’un grade «hors échelle» pour les catégories du personnel à avancement limité. «Cette mesure concerne 155.000 enseignants du primaire, 68.000 enseignants du secondaire et 5.000 attachés pédagogiques et administratifs», énonce Younes Firachine, contacté par Le360.
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La promotion des instituteurs de l’enseignement primaire, dits «victimes des statuts particuliers de 1985 et 2003», recrutés à l’échelle 7 et 8, figure aussi parmi ces points, tout comme le changement du statut des enseignants du ministère titulaires d’un doctorat et des conseillers d’orientation.
Les premiers «doivent profiter des mêmes avantages que les enseignants-chercheurs tout en exerçant dans les cycles primaire, secondaire et au lycée», explique Abdellah Ghmimat, pour lequel «cela sera indispensable pour l’école publique car l’apport qualitatif de cette catégorie est indiscutable». Les seconds «doivent bénéficier du même statut et des mêmes indemnités que les inspecteurs pédagogiques», poursuit-il.
Selon les syndicalistes, «une partie de ces dossiers ne coûtera rien au budget du gouvernement». Leurs mise en place nécessite «une décision politique», précise le secrétaire général de la FNE. En revanche, l’ensemble des points mis sur la table du ministère nécessiteront une enveloppe globale de 4 milliards de dirhams, confie ce syndicaliste.
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«Le coût du traitement de l’ensemble des dossiers en suspens est estimé à 4 milliards de dirhams, alors que le ministère a mis sur la table des négociations seulement 1,7 milliard de dirhams», explique aussi Ghmimat, qui précise que ce traitement «est insuffisant» pour «motiver» les ressources humaines du ministère et les «faire adhérer» à la réforme globale du secteur de l’Education nationale.
A défaut d’une entente sur ces dossiers, les centrales syndicales les plus représentatives de l’éducation nationale s’apprêtent déjà à enclencher un énième round de «protestations», apprend-on du secrétaire général de la FNE, mais aussi d’un communiqué du collectif des cinq syndicats, publié à la suite de leur réunion avec les représentants du ministère.
«Nous restons ouverts au dialogue avec le ministre et les membres de la commission technique», a indiqué Abdellah Ghmimat. «Au cas où le gouvernement opte pour la politique de l’autruche et ne répond pas positivement à nos revendications, nous organiseront des actions de contestations».
Conclusion: un nouveau mouvement de grève générale peut encore être lancé et concerner l'ensemble des fonctionnaires de l’éducation nationale. Pourtant, cette option semblait s'éloigner, après la résolution partielle du problème que posaient les enseignants-cadres des Académies régionales de l’éducation et de formation.