L’ambassadeur de l’Uruguay auprès des Nations unies, Ebio Rosselli, était visiblement «déçu» après une réunion houleuse tenue par le Conseil de sécurité, hier jeudi à huis clos. A la question de savoir s’il était «satisfait» au terme de cette réunion, le représentant de l’Uruguay, dont l'hostilité à l'intégrité territoriale du royaume n'est pas à démontrer, a eu cette réponse révélatrice: «Je ne suis pas satisfait».
Une réaction qui résume l’état de cafouillage dans lequel se trouve le front hostile au Maroc, mais qui est de plus en plus minoritaire au sein du Conseil de sécurité, dont la majeure partie se range aux côtés du royaume dans la crise provoquée par le SG de l’ONU, Ban Ki-moon.
Selon les informations qui ont «fuité» de la réunion du Conseil de sécurité, et dont Le360 a eu des échos, les Etats-Unis, après avoir pris note des «remarques» du secrétaire général-adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsus, sur la question du Sahara, ont une nouvelle fois exprimé leur soutien «au plan d’autonomie marocain en tant qu’approche susceptible de répondre aux aspirations de la population du Sahara occidental».
Un soutien qui va dans le sens des «assurances» exprimées dernièrement au roi Mohammed VI par le secrétaire d’Etat John Kerry et renouvelées, pas plus tard qu’hier à Manama (Bahreïn), à l’issue de la réunion préparatoire du sommet Etats-Unis-Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Un soutien de poids, auquel il faut désormais combiner celui d’un autre poids lourd du Conseil de sécurité, en l’occurrence la République fédérale de Russie, avec en prime une prise de position claire contre les derniers dérapages du SG de l’ONU. Selon les sources de Le360, le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies a tenu, lors de la réunion d’hier jeudi, à recadrer Ban Ki-moon, précisant que «le SG de l’ONU ne doit pas être une partie du problème, mais plutôt dispenser des conseils et des recommandations au Conseil de sécurité».
Sur la même lancée, et tout au long de la réunion, les représentants de l’Europe (Espagne), de l’Afrique (Sénégal) et du monde arabe (Egypte), ont pris la parole tour à tour pour appuyer le Maroc face au SG de l’ONU, à l’origine de la crise pour avoir, entre autres dérapages tout aussi graves les uns que les autres, qualifié d’«occupation» la présence du Maroc au Sahara.
Minurso: quand le SG de l’ONU change de ton
Intervenant devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général-adjoint aux opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsus, en réponse à une question des représentants de l’Uruguay et du Venezuela sur le sort de la Minurso, a assuré que la mission de l’ONU au Sahara «est toujours opérationnelle malgré le départ de sa composante civile», regrettant (seulement) que cette «mission ne puisse remplir son rôle pleinement».
Cette "assurance" tranche clairement avec les précédentes déclarations du Secrétariat général de l’ONU, via ses porte-parole (Stéphane Dujarric et Farhan Khan), mettant en garde contre le risque de la "fin" du mandat de la Minurso, après les mesures de rétorsion prises par les autorités marocaines (réduction de la composante civile de la Minurso, fermeture du bureau de liaison de la même mission à Dakhla, expulsion de trois casques bleus), et l’annulation de l’aide financière consentie par le Maroc (30 millions de dirhams annuellement).
Tout bien considéré, le secrétariat général de l’ONU semble de plus en plus réaliser l’ampleur de ses dérives et opter pour l’apaisement avec les autorités marocaines. Un changement d'attitude dû à la fermeté du Maroc mais aussi à la pression de plus en plus accentuée du Conseil de sécurité sur le SG de l’ONU, Ban Ki-moon, aujourd’hui dans une situation non enviable avec tous ses lieutenants.
Aux dernières nouvelles, la présentation du Rapport annuel du SG de l’ONU, Ban Ki-moon, devant le Conseil de sécurité, a été reportée à «une dizaine de jours». Un report décidé par le Conseil de sécurité et qui résonne comme une crise de "confiance" entre le même Conseil et le SG de l'ONU, aujourd'hui plus que jamais isolé pour sa perte de crédibilité.