Drame d’Imlil: les secrets du plan sanglant de la cellule Chamharouch

Un des suspects du double meurtre d’Imlil à son arrivée au tribunal.

Un des suspects du double meurtre d’Imlil à son arrivée au tribunal. . DR

Revue de presseKiosque360. La Cour d’appel de Rabat a achevé l’interrogatoire de l’ensemble des accusés poursuivis dans le cadre du double assassinat d’Imlil. Les révélations ont été fracassantes. Les détails d’un plan sanglant avorté avec l’arrestation de tous les membres de la cellule Chamharouch.

Le 21/06/2019 à 20h52

La cinquième audience du procès du meurtre des deux touristes scandinaves dans la région de Marrakech, en décembre dernier, s’est déroulée jeudi à l’annexe de la Cour d’appel chargée des affaires du terrorisme à Salé, par l’interrogatoire de l’ensemble des vingt-quatre accusés poursuivis dans le cadre de cette affaire.

Selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui se penche sur ce sujet dans son édition du week-end des 22 et 23 juin, les révélations des accusés auditionnés jeudi ont été on ne peut plus glaçantes. Hamid Ait Ahmed, l’un des principaux accusés, a avoué devant la Cour que le cerveau de la bande (El Joud) l’avait entretenu d’un certain dénommé El Adnani, porte-parole de l’organisation terroriste «Daech». Ce dernier, ajoute froidement l’accusé, leur avait conseillé de passer à l’acte au Maroc, en planifiant des attentats terroristes au cas où ils ne parviendraient pas à rejoindre Daech sur le terrain.

A ce propos, a encore révélé l’accusé, il a été imprégné via El Joud, son gendre, de l’idéologie de Daech et de ses visées terroristes. A une question de la Cour au sujet d’une demande que lui avait adressée El Joud pour confectionner une bombe artisanale (modèle afghan), l’accusé Hamid Ait Ahmed, électricien de son état, a affirmé qu’il avait fait une expérience qui n’a pas été concluante.

Après cet échange entre les deux hommes, a-t-il précisé, El Joud lui a révélé un autre projet de fabrication de bombe en empoisonnant les voitures. En fait, poursuit le quotidien, les accusés, qui ont révélé les détails de leur plan sanglant, tentaient dans certains cas d’esquisser les questions de la Cour avant d’être recadrés par le président de la Cour et le représentant du parquet qui les confrontaient à leurs déclarations devant le juge d’instruction qui avait instruit cette affaire.

Cette audience a aussi été marquée par l’interrogatoire du ressortissant suisse Kevin Zoller Guervos, qui était assisté par son avocat et un traducteur assermenté. Il a affirmé que dès son arrivée au Maroc, il a rencontré le dénommé Mohamed Oussaleh qui l’a introduit dans le réseau d’El Joud et des autres. Les liens se sont tissés et des rencontres se sont multipliées autour des sujets liés à l’extrémisme et au terrorisme.

Dans ce cadre, un projet d’assaut des barrages de contrôle de sécurité en vue de s’emparer des armes était sur leur agenda. Au sujet de la vidéo enregistrant le meurtre, découverte sur son mobile par la police scientifique, le ressortissant suisse Kevin Zoller Guervos a fait savoir que la source n’était autre que sa femme, à laquelle il s’est marié par l’intermédiaire de Mohamed Ousaleh. De même, il a avoué avoir transféré la même vidéo et les photos des auteurs du crime à un autre ressortissant suisse installé à Temara. Lors de cette même audience, la Cour a rejeté la requête de la défense de la partie civile de convoquer le ministre d’Etat chargé des Droits de l’homme, Mustapha Ramid et le cheikh salafiste Mohamed Maghraoui. Le procès a d’ailleurs été ajourné au jeudi 27 juin prochain.

Cette cinquième audience s’est déroulée en présence de l’ensemble des vingt-quatre accusés dans cette affaire, leur défense, des traducteurs assermentés et les avocats de la partie civile. Vingt-quatre accusés sont poursuivis dans le cadre de cette affaire, dont un ressortissant suisse de nationalité espagnole et deux imams, pour constitution d’une bande en vue de préparer et commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à la sûreté de l’Etat, aide préméditée à des auteurs d’actes terroristes, entraînement de personnes en vue de rejoindre une organisation terroriste et apologie du terrorisme. Les victimes, Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, campaient dans la localité d’Imlil avant une randonnée en montagne. 

Par Mohamed Younsi
Le 21/06/2019 à 20h52