Algérie: le général Bouzit, chef du renseignement extérieur, pris en flagrant délit de corruption au Niger

L'armée algérienne est toujours aux prises avec ses vieux démons.

L'armée algérienne est toujours aux prises avec ses vieux démons. . DR

Le général-major Mohamed Bouzit risque de ne pas boucler une nouvelle année à la tête du renseignement extérieur algérien. Myope sur le dossier libyen, puis sur celui du Sahara marocain, il tente de sauver son poste, en corrompant ouvertement le candidat favori à la présidentielle au Niger.

Le 07/01/2021 à 16h04

En faisant semblant de huiler la machine grippée des renseignements algériens, le général Mohamed Bouzit, dit «Youssef», chef de Direction générale de la Documentation et de la Sécurité extérieure (DGDSE), a finalement jeté de l’huile sur le feu.

Le site Algérie Part vient de faire étalage d’un «coup fourré» que ce général a maladroitement commis en intervenant, avec des moyens sonnants et trébuchants, dans l’élection présidentielle au Niger, dont le 2ème tour est prévu le 20 février prochain.

«Se trouvant sur un siège éjectable en raison de ses échecs criants et successifs en matière de renseignement dans les dossiers libyen et du Sahara Occidental, le général-major Youssef a tenté un dernier coup fourré dans l’espoir de sauver sa carrière et son poste», écrit le site algérien. Pour ce faire, le patron de la DGDSE n’a pas lésiné sur les (gros) moyens. Il a envoyé un avion militaire algérien à Niamey, en vue de convoyer quelque deux millions de dollars en petites coupures, en plus d’autres aides, en signe de soutien au favori de la présidentielle nigérienne, Mohamed Bazoum.

Celui-ci, qui a été l'ex-ministre de l’Intérieur du pays, puis celui des Affaires étrangères, est arrivé en tête du premier tour de la présidentielle organisé le 2 janvier dernier, et croisera le fer au second tour avec son challenger, l’ancien président nigérien Mahamane Ousmane (1993-1996), le mois prochain.

Le pire, c’est que le deal passé entre Youssef et Mohamed Bazoum ne vaut pas la dilapidation de tout ce pactole. En effet, le chef du renseignement extérieur «a planifié tout bonnement une opération sensible visant à influencer les élections présidentielles au Niger», selon Algerie Part, et n’exige, en grande partie, que l’invitation du chef du Polisario, Brahim Ghali, à la future cérémonie d’investiture de Bazoum, en tant que nouveau président du Niger.

Même s’il a empoché les deux millions de dollars offerts par les «services» algériens, Bazoum aurait refusé de nombreuses conditions posées par ces derniers, n’acceptant finalement que le «point stratégique» aux yeux de Youssef: la présence du chef du Polisario à Niamey. En effet, aux yeux du chef des renseignements extérieurs algériens, le fait d’afficher Brahim Ghali à la cérémonie protocolaire d’investiture lui servira à se faire pardonner son fiasco à El Guerguerat et ses multiples approximations au sujet de la Libye.

Ce dernier baroud d'honneur au Niger constitue, à n’en point douter, un investissement à perte, comme sait très bien l’essuyer la diplomatie des pétrodollars qui a longtemps permis à l’Algérie de faire croire à son opinion publique qu’elle constitue une puissance incontournable sur l’échiquier régional, voire international.

Bouzit n’a même pas prévu qu’en cas d’échec de Bazoum au second tour de la présidentielle, les conséquences seraient désastreuses pour l’Algérie, car tout le Niger ne parle actuellement que de cette ingérence corruptive dans ses affaires intérieures. «Mais pour sauver sa petite tête et son avenir à la tête de la DGDSE, le général-major Youssef Bouzit est prêt encore une fois à tout. Il a plus que jamais besoin d’un petit succès pour effacer son inefficacité depuis son retour à la tête de la DGDSE à la fin avril 2020», conclut Algérie Part.

Il faut reconnaître que Bouzit est dans les mêmes sales draps que son collègue de la Direction générale de la sécurité intérieure, le général Abdelghani Rachedi, tout aussi inefficace. Adepte de la gestion sans partage et de la méthode du tout-répressif, ce dernier n’a réussi qu’à mettre l’Algérie au ban de la communauté internationale dans de nombreuses affaires de violations des droits de l’homme.

L’échec patent de ces deux hommes dans des postes aussi sensibles et stratégiques s’explique par le fait qu’ils y ont été nommés non pas en reconnaissance d’une quelconque compétence, expérience ou droiture, mais par le hasard des purges interminables au sein de l’armée algérienne. Néanmoins, contrairement à Rachedi, Bouzit fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il avoue dans le privé être fatigué des luttes intestines au sein de l’armée, et ambitionnerait de prendre les commandes d’une compagnie qu’il affectionne particulièrement: Air Algérie.

Par Mohammed Ould Boah
Le 07/01/2021 à 16h04