«Il est beau, le jour où l’on rentre chez soi, après une trop longue absence! Il est beau, le jour où l’on porte son cœur vers le foyer aimé! L’Afrique est Mon Continent, et Ma maison. Je rentre enfin chez Moi, et vous retrouve avec bonheur. Vous M’avez tous manqué». Nous sommes le mardi 31 janvier 2017 à Addis-Abeba et c’est le roi Mohammed VI qui commentait, dans un discours, un des plus grands moments de son règne: le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. Et à lui seul, ce moment résume bien des pas franchis par la diplomatie marocaine. Comme il renseigne sur la méthode Mohammed VI: les mots ne se justifient que quand ils portent un sens précis et une action pérenne et efficace. Ils ne deviennent que plus beaux.
Il y a eu un avant et un après ce retour. Nous y reviendrons. Mais l’action diplomatique du Maroc sous le commandement du Roi, c’est d’abord un certain mercredi 11 avril 2007, le jour où le Royaume a déposé à l’ONU son projet d’autonomie pour le Sahara. Objectif, à l’époque et encore aujourd’hui: mettre fin à une impasse de plusieurs décennies et un conflit artificiel qui prend en otage toute une région. Depuis, le chemin a été long, le travail acharné. Le résultat est bien là.
Les gesticulations ayant prévalu auparavant, et défendant un impossible référendum, sont devenues nulles et non avenues. En 2023, pour la troisième année consécutive, et s’inscrivant d’ailleurs dans l’esprit et le texte des résolutions 2602 (2021) et 2654 (2022), la résolution 2703 de 2023 de l’ONU, la dernière en date, préconisait une solution réaliste et basée sur le compromis au conflit du Sahara. Comme ses précédentes, aucune mention au référendum n’y est faite. Le texte identifie clairement les parties au processus politique et cite en particulier l’Algérie à six reprises, soit autant de fois que le Maroc, comme il consacre les tables rondes comme seul cadre du processus politique, avec notamment la participation de l’Algérie, directement interpellée.
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Pendant ce temps, le Maroc continue de renforcer la coalition autour du plan d’autonomie. Chaque mois qui passe voit s’étoffer le rang des pays soutenant cette solution. Aujourd’hui, près d’une centaine de pays soutiennent fermement la souveraineté du Maroc sur son Sahara ou adhèrent à l’Initiative marocaine d’autonomie. Le dernier pays à s’être exprimé en faveur de la marocanité des provinces du Sud aura été la France. Si Paris a appuyé le plan d’autonomie dès sa présentation, aujourd’hui, c’est un soutien franc à la souveraineté marocaine sur son Sahara qu’elle apporte. Dans un message adressé le 30 juillet dernier –jour de la fête du Trône– au roi Mohammed VI, le président français, Emmanuel Macron, annonce officiellement au Souverain qu’il «considère que le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine». «Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue. Notre soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant», souligne le président français. Ce plan «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique, juste, durable et négociée, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies». Certains auront beau tenter de nuancer, la clarté du message ne se prête à aucune forme d’interprétation.
Discours historique du roi Mohammed VI, le 31 janvier 2017, au lendemain du retour du royaume du Maroc à l'Union africaine. . DR
Le lundi 17 juillet 2023, c’était le tour d’Israël. L’État hébreu annonçait par la même occasion examiner positivement «l’ouverture d’un consulat dans la ville de Dakhla». Nous sommes dans le cadre d’une dynamique enclenchée ces dernières années, avec la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud, suivie par celle de nombre d’autres pays. C’est le cas de l’Espagne qui, en mars 2022, dans une lettre adressée par le chef du gouvernement Pedro Sanchez au roi Mohammed VI, considérait que l’initiative d’autonomie est «la base la plus sérieuse et la plus crédible» pour régler le différend.
Ils sont aujourd’hui 14 pays membres de l’Union européenne à appuyer le plan marocain d’autonomie.
En dehors de la nouvelle position française, la dernière adhésion en date a été actée, jeudi 26 octobre dernier, par la République tchèque, et ce, dans une déclaration conjointe signée entre son ministre des Affaires étrangères Jan Lipavsky et son homologue marocain Nasser Bourita. La République tchèque y considère le plan d’autonomie comme un effort «sérieux et crédible» du Maroc et comme «une bonne base» pour une solution convenue entre les parties au conflit. Aux pays de l’UE s’ajoutent bien d’autres nations européennes, comme la Serbie ou encore l’Ukraine.
Dans le monde, plus de 84% des 193 États membres de l’ONU ne reconnaissent pas la pseudo-république sahraouie. Peu de pays encore soutiennent ou reconnaissent encore la pseudo-RASD. De 84 au plus fort de l’appui à l’entité fantoche, leur nombre est passé actuellement à 43. Et parmi eux, nombreux sont ceux qui s’apprêtent à revoir leur position ou qui marquent des distances de plus en plus grandes avec le discours séparatiste. C’est le cas notamment en Afrique et pour des pays comme le Kenya, dont le nouveau président de l’époque, William Ruto, avait même annoncé, le 14 septembre 2022, le retrait de la reconnaissance de la RASD, avant que son propre ministère des Affaires étrangères ne fasse marche arrière. Le soutien de pays comme le Rwanda ou encore le Nigéria ou l’Angola, ainsi que le Mali ou la Mauritanie, est pour le moins froid ces dernières années. Les deux appuis de la thèse séparatiste dans le continent restent, évidemment, l’Algérie et l’Afrique du Sud. C’est là la force que traduit, notamment, le retour du Maroc au sein de la famille africaine, précédé par de nombreux périples continentaux du Souverain.
D’ailleurs, quelque 28 consulats généraux, principalement africains, ont effectivement ouvert dans les villes de Laâyoune et Dakhla, au cœur du Sahara. C’est cela le cap du Royaume.
Sur le terrain, un ambitieux programme de développement est en marche dans les provinces du Sud. Son dernier chapitre en date n’est autre que le Nouveau modèle de développement des provinces du Sud, présenté pour la première fois en novembre 2015 devant le roi Mohammed VI. C’était à Laâyoune, à l’occasion du 40ème anniversaire de la Marche verte. L’enveloppe, initialement estimée à 77 milliards de dirhams, a été portée à 85 milliards. Objectif: mettre en place un véritable plan Marshall pour un développement économique et social global au Sahara. Aujourd’hui, ce plan est, à bien des égards, une réalité, puisque près de 70% des projets qu’il comprend sont achevés ou en cours de l’être. La diplomatie par l’exemple, c’est aussi cela.