Gaza: poursuite des opérations militaires israéliennes, malgré l’appel de l’ONU à un «cessez-le-feu immédiat»

De la fumée s'élève lors d'un bombardement israélien sur un bâtiment à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 mars 2024.. AFP or licensors

Malgré l’adoption la veille par l’ONU d’une résolution exigeant un «cessez-le-feu immédiat», les raids aériens israéliens et les affrontements se poursuivent ce mardi dans la bande de Gaza. Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d’habitants du territoire, toujours menacé par la famine.

Le 26/03/2024 à 09h59

Les frappes aériennes israéliennes et les affrontements se poursuivent mardi dans la bande de Gaza malgré l’adoption, la veille par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution exigeant un «cessez-le-feu immédiat» dans le territoire palestinien. L’armée israélienne a également lancé un raid à Naplouse et dans le camp de réfugiés d’Askar, en Cisjordanie occupée, rapporte l’agence de presse palestinienne Wafa.

Tôt mardi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 70 morts dans la nuit, dont 13 dans des frappes aériennes près de Rafah, ville à la pointe sud de Gaza où s’entassent 1,5 million de Palestiniens, la grande majorité d’entre eux déplacés par les opérations israéliennes dans le reste du territoire.

Lundi, et pour la première fois depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté par 14 voix pour et une abstention -celle des États-Unis- une résolution appelant à un «cessez-le-feu immédiat». Premier allié d’Israël, Washington s’était jusque-là opposé au terme «cessez-le-feu» dans les résolutions de l’ONU, opposant son veto à trois textes en ce sens.

Le texte «exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan» -qui a débuté il y a deux semaines-, devant «mener à un cessez-le-feu durable», et «exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages». Ne pas appliquer cette résolution serait «impardonnable», a jugé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans la foulée du vote, salué par les grandes capitales.

Dès après l’adoption du texte, Israël a annulé la visite d’une délégation attendue à Washington, en réaction à l’abstention américaine. «Il s’agit d’un net recul par rapport à la position constante des États-Unis au Conseil de sécurité depuis le début de la guerre», a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

L’ex-président des États-Unis Donald Trump a affirmé lundi dans une interview au quotidien Israel Hayom qu’Israël devait «en finir» avec la guerre à Gaza car il est en train de perdre «beaucoup de soutien» dans le monde.

«L’Amérique doit protéger Rafah»

Le Hamas a «salué l’appel du Conseil de sécurité de l’ONU à un cessez-le-feu immédiat» et attribué à Israël «l’échec» des pourparlers -sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis- pour une trêve de plusieurs semaines, doublée de libérations d’otages israéliens et de prisonniers palestiniens.

Dans la bande de Gaza, des habitants rencontrés par l’AFP se sont félicités du vote à l’ONU tout en appelant Washington à user de son influence sur Israël pour obtenir un cessez-le-feu. «L’Amérique doit protéger Rafah comme elle a protégé Israël», a estimé Bilal Awad, un déplacé de la ville de Khan Younès (sud).

L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël pilonne depuis plus de 5 mois la bande de Gaza, qu’il maintient sous blocus depuis 17 ans et sous un siège total depuis le début de la guerre. Les bombardements et les opération terrestres de l’armée israélienne ont fait 32.333 morts Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, et fait plus de 73.000 blessés, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où le Hamas n’est pas représenté, plus de 450 Palestiniens ont été tués par les soldats et les colons israéliens depuis le 7 octobre, et des centaines de personnes ont été «arrêtées» par les forces israéliennes.

«Même pas de nourriture»

Sur le terrain, la situation demeure critique pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, soumise à un blocus total depuis près de six mois et menacée de famine selon l’ONU et plusieurs ONG internationales.

Au moins deux grands hôpitaux sont visés par des opérations de l’armée, une semaine après le début de l’intervention contre l’hôpital Al Chifa de Gaza-ville, le plus grand du territoire. Cet hôpital et ses environs ont été visés lundi par des tirs d’artillerie, tout comme les abords de l’hôpital Al Amal de Khan Younès. Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé dans la nuit avoir évacué 27 membres de son personnel à Al Amal, après l’évacuation dimanche de déplacés qui y avaient trouvé refuge.

À Jabaliya, dans le nord, des habitants, dont beaucoup de femmes et d’enfants, faisaient la queue lundi pour remplir des bidons d’eau qu’ils emportent dans des brouettes, des chariots ou à la force de leurs bras. «Nous n’avons même pas de nourriture pour nous donner l’énergie d’aller chercher de l’eau, sans parler des enfants innocents, des femmes et des personnes âgées», a témoigné Bassam Mohammed al-Haou.

Arrivant principalement depuis l’Égypte via Rafah, l’aide humanitaire est contrôlée strictement par Israël, qui y applique de nombreuses restrictions. Résultat, elle entre dans la bande de Gaza au compte-gouttes, ce qui a poussé des gouvernements étrangers à larguer, par parachutage, des colis alimentaires.

Confrontée à cette crise humanitaire majeure, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) a annoncé dimanche être désormais formellement interdite par Israël de toute livraison d’aide alimentaire dans le nord du territoire, où la situation est particulièrement dramatique. «Des gens meurent pour obtenir une boîte de thon», s’est emporté Mohamad Al-Sabaawi, un habitant de Gaza, brandissant à la caméra l’unique boîte de thon qu’il a pu récupérer. Non loin, un autre homme a confié à l’AFP risquer sa vie pour une boîte de haricots «qui sera partagée avec 18 personnes».

Par Le360 (avec AFP)
Le 26/03/2024 à 09h59