Algérie: les dessous de la présidentielle anticipée

Abdelmadjid Tebboune lors de la réunion avec le Premier ministre, les chefs des deux Chambres du Parlement, du chef d’Etat major de l’armée et du président de la Cour constitutionnelle à Alger le 21 mars 2024.

Abdelmadjid Tebboune lors de la réunion avec le Premier ministre, les chefs des deux Chambres du parlement, le chef d’état-major de l’armée et le président de la Cour constitutionnelle, à Alger, le 21 mars 2024.

Alors que d’aucuns s’attendaient à un report de la présidentielle algérienne, initialement prévue en décembre 2024, un communiqué de la Mouradia a annoncé, jeudi 21 mars, que cette élection est plutôt avancée de trois mois. Le collège électoral est convoqué au mois de juin prochain et la présidentielle aura lieu le 7 septembre suivant, soit plus de trois mois avant la fin légale du mandat d’Abdelmadjid Tebboune. Cette décision inattendue, qui ne résout rien, pose davantage de questions sur les raisons du non-respect de l’échéance électorale et met les feux des projecteurs sur un pays qui navigue à vue.

Le 22/03/2024 à 13h58

C’est généralement dans une situation de crise politique aigüe, comme la mise en minorité du gouvernement ou l’empêchement, voire la démission, du président de la République, que des élections anticipées sont convoquées. Certes, en Algérie, le temps politique est loin d’être au beau fixe, mais aucune raison, ni juridique ni politique, n’a été avancée pour justifier l’annonce, ce jeudi 21 mars, d’une présidentielle anticipée en Algérie.

Selon un communiqué publié par la présidence algérienne, Abdelmadjid Tebboune «a présidé une réunion consacrée à l’examen des préparatifs de la prochaine élection présidentielle», et à l’issue de cette réunion, «il a été décidé de tenir une élection présidentielle anticipée le samedi 7 septembre 2024 pour laquelle le collège électoral sera convoqué le 8 juin 2024».

Une réunion hétéroclite

Le communiqué cite nommément les huit personnalités présentes, aux côtés du président, à cette réunion hétéroclite, à savoir le chef d’état-major de l’armée, les présidents des deux chambres du Parlement, celui de la Cour constitutionnelle, le Premier ministre, le directeur du cabinet du président, le ministre de l’Intérieur et le président de l’Autorité électorale nationale indépendante. Or, à part Abdelmadjid Tebboune, ces personnalités n’ont aucun droit de regard sur la décision de convoquer le collège électoral ou de décider d’organiser des élections anticipées.

Ces prérogatives, introduites par la constitution amendée de 2020, votée alors que Tebboune était entre la vie et la mort dans un hôpital en Allemagne, ont été attribuées au seul président de la République. L’article 91 de cette nouvelle constitution a en effet introduit deux amendements sur la présidentielle anticipée, en vertu desquels le président «convoque le corps électoral» (alinéa 10) et «peut décider d’organiser des élections présidentielles anticipées» (alinéa 10).

Auparavant, le président ne pouvait décider que d’élections législatives anticipées. Prendre la décision d’avancer de trois mois la présidentielle, sans en donner la moindre justification, montre clairement le degré de mépris du régime algérien à l’égard du peuple algérien. Donc, l’échéance des élections présidentielles ne sera pas respectée. Pourquoi? «Cela ne vous regarde pas. Circulez, il n’y a rien à voir», semble répondre Abdelmadjid Tebboune au peuple algérien.

La «contre-khoutta» tebbounienne

Certains observateurs ont avancé ces dernières semaines plusieurs hypothèses soutenant que la présidentielle algérienne, initialement prévue en décembre 2024, n’aura pas lieu dans les délais et sera reportée sine die. L’hypothèse la plus folle dans ce patchwork de suppositions laissait même entendre que la junte militaire était prête à commettre l’irréparable, en déclenchant par exemple des accrochages frontaliers avec l’armée marocaine, pour s’offrir un alibi au report de la présidentielle, en attendant de trouver le remplaçant d’un Tebboune qu’un clan puissant au sein de l’armée ne souhaite pas voir rempiler pour un second mandat, car il donne, tant en interne qu’à l’étranger, l’image d’un président rongé jusqu’à la moelle par la maladie et l’incompétence, et qui a cumulé une série d’échecs sur le plan diplomatique qui a isolé l’Algérie comme jamais auparavant.

