Charte de la majorité: la grande illusion

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Revue de presseKiosque360. La crise qui secoue, depuis sa formation, la coalition gouvernementale, sera-t-elle dissipée par la signature de la charte de la majorité? Rien n’est moins sûr, eu égard au contexte politique chargé de tensions. Éclairage.

Le 19/02/2018 à 19h35

La signature d’une charte de la majorité permettra-t-elle aux leaders des six partis politiques composant la coalition gouvernementale, à savoir le Parti de la justice et du développement (PJD), le Rassemblement national des indépendants (RNI), l’Union socialiste des forces populaires (USFP), le Mouvement populaire (MP), l’Union constitutionnelle (UC) et le parti du progrès et du socialisme (PPS), de mettre un terme aux tensions provoquées par les déclarations de l’ancien secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, et aux désaccords autour de certains projets de réforme, notamment celui de la retraite des parlementaires? Car, affirme le quotidien Al Ahdath dans son édition de ce mardi 20 février, certaines voix soulignent que cette «charte de la majorité» «ne saurait être une baguette magique de nature à dissiper toutes les crises qui secouent la coalition gouvernementale depuis sa mise en place en avril 2017».

Said Ameskane, membre du bureau politique du MP, avait d'ailleurs noté, dans une précédente déclaration au quotidien, que ce document ne serait d'aucune utilité dans un contexte émaillé de tiraillements entre les composantes de la majorité. La dernière discorde, précise le leader haraki, autour du projet de réforme de la retraite des parlementaires, montre qu’«il est extrêmement difficile de contenir des différends politiques par la signature d’un document, allusion faite à la charte de la majorité».

Un autre leader de la majorité, dont le nom n’a pas été révélé par Al Ahdath, précise que «ce document n’est qu’un engagement moral», ce qui laisse entendre qu’il n’a aucune valeur juridique. Une opinion partagée par Mohamed Lokmani, membre du bureau politique du Parti authenticité et modernité (PAM). En effet, ce leader du parti du Tracteur relève qu’aucun article de la Constitution ne parle de «charte de la majorité», précisant que, dans ce cadre, le gouvernement agit en tant qu’institution constitutionnelle autonome. Et d’ajouter qu’il serait plus judicieux de parler de «majorité parlementaire soutenant un gouvernement».

Par ailleurs, le chercheur et politologue Driss Benyakoub indique qu’il faut former une majorité parlementaire sur la base d’une charte ou d’un contrat de nature politique, dans la perspective d'appliquer le principe de reddition des comptes devant l’opinion publique, notamment les électeurs. Et de faire remarquer que, dans le contexte politique marocain, il subsiste un amalgame entre alliance politique et coalition gouvernementale.

Par Mohamed Younsi
Le 19/02/2018 à 19h35