Pour le régime d’Alger, c’était bien essayé mais il faudra repasser. L’échec spectaculaire a de nouveau été au rendez-vous. La pression exercée contre la France pour avoir la tête d’Aksel Bellabbaci, figure de proue du militantisme kabyle pour l’indépendance de cette région contrôlée par Alger et numéro 2 du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) aura seulement été vaine. C’est tout juste si elle a servi à montrer toute la nullité, au sens juridique mais pas que, des démarches entreprises par la junte. Et pour cause, sitôt arrêté et placé en détention, hier jeudi, à Paris, le bras droit du président du MAK et de la république récemment proclamée de la Kabylie, Ferhat Mehenni, est libre de ses mouvements. Sa détention a pris fin ce vendredi 21 juin. Pour la plus grande joie de ses partisans et des militants pour la liberté de la Kabylie, venus nombreux l’accueillir à sa sortie.
Le cas d’Aksel Bellabbaci devrait être abordé lors d’une prochaine audience à la chambre des extraditions de la cour d’appel de Paris. «Le fond du dossier interviendra dans un deuxième temps et ce sera l’occasion pour nous de poser un certain nombre de questions à la Justice algérienne», a commenté Me Bruno Gendrin, avocat de Bellabbaci.
La preuve que les accusations de terrorisme –il faut le faire– portées contre lui par le régime d’Alger sont totalement fallacieuses et que les moult tentatives algériennes de le «récupérer» (mort ou vif) se sont avérées sans effet, voire contre-productives.
Double condamnation par contumace en Algérie, mandat d’arrêt international, intimidations en tous genres contre ses proches. Alger a tout essayé. Pour se retrouver humilié une fois de plus par la France. Mieux, ce tonitruant échec à faire condamner et extrader le militant a donné un rayonnement et un éclat international sans précédent à la cause kabyle. Merci qui?
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Établi dans l’Hexagone depuis de nombreuses années et dans l’attente d’un statut de réfugié politique, Aksel Bellabbaci faisait néanmoins l’objet d’un mandat d’arrêt international émis à son encontre par Alger. «Le mandat d’arrêt cite son implication présumée dans les incendies de forêt de 2021 qui ont dévasté des milliers d’hectares en Kabylie et coûté la vie à plusieurs centaines de personnes», expliquait le MAK dans un communiqué parvenu à Le360 suite à son arrestation.
Bellabbaci, 41 ans, ne s’est pas rendu en Algérie depuis août 2019. Il fait partie des six membres du MAK classés «terroristes» par les autorités du pays, selon un arrêté publié au journal officiel en février 2022. Il a fait l’objet de plusieurs condamnations par contumace en Algérie, notamment à la prison à perpétuité en novembre 2022 et à 20 ans de prison ferme en juillet 2023.
Si elles ont coûté la vie à des centaines de personnes en Kabylie, les incendies de forêt de 2021 avaient surtout montré la grande incompétence des autorités algériennes en matière de secours et leur totale indifférence à l’égard d’une zone sinistrée et laissée pour compte. «Alors que tous les observateurs indépendants et avertis mettent unanimement en cause l’armée algérienne dans ce qui s’apparente à un incendie criminel, le régime d’Alger a pointé du doigt le MAK pour justifier le classement de l’organisation comme organisation terroriste et lancer une vague de répression sans précédent, qui a abouti à l’imposition de 53 condamnations à mort», s’indignait le MAK.
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Président du MAK, Ferhat Mehenni ne croyait pas si bien dire en affirmant sur X que «le caractère fantaisiste des accusations algériennes relatives aux incendies de l’été 2021 va enfin éclater au grand jour».
Tout comme il avait raison d’attendre «avec confiance la décision judiciaire conforme à la vérité, aux faits et à l’innocence d’Aksel et de l’ensemble du MAK. Le monde entier saura quels types de criminels se trouvent au cœur du pouvoir algérien». Tel est pris qui croyait prendre...