À quelque deux mois de la présidentielle anticipée en Algérie, où il est le principal candidat non encore déclaré, le président Abdelmadjid Tebboune continue à éviter l’électorat populaire tout en multipliant les sorties où il s’affiche en compagnie des généraux de l’armée.
Le lundi 1er juillet, il s’est rendu à l’Académie militaire de Cherchell, où il a assisté à la cérémonie de sortie des nouvelles promotions de l’armée de terre algérienne, cérémonie marquée par le même cirque et les mêmes exhibitions foraines présentés l’année dernière à la même occasion.
Ainsi, les officiers sortants cette année de l’Académie militaire de Cherchell ont donné un aperçu ahurissant des limites de la formation qu’ils ont reçue.
Défilant en rangs complètement dispersés et dans un indescriptible désordre, ils ont exécuté des mouvements d’ensemble manquant totalement de synchronisation et de coordination, ce qui laisse transparaître, au mieux, une formation bâclée, et, au pire, un manque flagrant de rigueur et de discipline au sein de ces futurs meneurs de troupes.
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En lieu et place de militaires imprégnés de l’acquisition d’un savoir-faire en matière de maniement d’armes sophistiquées et autres techniques de guerre de nouvelle génération, le président algérien a suivi, sans jamais cesser d’applaudir ou de sauter sur son fauteuil, des numéros maladroits présentés par des haltérophiles, judokas, karatékas et autres gymnastes qui n’ont rien montré à part leurs muscles.
Le clou de ce cirque reviendra aux «kouksouls», nom donné aux femmes militaires formées à Cherchell et appelées à exercer au sein des unités d’élite. Dans des démonstrations de combat au corps-à-corps, elles ont exhibé leur prétendue supériorité physique à la gent masculine. Pire, l’une d’elles a mis entre ses dents une barre en fer qu’elle a broyée de ses deux mains. Un numéro qui semble tout droit sorti des fêtes foraines au Moyen Âge, et auquel ne manquaient que des ours pour compléter le tableau. Ces prestations burlesques ont pris des accents de tragi-comédie quand Abdelmadjid Tebboune a traduit son émotion par des larmes.
Les adversaires potentiels de l’Algérie sont donc avertis. Ils risquent de partir en éclats… de rire, même si le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, a semblé réviser son bellicisme à la baisse. Dans un discours prononcé à cette occasion, il a déclaré à qui voudrait bien le croire que «l’Algérie était et continue d’être un facteur de stabilité et de sécurité dans son environnement géopolitique, compte tenu de ses orientations pacifiques et de sa doctrine fondée sur le bon voisinage, la coopération et la solidarité, et le rejet de toute forme de domination, de tyrannie, d’atteinte à la souveraineté d’autrui et d’ingérence dans ses affaires intérieures des États».
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Selon lui, l’Algérie a montré «sa pleine disponibilité à contribuer à l’effort international et régional pour lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée de toutes sortes et sous toutes ses formes et l’immigration illégale, notamment à travers son engagement à nouer des liens de solidarité et à développer des règles et mécanismes de sécurité communs».
Mensonges ou vœux pieux, ces déclarations interviennent surtout dans un contexte où les scénarios d’une guerre entre les voisins marocain et algérien sont déployés par des experts français, donnant l’armée algérienne comme perdante à tous les coups.
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Pourtant l’armée algérienne a hérité de la France une école de formation de haut niveau. En effet l’Académie militaire de Cherchell a été créée en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, sous le nom de l’École militaire d’infanterie de Cherchell, en y transférant les cursus de Saint-Cyr. Jusqu’en 1962, elle s’assignait comme objectifs de former des officiers français, en plus de sous-officiers algériens appelés à servir dans les rangs de l’armée française, en fonction des besoins de cette dernière à la fois sur place et dans d’autres contrées.
Une académie nationalisée
Ces deux premières décennies de la création de cette école par la France sont aujourd’hui totalement éludées par le régime algérien, ses historiens et ses médias, faisant remonter sa création à 1963 sous l’égide de Houari Boumédiène, alors ministre de la Défense dans le premier gouvernement algérien post-indépendance.
D’ailleurs, cette académie militaire, qui tire son nom de la commune de Cherchell, située à 100 km l’ouest d’Alger, dans la wilaya de Tipaza, a été rebaptisée, en 2016, au nom de Boumédiène, sous la présidence d’Abdelaziz Bouteflika.
Cette nationalisation a non seulement fait perdre à Cherchell sa devise fondatrice, «Assume, toi aussi, la charge du commandement», mais elle a également fait baisser, de façon drastique, le niveau de formation militaire locale, ce qui a obligé les officiers algériens qui y ont été formés à se rendre dans les ex-pays d’Europe de l’est ou dans l’ex-Union soviétique en vue de reprendre à zéro leur formation militaire.