De Madrid à Barcelone, de Paris à Londres, du Guatemala au Honduras, les défilés marquaient la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes.
A Mexico, ce sont des milliers de femmes qui sont descendues dans la rue. "Elles ne sont pas mortes, ils les ont tuées", disaient les pancartes brandies par les manifestantes de ce pays où chaque jour 10 femmes sont tuées, selon l'ONU.
Des heurts ont opposé de petits groupes de manifestantes, munies de marteaux, aux forces de l'ordre, qui ont utilisé des gaz irritants et des extincteurs pour les repousser. Dix policières, trois manifestantes et une fonctionnaire ont été légèrement blessées dans les incidents, selon un bilan des services de sécurité de la capitale.
Au Chili, la manifestation qui a réuni des milliers de femmes à Santiago a pris des accents politiques, contre le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, nostalgique de la dictature d'Augusto Pinochet, en tête à l'issue du premier tour de la présidentielle.
Dans la foule, une étudiante de 23 ans, Maria Jesus, dit craindre qu'en cas de victoire, il "viole tous nos droits et ce que nous avons accompli".
Au Guatemala, des centaines de femmes sont aussi descendues dans la rue dans ce pays frappé par une hausse des féminicides (de 30% par rapport à la même période de 2020 selon les autorités) et les grossesses adolescentes.
Des manifestations ont aussi été organisées au Venezuela, en Bolivie ou en Uruguay. En Amérique latine et aux Caraïbes, quelque 4.091 femmes ont été victimes de fémicide en 2020, selon la commission régionale des Nations unies.
"Nous ne sommes pas toutes là, il manque celles qui ont été assassinées", chantaient les manifestants réunis à Madrid, portant masques, bonnets et écharpes violettes.
"Ne soyez pas silencieux face à la violence masculine", disaient en écho les banderoles déployées par des centaines de manifestantes à Istanbul.
Elles dénonçaient aussi le retrait de la Turquie d'un traité international protégeant les femmes, la Convention d'Istanbul, accusé par les conservateurs au pouvoir d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.
Elles ont été accueillies par des tirs de gaz lacrymogènes au moment où elles tentaient de franchir les barricades de police.
"Un fléau mondial"L'Espagne, qui compte un puissant mouvement féministe, dispose d'un observatoire public des violences de genres qui a comptabilisé 1.118 meurtres de femmes par leur compagnon ou ex-compagnon depuis 2003 dont 37 en 2021.
En Turquie, ce sont 345 femmes qui ont été tuées depuis début 2021, selon la plateforme We Will Stop Feminicide, contre 410 en 2020.
"Au niveau mondial, c'est un fléau... Il est temps que la violence patriarcale cesse contre nos corps, nos vies et nos décisions", a témoigné auprès de l'AFP dans le cortège madrilène Leslie Holguin, une actrice de trente ans.
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"Nous revendiquons la fin de la prostitution et demandons la fin des assassinats, des mauvais traitements et des viols", a ajouté Maria Moran, une fonctionnaire de 50 ans.
La lutte contre les violences sexistes est une priorité nationale en Espagne, qui a adopté en 2004 la première loi d'Europe faisant du genre de la victime une circonstance aggravante en cas d'agression.
"Nous ne serons une société juste que lorsque nous en aurons fini avec tout type de violences contre les femmes", a insisté sur Twitter le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, dont le gouvernement compte plus de femmes que d'hommes.
Une femme sur troisPrès d'une femme sur trois dans le monde a subi des violences physiques ou sexuelles, souvent de la part d'une personne qu'elles connaissaient, selon l'ONU.
"La violence contre les femmes est une crise mondiale. Dans tous nos propres quartiers, des femmes et des filles vivent en danger", s'est alarmée Sima Bahous, la directrice exécutive de ONU Femmes, l'organisation des Nations unies défendant les droits des femmes.
Le pape François s'est également exprimé sur Twitter: "les différentes formes de maltraitance que subissent de nombreuses femmes représentent une dégradation pour les hommes et pour toute l'humanité. Nous ne pouvons pas détourner le regard".
En Afrique, plusieurs chefs d'Etat africains réunis jeudi à Kinshasa pour un sommet sur la "masculinité positive" se sont solennellement engagés à lutter contre les discriminations et les violences contre les femmes, des viols pendant les conflits aux mutilations génitales.
Nous "lançons la campagne de l'Union africaine pour mettre fin aux violences faites aux femmes et aux filles et mettons en oeuvre une politique de tolérance zéro dans les situations de conflit et de post-conflit", ont dit les chefs d'Etat, dont le président de RDC Félix Tshisekedi et le Rwandais Paul Kagame, dans une déclaration commune.