Le 2 octobre dernier, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a accordé le statut de réfugié politique en France au célèbre activiste politico-médiatique algérien Amir Boukhors, alias Amir DZ, dont la tête a été mise à prix par la junte algérienne depuis plusieurs années, et qui a fait l’objet de pas moins de 9 demandes d’extradition, assorties de condamnations multiples par la justice algérienne, dont une à la peine de mort. L’information a été diffusée par le média en ligne Africaintelligence dans un article publié le 3 novembre.
Ce statut de réfugié politique dont bénéficie désormais le blogueur algérien, et qui lui a été notifié le 22 octobre dernier, constitue un nouveau camouflet pour le régime algérien, après celui que lui a administré la justice française, le 21 septembre 2022, quand la Cour d’appel de Paris a définitivement rejeté toutes les demandes d’extradition formulées à l’encontre d’Amir Boukhors. Ce dernier a postulé depuis 2020 au statut de réfugié politique, mais a été soumis à un placement sous contrôle judiciaire, suite à l’interminable flot de demandes d’extradition le visant depuis l’Algérie et à la pression du régime d’Alger sur Paris.
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La juridiction parisienne a finalement considéré comme totalement infondées car sans preuve matérielle, voire risibles, les accusations retenues contre Amir DZ et le condamnant à la potence. Il s’agit, entre autres, d’«adhésion et affiliation à un groupe terroriste dans le but de répandre la terreur parmi la population», «adhésion à un groupe terroriste subversif et organisation visant à nuire aux intérêts de l’Algérie», «incitation des citoyens à prendre les armes contre l’autorité de l’État» et «éloge des actes terroristes». Rien que ça!
D’ailleurs, tous les opposants politiques algériens exilés en Europe, dont les journalistes Hichem Aboud, Abdou Semmar ou Anouar Malek sont traqués par le régime algérien, au même titre que les militants islamistes et pacifistes du Mouvement Rachad, sans parler des militants indépendantistes kabyles du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), tous condamnés à mort par contumace par la justice algérienne et faisant l’objet de demandes d’extradition et de mandats d’arrêt internationaux.
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Pour atténuer le douloureux impact de ce nouveau revers pour la junte algérienne, les autorités françaises ont fait plusieurs gestes d’apaisement en direction d’Alger. Tout d’abord, l’ambassadeur français à Alger, Stéphane Romatet, a été reçu le 18 octobre dernier par le président Abdelmadjid Tebboune, auquel il a remis un message écrit de son homologue français, Emmanuel Macron. Il y était peut-être question du nouveau statut d’Amir DZ. Hier, dimanche 5 novembre, le ministre français de l’Intérieur, Gérard Darmanin, a été reçu par le président Tebboune pour aborder à nouveau le problème des clandestins algériens en France, mais difficile de ne pas voir dans ce déplacement une tentative de fournir des explications sur le nouveau statut d’Amir DZ.
L’exécutif français mesure très bien ce que représente Amir DZ pour le régime algérien. C’est l’ennemi numéro 1 du régime. Les millions de vues que génèrent ses vidéos sur les réseaux sociaux font plus d’audience que les médias publics algériens. Le 26 août 2022, quand le président algérien Abdelmadjid Tebboune a présidé en compagnie de son homologue français, Emmanuel Macron, une réunion à Alger en présence, côté algérien, du chef de l’armée, Saïd Chengriha et du patron des Renseignements extérieurs, Djebbar Mhenna, et du côté français du ministre des Armées, Sébastien Le Cornu, du chef d’État-major des Armées, le général Thierry Burkhard et du directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), Bernard Emié, il a été beaucoup question des opposants algériens, actifs sur les réseaux sociaux depuis la France.
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Celui dont la junte réclamait la tête à tout prix, c’est Amir DZ. Empêtré dans une séquence interminable d’échecs, le régime algérien fait profil bas et semble désormais avoir compris que les réactions hystériques ne sont pas un levier de pression dans les relations bilatérales entre les États. Il n’empêche, le coup est cette fois-ci très dur au-delà de tout ce qui est possible de se représenter. Après avoir réussi à faire extrader depuis l’Espagne deux opposants actifs sur les réseaux sociaux, Mohamed Abdallah et Mohamed Benhalima, le régime d’Alger les avait brandis sur le tarmac d’un aéroport militaire comme des trophées susceptibles de terroriser toutes les voix indépendantes. Les porte-voix de la junte n’ont cessé de répéter que le prochain sur la liste était Amir DZ. Le régime algérien aura bien du mal à accepter qu’il soit désormais impossible d’humilier Amir DZ sur le tarmac d’un aéroport algérien.