Pour Benchaâboun, la loi de finances rectificative n’est pas un budget d’austérité

Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie et des Finances.

Mohamed Benchaâboun, ministre de l'Economie et des Finances. . DR

L’argentier du Royaume bat en brèche l’affirmation selon laquelle le budget rectifié est un budget de rigueur. Voici ses arguments.

Le 12/07/2020 à 07h37

Il n’a pas fallu bien longtemps après la divulgation du projet de loi de finances rectificative 2020 (PLFR2020) pour que les premières critiques commencent à fuser. Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des finances, qui défendait ce matin devant la Commission des Finances son budget, a eu l’occasion de répliquer aux interrogations des membres de la Commission et de battre en brèche l’un des reproches les plus récurrents dans la bouche des parlementaires, à savoir que ce budget rectifié est en réalité un budget d’austérité. Une affirmation catégoriquement rejetée par l’argentier du Royaume.

«L'approche adoptée lors de la préparation du PLFR 2020 est basée sur la mobilisation de toutes les capacités financières pour soutenir la reprise de l'activité économique et la préservation des emplois», a d’emblée affirmé Mohamed Benchaâboun. «Cette approche est loin de correspondre à une quelconque rigueur budgétaire», a-t-il martelé. 

Benchaâboun en veut pour preuve que, malgré la baisse attendue des recettes de l’Etat d'environ 40 milliards de dirhams en 2020, l'investissement budgétaire global de l’Etat a augmenté de 15 milliards de DH, et ce à travers la redéfinition des dépenses prioritaires. Tout cela s’inscrit, précise le ministre, dans le cadre de la gestion optimale de la dépense publique, qui doit désormais répondre à des objectifs parfaitement clairs, comme la sauvegarde des emplois et le développement de la production locale.

L’autre argument avancé pour réfuter l’idée d’un budget d’austérité concerne la question du gel des recrutements dans la fonction publique. Contrairement à ce qui a été avancé par certains, le gel des postes budgétaires concerne uniquement l’année 2021, a précisé le ministre. Mieux encore, cette mesure ne s’applique pas à la santé, à l’éducation et à ce qui est relatif aux questions de sécurité (soit l’ensemble des services annexés au ministère de l’Intérieur et à l’Administration de la Défense nationale), lesquels concentrent à eux seuls plus 90% des postes budgétaires prévus pour l’ensemble des départements ministériels (sur une moyenne pour la période 2016-2019). «Cela veut dire que le gel des recrutements concerne à peine 10% des postes budgétaires à ouvrir en 2021», a expliqué Mohamed Benchaâboun.

Par ailleurs, a-t-il ajouté, les différents départements ministériels auront la possibilité de mobiliser les 44.000 postes budgétaires programmés au titre de la loi de finances 2020, et ce, jusqu’au 30 juin 2021, auxquels il faudra ajouter les postes qui seront créés en faveur des établissements publics (Centres hospitaliers universitaires, etc.).

Rappelons, en outre, que le projet de loi de finances rectificative 2020 table sur un déficit budgétaire équivalent à 7,5% du PIB, au lieu des 3,5% initialement programmé, propulsant la dette du Trésor de 65% du PIB fin 2019 à près de 75% du PIB prévu pour fin 2020. Une détérioration qui n’inquiète pas outre mesure le ministre des Finances. Ce dernier estime que cette importante dégradation des agrégats macroéconomiques n'affectera pas la capacité du Maroc à mobiliser les ressources nécessaires, que ce soit sur le marché intérieur ou sur le marché financier international, pour financer les besoins de l’Etat et de l'économie nationale dans son ensemble. «Notre pays jouit toujours de la confiance de nos partenaires économiques», a-t-il fait savoir.

Par Amine El Kadiri
Le 12/07/2020 à 07h37