Rappelé à l’ordre, le PJD fait le dos rond

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement.. Brahim Taougar le360

Revue de presseEn réaction au sévère rappel à l’ordre du Cabinet royal, le parti islamiste a réuni en catastrophe son organe exécutif. Dans un communiqué diffusé mercredi, il a tenté d’expliquer sa sortie «irresponsable». Cet article est une revue de presse tirée de l’hebdomadaire La Vie éco.

Le 17/03/2023 à 20h25

Après le communiqué du Cabinet royal du lundi 13 mars, dans lequel ce dernier rappelait à l’ordre le Parti de la justice et du développement (PJD), deux scénarios étaient envisageables. Soit Abdelilah Benkirane, patron et incarnation même du parti islamiste, présentait sa démission, profitant de l’occasion pour se retirer de la politique et donner un souffle nouveau au parti, ou alors le secrétariat général tenait une réunion extraordinaire pour répondre à ce communiqué.

C’est finalement la deuxième option que le PJD a choisie, tout en précisant que le parti, sa direction et ses militants poursuivront leur mission, observe le magazine La Vie éco dans son édition actuellement en kiosque.

Une fuite en avant, donc, commente l’hebdomadaire. La situation est nouvelle, mais pas inédite. Ce n’est, en effet, pas la première fois qu’un communiqué du Cabinet royal est adressé à un parti politique. Le document rappelle celui de 2016, dans lequel il rappelait à l’ordre un autre chef de parti, Nabil Benabdellah du PPS.

En 2016, seule la personne du secrétaire général était visée. Cette fois-ci, c’est différent, c’est tout le PJD, à travers son organe exécutif, qui vient d’être sévèrement recadré. Un PJD qui, dépité électoralement, se rabat sur le champ religieux, pour espérer revenir en force sur la scène politique. C’est un fait que tout le monde aura remarqué dernièrement. Pour tout dire, un PJD qui n’a plus de projet politique. A supposer qu’il en avait un auparavant.

En toute logique, explique l’hebdomadaire, un parti politique qui vient de quitter le gouvernement dispose d’assez d’outils pour, une fois dans l’opposition, proposer une alternative aux politiques publiques élaborées et menées par ses successeurs. Ce n’est pas le cas de la formation islamiste.

Le parti, sans doute pressé de se refaire une virginité politique, a choisi le chemin le plus court. Il a essayé de revenir sur le devant de la scène politique par la voie de la religion. Anticipant ainsi deux chantiers fondamentaux de la réforme de la justice, la Moudawana et le Code pénal, le parti attaque sur tous les fronts. L’héritage, les libertés individuelles, les droits de la femme... ses dirigeants multiplient les sorties hasardeuses sur les réseaux sociaux et à travers les médias électroniques pour fustiger à tout bout de champ l’exécutif.

Mais ce qui a le plus irrité, c’est sa tentative de surfer sur la question palestinienne, en allant jusqu’à reprocher au ministre des Affaires étrangères de trop promouvoir les relations maroco-israéliennes. Ce fut la déclaration de trop. La suite est connue.

Par Amyne Asmlal
Le 17/03/2023 à 20h25