Ce que l’ambassadeur de France au Maroc ne dit pas

Christophe Lecourtier, Ambassadeur de France au Maroc. DR

Revue de presseLa diplomatie du gaz permet à la France d’empocher des milliards de dollars en signant des contrats d’armement avec la junte militaire algérienne en contrepartie d’un gel de ses relations avec le Maroc. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 06/02/2023 à 22h05

Les propos du nouvel ambassadeur français au Maroc, Christophe Lecourtier, sur l’adoption du parlement européen d’une résolution sur les droits de l’Homme et la liberté de la presse comme n’engageant aucunement la France, sonnent faux. Il ne s’agit que d’un simple décorum diplomatique que démentent les faits concrets sur le terrain. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son éditorial daté du mardi 7 février, que la vérité qui ne peut être masquée par ces belles paroles diplomatiques a été révélée par le journal The Economist indiquant que la France lâche le Maroc au profit de l’Algérie ou plutôt au profit du gaz algérien.

Il suffit de voir le nombre des visites officielles échangées entre les responsables des deux pays pour comprendre que la France s’est rangée du côté de la junte militaire aux dépens de nos intérêts supérieurs (visite de Macron et de Borne à Alger et du chef d’état-majeur Saïd Chengriha à Paris). Le président français est arrivé à Alger en août 2022 pour rassurer Abdelamjid Tebboune avec des mots d’amour sans, toutefois, présenter ses excuses au nom de la France. Durant le mois janvier, le président français a reçu à l’Élysée le chef d’état-major Saïd Chengriha pour signer des contrats d’achat d’armement et préparer la visite du président algérien à Paris prévue au mois de mai.

Le quotidien Al Akhbar souligne que la diplomatie du gaz permet à la France d’empocher des milliards de dollars en signant des contrats d’armement avec les caporaux d’Alger tout en bénéficiant des prix avantageux du pétrole algérien en contrepartie d’un gel de ses relations avec le Maroc. Il est vrai que les relations entre Rabat et Paris ont été toujours gérées en dents de scie selon la couleur politique du locataire de l’Élysée. Mais depuis l’arrivée de Macron, les nuages de la tension, occulte ou déclarée, qui assombrissent les relations des deux pays, ne se dissipent plus.

Ce qui a envenimé davantage la situation, c’est que les répercussions des transformations géostratégiques ont imposé à la France de troquer ses positions contre le gaz en soutenant indirectement la junte militaire et en fermant les yeux sur les violations des droits de l’Homme en Algérie. Autant dire que la France ne raisonne qu’avec les intérêts de ses partenaires, de ses citoyens et le prix des carburants dans les stations-services en étant toujours prête à composer avec n’importe qui pourvu qu’elle en tire tous les profits.

Par Hassan Banadad
Le 06/02/2023 à 22h05