Après une première saison qui a conquis le public en 2024, l’humoriste Bassou a relevé le défi cette année avec Si Lkala, sa série de capsules satiriques diffusée pendant le ramadan. Entre humour et critique sociale, il y met en scène un personnage rusé, symbole du clientélisme et des arrangements en coulisses, pour pointer du doigt les absurdités de l’administration. Avec une touche piquante et un ton décalé, Bassou explore les travers de la société marocaine, tout en jonglant avec les limites de l’humour politique.
Le360: Comment est née l’idée des capsules Si Lkala?
Mohammed Bassou: Au début de la série Natiq ghayr Rassmi, j’ai constaté que beaucoup de gens appréciaient l’humour politique, mais restaient sur leur faim. C’est ainsi que l’idée de Si Lkala est née.
Comment vous est venu le nom de la série?
En dialecte, «kala» signifie, entre autres, «coup de pouce». Malheureusement, chez nous, que ce soit dans les administrations ou ailleurs, on a souvent recours à un petit coup de fil pour accélérer les choses plutôt que de les laisser suivre leur cours normal.
Les situations que tu décris sont-elles inspirées de ta propre expérience?
Oui, la plupart des appels téléphoniques de Si Lkala sont inspirés de situations que j’ai vécues ou que mon entourage a vécues.
As-tu hésité avant de t’attaquer à ces sujets sensibles?
Absolument, je n’avais pas prévu de faire de deuxième saison, mais à quelques mois du ramadan, en l’absence d’offre télévisuelle, je ne voulais pas décevoir mon public.
Comment gères-tu l’équilibre entre le message et ton humour décalé?
Pour être honnête, c’était mon principal défi. Parfois, je dois supprimer ou retravailler des vannes pour que le message passe sans compromettre l’humour.
As-tu eu des pannes d’inspiration?
Oui, parfois. Pas parce que je manque de sujets à traiter, mais parce que chaque appel de Si Lkala aborde différents problèmes à la fois, ce qui peut parfois épuiser les idées.
Lire aussi : Vidéo. Mohamed Bassou: «Gagner de l’argent avec l’humour? Oui c’est possible»
Pourquoi avoir introduit un personnage qui parle chinois cette saison?
J’ai voulu apporter une nouvelle dynamique à la série, tant sur le plan narratif que visuel. L’assistante chinoise ne comprend ni les combines ni les manigances de Si Lkala, ce qui l’empêche de le faire chanter ou de compromettre ses petits arrangements. Ce choix ajoute une dimension comique mais réelle. En plus de ce personnage inédit, nous avons aussi retravaillé le décor pour éviter la lassitude du spectateur et offrir une mise en scène plus vivante.
Préférerais-tu diffuser ces capsules à la télévision ou rester sur YouTube?
Mon rêve serait que des concepts comme Si Lkala trouvent leur place à la télévision. On remarque une évolution positive sur les chaînes marocaines, où l’on ose désormais traiter de sujets plus audacieux et jouer avec l’humour décalé. Je pense donc que c’est tout à fait envisageable. Peut-être pas avec Si Lkala en tant que tel, mais avec un autre concept dans le même esprit.
Est-ce que l’engouement pour tes capsules a évolué?
Cette saison a cumulé 7 millions de vues, ce qui est deux voire trois fois moins que la première. Mais pour moi, le succès ne se mesure pas uniquement aux chiffres. Ce qui me réjouit le plus, c’est l’interaction avec le public, les retours passionnés et la fidélité des spectateurs. Lors de la première saison, il y avait eu un effet de surprise et de découverte. Cette année, l’audience était composée de véritables amateurs de satire et de sarcasme, ce qui témoigne d’un attachement sincère à l’univers de Si Lkala.
Une saison 3 en vue?
Je n’en ai aucune idée pour le moment. Il faudrait suffisamment de nouveaux sujets politiques et économiques pour justifier une troisième saison.
Un aperçu sur tes prochains projets?
Je travaille actuellement sur un film avec Rabii Chajid et prépare mon quatrième one-man-show, dont la tournée débutera en mai à Maubeuge, puis passera par Paris, Bruxelles et plusieurs villes du Maroc en juin et juillet.
Bienvenue dans l’espace commentaire
Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.
Lire notre charte