La courte vidéo qui immortalise «la réunion consacrée à l’examen des préparatifs de la prochaine élection présidentielle» montre d’ailleurs un Saïd Chengriha peu à l’aise. Il affiche même une certaine nervosité, comme en atteste le stylo qu’il tournait entre les doigts. Nombre de psychologues spécialistes du langage corporel assimilent ce geste à l’appui sur une gâchette imaginaire…

En tout état de cause, décréter des élections anticipées est la contre-khoutta (riposte au plan d’autrui) ourdie par Tebboune et son spin doctor, Boualem Boualem, pour parer à une manœuvre hostile. À défaut de pouvoir dire avec précision laquelle, tout indique que cette décision a été prise à la va-vite, comme s’il y avait péril en la demeure.

Car le 27 février dernier, la très officielle agence de presse algérienne APS réagissait aux rumeurs sur le report de la présidentielle en proclamant dans des termes qui se voulaient péremptoires que «les élections auront lieu en temps, tel que prévu par la Constitution et ce par respect pour la Constitution et pour le peuple algérien, seul détenteur de la souveraineté». Que s’est-il passé entre le 27 février et le 21 mars pour qu’Abdelmadjid Tebboune change de fusil d’épaule et sorte de son chapeau des élections anticipées?

D’abord, il y a ce communiqué de l’Élysée daté du 11 mars dernier, à l’issue d’un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune. Ce communiqué avait un seul objectif: annoncer que le président algérien effectuera une visite d’État en France «fin septembre, début octobre». Les dates de cette visite avaient suscité plusieurs réactions sur les réseaux sociaux en Algérie, parce qu’elles auraient coïncidé avec la campagne des élections présidentielles si celles-ci s’étaient tenues le 19 décembre. Les tenants de la Badissia Novembaria reprochaient à Tebboune de lancer sa campagne électorale depuis la France, l’ancien colonisateur objet d’une rente mémorielle pérenne.

Emmanuel Macron, maître des horloges des échéances électorales en Algérie?

Avec l’annonce des élections anticipées, la date de la visite d’Abdelmadjid Tebboune en France prend une autre signification. Il apparait très probable que le président français a été mis au courant par son homologue algérien de sa décision d’avancer les élections. Certaines voix diront même que la nouvelle date des élections en Algérie est consubstantielle à la visite de Tebboune en France. C’est en président fraîchement réélu que ce dernier espère donc réserver à la France son premier déplacement à l’étranger. Inchallah!

La date de la visite du président algérien en France rend d’ailleurs caduc le faux suspense qu’il espère maintenir sur son intention à se présenter pour un deuxième mandat. Non seulement il se présente, mais il a déjà établi son agenda de président sûr de rempiler pour un deuxième mandat. D’ailleurs, les candidats à la présidentielle algérienne ne se bousculent pas au portillon. À ce jour, seule Zoubida Assoul, présidente de l’Union pour le progrès et la citoyenneté (UCP), a annoncé sa candidature.

La deuxième hypothèse est liée à un clan au sein de l’armée qui n’est pas favorable à un deuxième mandat de Tebboune. Le président algérien sait que s’il n’est pas réélu, c’est la prison qui l’attend en compagnie de ses trois fils. Au mois de mai de l’année dernière, des écoutes téléphoniques, ordonnées par la présidence algérienne, ont ciblé les principaux généraux de l’armée.

Les enquêteurs de la Direction centrale de la sécurité de l’armée ont établi que l’ex-officier de gendarmerie et informaticien Chawki Boukhazani, patron de Mobilis, principal opérateur de téléphonie mobile en Algérie, espionnait les téléphones de Saïd Chengriha et ceux d’autres généraux pour le compte de la présidence algérienne. L’homme qui a orchestré et ordonné ces écoutes téléphoniques est Boualem Boualem, chef du cabinet d’Abdelmadjid Tebboune, qui était justement présent à la réunion précédant l’annonce de la tenue anticipée de l’élection présidentielle.

En matière d’écoutes téléphoniques, Boualem Boualem connaît bien son sujet. Il a été effectivement le premier responsable, du temps du défunt Gaïd Salah, des écoutes téléphoniques en Algérie. C’est lui qui envoyait les rapports liés à l’écoute des téléphones de responsables algériens et leurs proches à l’ancien chef d’état-major. Il a visiblement conservé intactes ses anciennes pratiques, comme en atteste le scandale des écoutes de Chengriha et d’autres généraux. Une question se pose dès lors: qu’est-ce que Boualem Boualem a appris de si important pour que Tebboune décide d’anticiper les élections? Les prochains jours, qui ne seront pas apaisés en Algérie, nous l’apprendront.

