Les secours ont pris en charge sept manifestants blessés, dont trois traités en urgence absolue et hospitalisés; 28 gendarmes ont été blessés, dont deux hospitalisés en urgence absolue, selon un dernier décompte fourni par le parquet local. Deux journalistes ont également été touchés.
Les manifestants se dirigent vers Sainte-Soline lors d'une manifestation organisée par le collectif Bassines non merci
, le mouvement écologiste "Les Soulevements de la Terre" et le syndicat français "Confédération paysanne" pour protester contre la construction d'une nouvelle réserve d'eau pour l'agriculture irrigation, entre Vanzay et Sainte-Soline, dans le centre-ouest de la France, le 25 mars 2023.. AFP
Les organisateurs - le collectif d’associations «Bassines non merci», le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre et le syndicat agricole proche de la gauche Confédération paysanne - évoquent, eux, un bilan beaucoup plus lourd, avec 200 manifestants blessés dont un serait entre la vie et la mort, information non confirmée par les autorités.
La Première ministre Elisabeth Borne a dénoncé, sur Twitter, un «déferlement de violence intolérable», mettant en cause «l’irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements».
Soutien aux gendarmes et pompiers engagés sous l’autorité de la @Prefet79 pour assurer l’ordre républicain face à un déferlement de violence intolérable à Sainte-Soline.
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) March 25, 2023
Des actes inacceptables tout comme l’irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent ces agissements.
Au moins 6.000 personnes selon la préfecture, jusqu’à 30.000 selon les organisateurs avaient convergé plus tôt dans la journée vers la bassine en chantier dans le but de «stopper» la construction de ces réservoirs d’eau destinés à l’agriculture.
Nous étions plusieurs dizaines de milliers à Sainte-Soline à manifester pour le droit à l’eau.
— Clémence Guetté (@Clemence_Guette) March 25, 2023
Avec les élus @FranceInsoumise, nous avons essayé de protéger de nombreux blessés. Gazés indifféremment. Irresponsable répression.#SainteSoline #BassinesNonMerci pic.twitter.com/bfwAY1Q0wW
«Au moins un millier» d’activistes violents, en partie venus de l’étranger, «prêts à en découdre avec les forces de l’ordre», ont participé au rassemblement, selon les autorités.
Ils ont trouvé face à eux plus de 3.000 gendarmes et policiers mobilisés pour défendre le site.
🇫🇷 FLASH - Le vent joue contre les forces de l’ordre à #SainteSoline. Usage massif de projectiles/lacrymo/grenades de part et d'autre. Les manifestants tentent de forcer le barrage des forces de l’ordre. (via @tremblay_p) #megabassines pic.twitter.com/YPI5hzfXUj
— Mediavenir (@Mediavenir) March 25, 2023
Mortiers contre gaz
À l’approche du chantier, aux allures de bastion médiéval avec son talus entouré par les forces de l’ordre, de violents affrontements ont éclaté rapidement, transformant l’endroit en scène de guerre, avec de fortes détonations et des véhicules en feu.
#SainteSoline Tirs de mortiers, jets de cocktails Molotov et de projectiles divers sur les #gendarmes. Opération de gendarmerie en cours pour repousser les assauts d'une foule extrêmement violente. Evitez le secteur. pic.twitter.com/szA7Mqtp6k
— Gendarmerie nationale (@Gendarmerie) March 25, 2023
Les assaillants ont fait usage «de mortiers d’artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance» parmi d’autres projectiles, selon la gendarmerie qui a riposté en tirant 4.000 grenades de gaz lacrymogènes et de désencerclement, et en utilisant des LBD.
Lire aussi : Manifestations en France: des ONG dénoncent la violence policière
Au bout d’une heure, la foule refluait dans un épais nuage de fumée, tandis qu’intervenaient des forces de l’ordre sur des quads, a raconté à l’AFP Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti écologiste EELV, présente sur les lieux.
Ce sont ces quads qui ont tiré des grenades+ lacrymos sur nous, élus identifiés d’écharpes, alors que nous formions, à l’écart des heurts, un cordon de sécurité devant les blessés pour signaler leur présence.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) March 26, 2023
Nous avons dû les évacuer en urgence dans la confusion la plus totale. https://t.co/ogRv8YP48Q
Des témoins interrogés par l’AFP et des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme ont déploré par ailleurs que la prise en charge d’un blessé grave ait été retardée par les autorités; la préfecture locale a répondu que le dispositif prévoyait une escorte des secours par les gendarmes pour assurer leur sécurité.
Qd les blessés affluaient en masse sur le chemin où les medics les prenaient en charge, les quads de la police ont déboulé par l’arrière.
— ⚔️ (@MarionLpz) March 25, 2023
La situation s’est tendue d’un seul coup sans possibilité pour les blessés de bouger. #SainteSoline #megabassines #NoBassaran pic.twitter.com/Lxa841RFzl
«Violence partout»
«A Sainte-Soline, l’ultra gauche et l’extrême gauche sont d’une extrême violence contre nos gendarmes. Inqualifiable, insupportable», a réagi dans un tweet le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
A Sainte-Soline, l’ultra gauche et l’extrême gauche sont d’une extrême violence contre nos gendarmes. Inqualifiable, insupportable. Personne ne devrait tolérer cela. Soutien total à nos forces de l’ordre.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 25, 2023
La France vit depuis plusieurs semaines au rythme d’une large mobilisation contre la réforme des retraites avec une succession de manifestations «sauvages» émaillées de violence.
Lire aussi : France: forte mobilisation contre Macron, scènes de chaos dans plusieurs villes
La majorité des manifestants sont restés pacifiques. Toutefois, interrogé par l’AFP, l’un d’entre eux, venu du nord de la France, confesse «(n’avoir) aucun problème avec cette violence, même si je n’y prends pas part. Il y a de la violence partout en ce moment, à commencer par cette réforme des retraites (...) Je comprends que des gens aient la rage».
25 000 personnes dans les différents cortèges en route vers #SainteSoline
— Marine Tondelier (@marinetondelier) March 25, 2023
Du monde à perte de vue.
Et une chouette ambiance, conviviale et solidaire.
On continue 💪#BassinesNonMerci pic.twitter.com/jGRgc4jmlA
«Alors que le pays se soulève pour défendre les retraites, nous allons simultanément faire front pour défendre l’eau», avaient lancé les organisateurs vendredi.
Seize retenues, d’une capacité totale d’environ 6 millions de mètres cubes, doivent être construites, principalement dans le département des Deux-Sèvres (centre-ouest), dans le cadre d’un projet porté par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l’État. Il vise à stocker en plein air de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient.
Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations agricoles face à la menace de sécheresses récurrentes. Les opposants dénoncent, eux, un «accaparement» de l’eau par «l’agro-industrie» à l’heure du changement climatique.