Frappes occidentales en Syrie: ce que l'on sait

Damas dans la nuit du 14 avril 2018 pendant les frappes américaines.

Damas dans la nuit du 14 avril 2018 pendant les frappes américaines. . AFP

Les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont lancé tôt samedi 14 avril des frappes concertées en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad, une semaine après l'attaque chimique présumée du 7 avril dans la ville syrienne alors rebelle de Douma. Voici ce que l'on sait.

Le 14/04/2018 à 08h25

Selon le général Joe Dunford, chef d'état-major américain, les forces occidentales ont visé samedi à 01H00 GMT (04H00 en Syrie) trois cibles liées au programme d'armement chimique syrien: une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs (centre de la Syrie). Une heure plus tard, ces frappes étaient "terminées", a-t-il ajouté, précisant qu'aucune autre opération n'était prévue à ce stade.

Les alliés ont pris soin d'éviter de toucher les forces russes, massivement présentes dans le pays, a-t-il souligné. Moscou a confirmé qu'aucune des frappes n'avait atteint les abords des bases aérienne et navale russes. Le président français Emmanuel Macron a souligné que les frappes françaises étaient "circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques".

Selon la ministre française des Armées Florence Parly, elles ont visé "le principal centre de recherches" et "deux centres de production" du "programme clandestin chimique" du régime syrien. Les Britanniques ont indiqué avoir frappé un complexe militaire -une ancienne base de missiles- à 24 kilomètres à l'ouest de Homs "où le régime est supposé conserver des armes chimiques".

La télévision d'Etat syrienne a rapporté des "informations" selon lesquelles un "centre de recherches" du quartier de Barzé dans le nord-est de Damas avait été visé. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des centres de recherche scientifique, "plusieurs bases militaires" et des locaux de la garde républicaine à Damas et ses environs ont été pris pour cibles.

Les Etats-Unis ont tiré des "types de munitions divers", dont des missiles de croisière Tomahawk. D'après Fox News, des bombardiers à long rayon d'action B-1 ont aussi été engagés. Le ministre américain de la Défense Jim Mattis a précisé que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que pour la frappe américaine d'avril 2017 sur la base militaire d'Al-Chaayrate, près de Homs. Aucune perte humaine n'est à déplorer côté américain, selon le Pentagone.

La France a frappé avec des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse, selon Florence Parly. Un raid aérien est parti de plusieurs bases aériennes en France. Londres a utilisé quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force, équipés de missiles Storm Shadow. Washington et ses alliés ont tiré "environ 110 missiles sur des cibles à Damas et ailleurs" dans le pays, selon le haut commandement de l'armée syrienne qui a assuré en avoir intercepté "la plupart". Selon la télévision d'Etat syrienne, des missiles ont été "interceptés" à Homs.

Selon Moscou, plus de 100 missiles ont été tirés et "un nombre significatif" d'entre eux interceptés par les forces syriennes. Les installations russes de défense aérienne stationnées en Syrie n'ont pas été utilisées, a souligné le ministère russe de la Défense. L'ONU a appelé "tous les Etats membres" à la "retenue".

Damas a dénoncé une "agression barbare et brutale des Occidentaux", visant à "entraver" une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) qui devait entamer samedi une enquête à Douma. La Russie a dénoncé "un coup porté contre la capitale d'un Etat souverain" et estimé que la Syrie, qui a résisté pendant des années à "une agression terroriste", a été frappée alors qu'elle avait "une chance d'avoir un avenir pacifique". L'Iran a averti des "conséquences régionales" des frappes et les a "fermement" condamnées, soulignant qu'elles intervenaient "avant même une prise de position" de l'OIAC.

Les frappes ont en revanche été jugées "appropriées" par la Turquie et "justifiées" par Israël. L'OTAN leur a apporté son "soutien" estimant qu'elles vont réduire la capacité du régime à mener d'autres attaques chimiques.

Le 14/04/2018 à 08h25