Alleluia mes frères, le PJD est de retour!

Karim Boukhari.

ChroniqueLe PJD a battu le rappel du bulldozer Benkirane pour remplacer le souffre-douleur El Othmani. Traduisez: ce que le bon docteur El Othmani a cassé, ce redresseur des torts de Benkirane va le réparer.

Le 18/03/2023 à 09h01

Les médias et les intellectuels marocains ne sont pas gentils avec les islamistes du PJD. Ils ne les comprennent pas ou ne veulent pas les comprendre. Ils polluent l’atmosphère avec leur mauvaise foi, et avancent dans le brouillard alors que tout est clair.

Depuis leur défaite électorale de 2021, les frères marocains doivent reconquérir du terrain, remonter la pente, regagner les coeurs. Oui, mais comment?

Le premier moyen est classique et vieux comme le monde. Ça s’appelle la morale, encore et toujours. C’est une ficelle connue par toute l’Internationale islamiste, qui lui donne des sobriquets divers, comme la lutte contre le «fassad» et le «inhiraf», concepts intraduisibles dans lesquels on peut inclure corruption et déviance morale, sortie de route, etc.

En gros, cela veut dire que pendant que la société marocaine est secouée par plusieurs questions touchant aux libertés individuelles et aux droits des femmes, dont certaines ont atterri au Parlement, les frères disent non à tout et freinent des quatre fers. Walou, nada, no pasaran. Ils ne veulent rien savoir.

Avortement, dépénalisation des relations sexuelles hors mariage, avortement, adoption, égalité dans l’héritage, etc.

Ne vous fatiguez pas, le PJD dit non à toutes ces questions. Mais les yeux fermés. Il dit non et il faut que tout le monde le sache. Au cas où quelqu’un aurait oublié ou serait tenté de croire que les islamistes sont en voie de laïcisation. N’allez pas croire, mesdames et messieurs, jamais!

Le problème, c’est que ce retour aux valeurs sûres ne suffit pas, ne suffit plus. Le curseur a bougé. Changement de vitesse, il faut tenter autre chose. Le PJD, qui a entre-temps battu le rappel du bulldozer Benkirane pour remplacer le souffre-douleur Othmani, a fini par appuyer sur le bouton de la cause palestinienne. Ce que le bon docteur El Othmani a cassé, ce redresseur des torts de Benkirane va le réparer.

Alors voilà, il faut tirer sur Israël, c’est le bon bouton. Les frères imputent leur défaite électorale à la «normalisation» avec Israël, qui s’est faite sous la primature d’El Othmani. Comment regagner le coeur des électeurs déçus par le PJD? Mais en tirant sur Israël, pardi!

C’est sous cet angle qu’il faut lire le récent échange d’amabilités entre le PJD et le cabinet royal. Benkirane, pour reprendre une expression familière, est celui qui aime tirer un penalty avant de courir l’arrêter. Il est le premier à allumer un feu, et le premier à l’éteindre aussi.

On lui tape sur les doigts pour avoir critiqué la politique royale? Mais pas du tout, voyons, il ne critique que le diplomate en chef, Bourita, qui est critiquable. Et cela rentre bien dans le cadre de l’exercice de la démocratie à la marocaine, tel que stipulé par la Constitution du pays.

Les médias, les intellectuels et toutes les personnes qui connaissent les subtilités de la politique marocaine ne sont pas d’accord? Mais ils n’ont jamais rien compris, de toute façon, et ils sont de mauvaise foi.

Et puis de quoi se mêlent-ils? Ce n’est pas à eux que Benkirane et les frères s’adressent, mais aux autres, qui sont beaucoup plus nombreux. Alors qu’on le sache une bonne fois pour toutes: le PJD est de retour!

Par Karim Boukhari
Le 18/03/2023 à 09h01