Même dans les pays les plus avancés, les parlementaires et les ministres ne sont pas à l’abri de poursuites judiciaires quand ils sont soupçonnés de corruption. Le Maroc ne fait pas exception à cette règle. C’est ce que nous avons pu constater dernièrement. C’est aussi le constat relevé dans l’édito du site d’information Anfaspress, adossé au magazine Al Watan Al Ane, mis en ligne ce vendredi 19 juillet.
Selon un simple calcul, note l’éditorialiste, 12% des parlementaires sont actuellement poursuivis en justice ou mis en détention préventive pour corruption. Si l’on compte aussi les élus des collectivités territoriales, le pourcentage de personnes corrompues qui ont été révoquées, placées en détention ou poursuivies grimpe à environ 20 %. Soit un élu sur cinq. «C’est un crime contre le Maroc et contre les Marocains, car sur 100 élus locaux, 20 sont corrompus ou impliqués dans des affaires judiciaires», souligne l’éditorialiste.
On en convient tous, poursuit l’éditorialiste, cette situation est inacceptable, tant sur le plan religieux qu’éthique. D’autant plus que «cette situation ralentit considérablement le fonctionnement de la justice. L’augmentation spectaculaire, ces derniers temps, du renvoi d’élus corrompus devant les tribunaux contribue à alourdir le système judiciaire qui, en raison d’insuffisance des effectifs, croule déjà sous le poids de l’accumulation des dossiers ordinaires», relève l’éditorialiste. Les tribunaux, ajoute-t-il, sont ainsi «occupés à traiter les dossiers de corruption des élus, au détriment du cours normal de la justice».
«L’État a-t-il mobilisé des moyens suffisants pour endiguer ce fléau? Les partis enquêtent-ils minutieusement avant d’accréditer leurs candidats aux élections? Font-ils le travail de filtrage nécessaire pour empêcher des personnes corrompues d’accéder à certains postes?», s’interroge l’éditorialiste.
A quelques semaines du recensement général de la population, l’éditorialiste suggère «d’ajouter une case au questionnaire afin d’évaluer le nombre de personnes corrompues dans les partis et les organisations élues et leur répartition en fonction de leur tranche d’âge pour éradiquer le fléau au moindre coût».
Pointant une autre problématique, l’éditorialiste se demande si, dans la situation actuelle, notre démocratie a besoin d’un nombre aussi pléthorique d’élus. En effet, si l’on additionne le nombre d’élus dans les institutions représentatives au Maroc (collectivités territoriales, Parlement et chambres professionnelles), on compte 25.000 élus locaux, parlementaires et professionnels.
En d’autres termes, note-t-il, «au Maroc, nous avons une surabondance d’élus, sans rapport avec le degré de démocratisation du pays». D’après ce chiffre, on compte un élu pour 1.330 citoyens, une proportion bien supérieure au nombre de médecins ou d’ingénieurs rapporté à la population totale du pays.