Le 22 janvier au soir, la LADDH a fait une annonce de taille qui aurait dû, normalement, provoquer un véritable tollé dans les rangs des défenseurs des droits de l’Homme au sein du Parlement européen et provoquer une véritable «résolution d’urgence».
La Ligue de défense des droits de l’Homme en Algérie, fondée en 1985, a en effet annoncé avoir été dissoute par les autorités algériennes. Mais pas de n’importe quelle façon, car c’est à son insu et lors d’un procès tenu en son absence que les autorités du pays ont scellé le sort de l’organisation. C’est ainsi via un document anonyme publié sur les réseaux sociaux que la LADDH a appris sa dissolution par une décision de justice, explique l’organisation droit-de-l’hommiste dans un communiqué publié dimanche.
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Vu du Maroc, qui vient de faire l’objet d’une résolution «d’urgence» le 19 janvier, portant sur les atteintes aux droits humains sur son sol et sur le non-respect de la liberté de la presse, l’heure est aux interrogations, mais aussi à l’indignation à plus forte raison.
Car en plus de faire preuve d’ingérence dans des processus judiciaires en cours, ce qui en soit est en contradiction avec les principes des droits de l'Homme et porte atteinte à la souveraineté judiciaire du Maroc, les eurodéputés –en observant un silence absolu face à cette atteinte aux droits de l’Homme par le régime algérien– viennent d’apporter la preuve flagrante, à ceux qui en doutaient encore, de leur partialité et de leur hypocrisie sur les questions touchant au Maroc.
La dissolution de la principale –et la seule– organisation algérienne de défense des droits de l’Homme n’a à contrario suscité aucune réaction dans les rangs des eurodéputés, alors même que la LADDH a qualifié ces faits de «révoltants», a dénoncé un «acharnement continu» mené à son encontre par les autorités du pays, preuve en est que le non-respect des droits de l’Homme en Algérie ne date pas d’hier.
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La question qui se pose, c’est comment ces chers eurodéputés auraient réagi si le Maroc avait décidé de dissoudre l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), en agissant de surcroît sournoisement comme viennent d’en faire la démonstration les autorités algériennes? La réponse est si évidente que la chose en devient risible.
L’institution européenne, si toutefois celle-ci tient encore un tant soit peu à sa crédibilité, ne saurait observer ce silence complice plus longtemps, alors même que la LADDH explique payer le prix fort de «son engagement pour la démocratie, les libertés et les droits humains» et se voit reprocher par la justice algérienne de «travailler sur la question des droits de l'Homme avec d'autres instances et organisations internationalement reconnues (...) de militer pour les droits des migrants, pour les droits des travailleurs».
Quant au timing choisi par les autorités algériennes pour procéder à cette dissolution, soit trois jours à peine après l’adoption de la résolution critique à l’encontre du Maroc au sein de l’hémicycle, celui-ci en dit très long sur l’impunité dont sont conscientes de jouir les autorités de ce pays au sein du Parlement européen.
En flinguant la seule organisation des droits de l’Homme encore crédible en Algérie, la junte, dont le chef de file Saïd Chengriha est reçu ce lundi avec les honneurs en France dans le cadre d’une «visite officielle», a muselé définitivement la dernière voix qui n’est pas en accord avec le narratif du régime d’Alger. Désormais, les pires exactions peuvent être commises en Algérie avec l’assurance qu’il n’existe plus de voix à l’intérieur pour les dénoncer. A l’extérieur, on préfère stigmatiser le Maroc où la situation des droits de l’Homme apparaît comme un paradis comparée à celle de cette vaste prison nommée Algérie.