Gaza: frappes israéliennes sur Rafah, pressions internationales pour un cessez-le-feu

De la fumée s'élève après un bombardement de l'armée israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024.. AFP or licensors

Le sud de la bande de Gaza a été le théâtre, dans la nuit de mardi à mercredi, d’intenses bombardements israéliens, malgré les pressions internationales en faveur d’un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire palestinien, menacé de surcroît par la famine.

Le 27/03/2024 à 10h33

Malgré l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution exigeant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a poursuivi ses bombardements et ses raids dans l’ensemble du territoire palestinien.

Une boule de feu a illuminé le ciel nocturne au-dessus de Rafah après une frappe aérienne sur cette ville de la pointe sud de Gaza, où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les opérations militaires israéliennes et les affrontements qui font rage depuis des mois entre l’armée israélienne et le Hamas. Tôt mercredi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 3 morts et de 12 blessés lors de frappes nocturnes de l’aviation israélienne dans le secteur de Rafah.

Plus au nord, les troupes israéliennes encerclaient mardi le complexe hospitalier al-Nasser dans la ville de Khan Younès (sud), selon des témoins. Un kilomètre plus loin, l’hôpital Al Amal, est «hors service» et «a cessé de fonctionner complètement», indique mardi le Croissant-Rouge palestinien.

«La fermeture forcée de l’hôpital al-Amal, l’une des rares structures médicales restantes dans le sud, a de profondes implications, mettant en danger d’innombrables vies», a dénoncé la Fédération internationale des sociétés de la Croix-rouge et du Croissant rouge (FICR), jugeant «catastrophique» l’état du système de santé dans le nord du territoire après plus de cinq mois de guerre.

Signe d’une situation humanitaire désespérée, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mardi la mort de 18 personnes, dont 12 noyées en mer en essayant de récupérer de la nourriture parachutée et six tuées dans des bousculades dans les mêmes circonstances. Le mouvement palestinien a appelé les pays étrangers à cesser ces opérations et demandé l’ouverture des accès terrestres pour l’aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël.

L’aide, très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants, arrive principalement depuis l’Egypte via Rafah. Mais à cause des nombreuses restrictions imposées par Israël et désormais son refus de laisser passer les convois alimentaires de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), l’aide parvient très difficilement dans le nord du territoire, où des enfants sont morts de malnutrition et des habitants en sont réduits à observer les parachutages et se ruer sur l’aide à l’atterrissage.

«Les parachutages d’aide sont l’un des nombreux moyens que nous utilisons pour fournir l’aide dont les Palestiniens de Gaza ont si désespérément besoin et nous allons continuer à le faire», tout en «travaillant sans relâche pour augmenter l’arrivée d’assistance humanitaire par voie terrestre», a plaidé la Maison Blanche.

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite en Israël, a plaidé pour étendre massivement les livraisons de vivres à Gaza en facilitant le passage des camions.

«Des gens meurent pour une boîte de thon», a lancé un Palestinien, Mohamad Al-Sabaawi, brandissant l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer. «Nous attendons les largages d’aide, nous sommes prêts à mourir pour obtenir une boîte de haricots, que nous partageons ensuite entre 18 personnes», dit un autre Palestinien jugeant sa situation misérable.

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 5 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont fait 32.414 morts Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 73.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

Furieux contre son allié américain, qui n’a pas opposé de veto à la résolution Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington pour discuter entre autres d’une éventuelle opération terrestre à Rafah, à laquelle l’administration Biden s’oppose. Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a jugé mardi «trop élevées» les pertes civiles et l’aide humanitaire «beaucoup trop faible» dans la bande de Gaza, au moment d’accueillir au Pentagone son homologue israélien, Yoav Gallant, arrivé plus tôt cette dans la capitale américaine.

Négociations pour une trêve

Le Qatar -pays médiateur avec les États-Unis et l’Égypte- a affirmé mardi que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour une trêve à Gaza ainsi qu’un échange d’otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, bien que les deux parties en guerre se renvoient la responsabilité de l’absence de progrès.

Sept secouristes ont par ailleurs été tués dans une frappe nocturne contre un centre d’urgence à Habariyeh, dans le sud du Liban, a annoncé mercredi à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable du groupe Jamaa Islamiya, une organisation libanaise liée au Hamas. D’après un autre responsable, une dizaine de sauveteurs se trouvaient dans ce bâtiment au moment de la frappe.

Par Le360 (avec AFP)
Le 27/03/2024 à 10h33