Austérité?, «Mamfakinch!», répondent les parlementaires

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Revue de presseKiosque360. Alors que le gouvernement vient de réaliser une économie de 5 milliards de dirhams sur les budgets de fonctionnement de différents ministères et organismes publics, les députés refusent de céder un seul centime d’économie sur le budget de la Chambre.

Le 11/11/2020 à 19h26

L’austérité budgétaire est un terme que les parlementaires semblent totalement ignorer. En pleine crise économique et au moment où la rationalisation des dépenses est devenu le maître-mot, nos députés s'apprêtent à empocher la coquette somme de 180 millions de dirhams, écrit le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 12 novembre. La Chambre des représentants, explique le quotidien, fait abstraction de la conjoncture difficile que traverse le pays en élaborant son budget qui n’a, ainsi, souffert d'aucune réduction, aussi minime soit-elle.

En d’autres termes, les indemnités des 395 députés sont restées intactes. Leurs frais de séjours dans les hôtels classés, les frais de communication, d’achat de matériel informatique (les tablettes notamment), de restauration, d’organisation de rencontres, colloques et conférences, ainsi que les frais de réalisation des études au profit des groupes parlementaires, n’ont pas été touchés. Ils n’ont subi aucune modification, contrairement aux autres institutions et établissements publics qui ont décidé de se serrer la ceinture, notamment pour ce qui est de leur budget de fonctionnement. A elles seules, les économies ainsi réalisées au niveau des ministères s’élèvent à près de 5 milliards de dirhams gagnés sur les factures d'eau, d'électricité, de téléphone et sur les frais des études et fournitures de bureau, précise Assabah.

Les parlementaires, eux, n’ont rien voulu savoir. Ils ont même fait pression sur le gouvernement pour que le budget de la Chambre ne soit pas touché, poursuit le quotidien. Ils ont ainsi fait des pieds et des mains pour garder la totalité de leurs privilèges sonnants et trébuchants, comme les fameux bons de carburant-restauration, la gratuité de l’autoroute et du train, les indemnités de déplacement, les fournitures de bureau... Ce qui fait que le budget de la Chambre s’élève, pour l’exercice 2021, à quelque 174 millions et 420 mille dirhams, en plus des indemnités de différentes natures.

Entre autres indemnités prévues, celle relative à l’utilisation des voitures personnelles pour les besoins de service, pour laquelle la Chambre prévoit un budget de plus de 2,6 millions de dirhams. Le carburant et l’entretien du parc automobile de la Chambre absorbera 12 millions de dirhams, alors que les frais de déplacement des députés sont fixés à 6,5 millions de dirhams et presque autant, soit 6 millions de dirhams, pour l’organisation des conférences, colloques et autres journées d’information.

Pour le reste, les députés ont consacré un budget d’un peu plus de 15 millions de dirhams à la diplomatie parlementaire et donc, principalement, aux frais de voyage et de séjour à l’étranger. Par ailleurs, rappelle le quotidien, les groupes parlementaires se sont mis d’accord récemment, dans le cadre de la Commission des finances, pour liquider leur régime de retraite. Ce qui implique sans doute la restitution de leurs cotisations. Ceci nécessitera forcément une rallonge budgétaire que le gouvernement devra consentir, malgré les réticences d’El Othmani.

Par Amyne Asmlal
Le 11/11/2020 à 19h26