Maroc-Israël: comment le PJD a (enfin) réagi au recadrage du Cabinet royal

Abdel-Ilah Benkiran
	Chef du gouvernement du Maroc

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement.. Brahim Taougar Le360

Suite au communiqué du Cabinet royal publié le 13 mars dernier, recadrant une précédente et hasardeuse communication du secrétariat général du Parti de la justice et du développement sur les relations Maroc-Israël, la formation dirigée par Abdelilah Benkirane a réagi. Voici sa position.

Le 15/03/2023 à 22h03

Deux jours après le recadrage par le Cabinet royal du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), en réaction à un précédent faux pas quant à la politique étrangère du Royaume, s’agissant en l’occurrence des relations Maroc-Israël, le parti islamiste sort de son silence. Un communiqué rendu public ce jeudi 15 mars par son secrétariat général a ainsi fait guise d’explication.

On y lit que le secrétariat général précité accueille avec considération la critique du Cabinet royal, partant de «la place qu’occupe Sa Majesté» et du respect que voue le parti au Souverain, «chef de l’Etat, son représentant suprême, symbole de l’unité de la nation et garant de la continuité de l’Etat».

Le secrétariat général se défend de toute ingérence dans les prérogatives constitutionnelles du Roi et de ses rôles stratégiques. «Le secrétariat général ne peut que soutenir les efforts de Sa Majesté dans la défense, sur les plans interne et externe, des intérêts suprêmes de la nation et la consécration de son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale», lit-on dans le communiqué, qui souligne la «fierté» du PJD quant à la position constante du Souverain dans la défense de la cause palestinienne, élevée au même rang que celle de l’intégrité territoriale du Royaume.

Pour autant, le PJD persiste et signe: «Les actions du parti sont cadrées par ce que la Constitution accorde à tout parti politique dans le cadre de la liberté d’opinion et d’expression, garantie dans toutes ses formes par la Loi Suprême. Nous partons en cela de notre devoir partisan et national dans le respect absolu des institutions et en tenant compte des intérêts nationaux», écrit le secretariat général du PJD. Et de nier «formellement» tout lien entre les positions du parti et «un quelconque agenda politicien ou électoral» ou encore une volonté de «surenchère» ou de «chantage».

Pour le PJD, la sortie mise en cause par le Cabinet royal s’inscrit dans la continuité de ses positions constantes de soutien à la cause palestinienne et de «refus de toute normalisation». Cette réaction s’inscrit dans le cadre de «l’interaction avec les propos de M. le Ministre des Affaires étrangères en tant que membre du gouvernement, sujet à la critique et au contrôle».

Le parti islamiste en profite, néanmoins, pour s’en prendre aux voix qui ont critiqué sa démarche, notamment dans les médias, coupables, selon le secretariat général de cette formation, d’«interprétations détestables du communiqué du Cabinet royal» et d’«atteinte à un parti politique national».

Pour rappel, le communiqué du Cabinet royal a été on ne peut plus clair: «Le secrétariat général du Parti Justice et Développement (PJD) a récemment publié une déclaration contenant des dépassements irresponsables et des approximations dangereuses, concernant les relations entre le Royaume du Maroc et l’Etat d’Israël, en lien avec les derniers développements dans les territoires palestiniens occupés.»

Le Cabinet royal souligne que, premièrement, «la position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible, et elle constitue l’une des priorités de la politique étrangère de Sa Majesté Le Roi, Amir Al-Mouminine et Président du Comité Al-Qods, Qui la place au même rang que l’intégrité territoriale du Royaume. Il s’agit d’une position de principe constante du Maroc, qui ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées».

Deuxièmement, poursuit le communiqué, «la politique extérieure du Royaume est une prérogative de Sa Majesté Le Roi, que Dieu L’assiste, en vertu de la Constitution, que le Souverain exerce conformément aux constantes nationales et aux intérêts suprêmes de la patrie, et à leur tête la question de l’intégrité territoriale».

Troisièmement, «les relations internationales du Royaume ne peuvent être l’objet de chantage de la part de quiconque et pour quelque considération que ce soit, particulièrement dans ce contexte mondial complexe. L’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable», lit-on.

«La reprise des relations entre le Maroc et Israël a été effectuée dans des circonstances et dans un contexte que tout le monde connait. Elle est encadrée par le communiqué du Cabinet Royal du 10 décembre 2020 et celui publié le même jour à la suite de la communication téléphonique entre Sa Majesté Le Roi et le Président palestinien, ainsi que par la Déclaration Tripartite du 22 décembre 2020, signée devant le Souverain», souligne le communiqué. Une signature, doit-on le préciser, effectuée côté marocain par Saâdeddine El Othmani, alors chef du gouvernement… et secrétaire général du PJD.

«Les forces vives de la nation, les partis politiques, ainsi que certaines personnalités de premier plan, de même que certaines instances associatives militant pour la question palestinienne, avaient alors été informés de cette décision, pour laquelle ils avaient exprimé leur adhésion et leur engagement», conclut le Cabinet royal.

Par Youssef Bellarbi
Le 15/03/2023 à 22h03