Par Mohammed Ould Boah
Le 22/03/2024 à 13h58

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Il y'a sûrement quelqu'un qui oublié de fermer les portes des hôpitaux psychiatriques en Algérie🫢

Ça existe une élection présidentielle démocratique dans une dictature militaire et criminelle dans ce bas monde ? Petit rappel sur l'historique sur ce cancer dans le grand Maghreb côté Est, qui n'a pas hésité un instant à massacrer +250000 algériens et faire disparaître de la surface de la terre +50000 algériens dans le Sud algérien, avec un total au compteur la totalité de la population de la république du Vanuatu (300000 habitants), qui ont fait pschiiiit, sous les ordres des criminels militaires wlad frança, dont khaled nezzar, larbi belkheir, toufik ex-rab dzair, gaid salah,dont l'actuel 3 pommes JeanGriha. Le vieux charlot kedboune est juste de la Khodra fouk tâam, mais le petit peuple algérien y croit dur comme fer, sa dictature militaire est une république démocratique et sociale😂

L'asile psychiatrique alge-rien le grand cirque du monde la meilleure de l'ignorer 0+0= le vide total

Présidentielle en Dz? Le 1er avril c'est pour bientôt ou juste la serpillière des caporaux WLAD frança fait de l'humour? Depuis quand dans ce grand Zoo laissé par la France en 1962 un président est élu démocratiquement? Le dernier en date pour sauver la junte dictatoriale était feu M. Boudiaf fusillé en public par l'équipe du boucher Nezzar. Par contre si le palais de l'Elysée donne son accord à la serpillière du bowal pour un 2 ème mandat, le clown Kedboune sera reconduit sur le trône jusqu'à sa mort même à bientôt 80 ans et qui peine à marcher (voir Youtube) et pour le petit peuple algérien? Très simple, il devrait continuer à faire les files indiennes dès l'aube pour des denrées alimentaires (voir Youtube) et s'il ose manifester sa frustration, une boucherie bis repetita est à prévoir.

Exact ! Le peuple algérien doit se bouger le popotin pour mettre fin à cette grande humiliation qui subit des vieux criminels militaires du pouvoir assassin, au lieu de passer leur temps à pleurnicher derrière leur écran sur leur misérable sort et forcé de continuer à faire des files d'attente interminables pour quémander un sachet de lait et d'autres produits de première nécessité, c'est très humiliant à la fin. je dirai plutôt des grandes pleureuses sur le Net. Pour rappel, le nain caporal Shlingriha, patron de la junte militaire a été reçu par Macron en août 2022 ! Depuis quand, le chef de la junte militaire algérienne en France survient avant une visite d'Etat à Paris du guignol président algérien Abdelmadjid hachakoum?

Connaissez-vous la dernière nouvelle ?

Ne serait-elle pas l'algérie ?

Il a peur d'être renversé par la rue ,par la jeunesse qui ne supporte pas que ce régime esclavagiste harki à dilapidé plus de 1600 milliards d'euros de recettes pétrolières et gazières, mis dans des comptes offshores dans les paradis fiscaux. Tbibounette restera otage et soumis comme une marionnette à ce chien 🐕 kriha le pisseur 😂

sachons s'il vous plait que 98% des Marocains sauf les guêpes, se contre fichent de ce que font les algériens chez eux comme tambouille

@ Tazi, beaucoup de karghoulis pur jus hachakoum de l'Est rêvent d'être du Royaume Chérifien millénaire et font tout pour se faire passer pour un Marocain chérifien, c'est leur dada journalier... L'exemple de ce farfelu pourcentage (98 % ) CALCULÉ AU PIFOMÈTRE par qui 😂?

Comment tu arrives à te faire passer, sans vergogne,pour le porte-parole des Marocains tout en sortant de ton chapeau un pourcentage alambiqué et fantaisiste ? D'après ton raisonnement alors,je serais "une guêpe", d'après tes dires,puisque je ferais partie des 2% qui s'intéressent à ces voisins de l' Est"nous voulant tant de bien",car ayant juste l'intention machiavélique- excuse-moi pour le peu !- de vouloir scinder en deux la terre de nos ancêtres ?... Ah l'impérieuse et nécessaire réflexion !..

Le NIF angérien, MDR Moi tbibine, président de la Kouwa Oudma, non seulement on va organiser les élections présidentielles dans le délai, mais on va faire mieux encore, on va les anticiper de 4 mois,.. qui dit mieux dans la région ou dans le monde !? Tout le monde l'a compris, la constitution, les règles , le timing, les procédures... ce n'est pas pour l'Ânegerie C'est comme si tbibine, comme bon lui semble, décide se réveillant un matin en gueule de bois, d'annoncer aux peuple algérien de faire le ramadan ou l'Eid El Kabir par anticipation, soit 4 mois à l'avance...

Les caporaux et leur marionnette Tbibine gèrent la chose politique de l'état Ânegerien comme l'épicerie de Si Moussa ou de Hassan Cf. Bricolage total.

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