27è anniversaire de l’assassinat de Boudiaf: les résultats chocs d’une contre-enquête sur ce crime abominable

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Contrairement à la thèse officielle farfelue avancée par le régime algérien, l’assassinat de Mohamed Boudiaf, ramené par les généraux en Algérie pour servir de «vitrine civile» au régime vert-kaki, suite à la mise à mort du processus électoral, était tout sauf un «acte isolé». Révélations.

Le 01/07/2019 à 13h16

Feu Mohamed Boudiaf revient au devant de la scène politique algérienne, 27 ans après l’acte meurtrier qui l’emporta le 29 juin 1992 alors qu’il était en conférence à Annaba.

L’avocat algérien Arezki Katache vient de révéler des indices chocs sur ce qui est certainement le pire assassinat politique qu’ait connu le monde durant le XXème siècle, dans le cadre d’une contre-enquête publiée en auto-édition sous le titre: «L’assassinat de Boudiaf, un acte collectif annoncé à l’avance».

Dans cette contre-enquête, publiée, -il faut le préciser-, à l’occasion du 27è anniversaire de l'assassinat de Boudiaf-, Me Katache remet en question la thèse officielle farfelue avancée par le régime algérien alors mené par l’ancien ministre de la Défense, le Général Khaled Nezzar, avec la complicité assassine de l’ancien chef de l’armée de terre, le Général Mohammed Ammari, selon laquelle cet assassinat serait «un acte isolé».

Selon une soi-disant enquête attribuée au gouvernement d’alors, l’assassinat relèverait «d’un acte isolé, pensé et exécuté par Boumarafi Embarek», ancien sous-lieutenant du Groupe d'intervention spécial (GIS), toujours en détention à Alger.

Un gros mensonge tissé de fil blanc mais qui n’a jamais dupé personne tellement la main des généraux était perceptible dans cette liquidation qui, figurez-vous bien!, s’est déroulée en direct sous les yeux des caméras de télévision et du monde entier. "Certaines personnes étaient au courant de l’exécution imminente de Boudiaf", assène Me Katache, qui, à la faveur d'un travail d’investigation patient, basé sur des articles de presse, démontre que «des journalistes étaient bel et bien au courant de la prochaine exécution de Boudiaf».

"Il en ira de même de quelque(s) caméraman(s) exerçant à la télévision ou dans une officine occulte", écrit-il dans son livre. C’est ainsi que les "images du tueur ont été volontairement censurées", écrit-il.

L’auteur de «Algérie – L’Arrêt du processus électoral: un détonateur pour une violence programmée ?» ajoute que l’attentat contre Mohamed Boudiaf aurait pu être perpétré quelques jours auparavant. C’est-à-dire le 26 juin 1992 à Oran.

Un indice qui balaie aussi d’un revers de la main l’autre thèse infondée, -la piste terroriste, entendez le Front islamique du Salut (FIS), victime du «putsch électoral» perpétré à l’issue des législatives de 1991, au profit du Haut Comité d’État créé par les Généraux et dont feu Mohamed Boudiaf devait assurer la présidence.

Pour l’auteur, la piste islamiste de l’assassinat de Boudiaf est «irrecevable».

Me Katache parvient ainsi à dire qu’il s’agit d’un «assassinat collectif commis par le régime d’Alger».

Le fils du défunt Mohamed Boudiaf avait d'ailleurs demandé, en mai dernier à l'actuel chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah de rouvrir une nouvelle enquête sur l’affaire de l’assassinat de son père, tué le 29 juin 1992 à Annaba. Une demande qu’il affirme avoir déjà faite à Bouteflika, mais en vain.

Pourquoi le régime vert-kaki a tué Mohamed Boudiaf

Il faut d’abord préciser que Boudiaf a mis fin à son «exil» au Maroc, Kénitra, précisément, pour se rendre en Algérie, suite à une offre qui lui avaitr été faite par les haut gradés algériens, à leur tête l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar. Un cadeau empoisonné que le défunt n’aurait jamais dû accepter s’il était au courant du complot assassin ourdi dans les bureaux feutrés de l'armée.

En effet, le clan des Généraux, après avoir mis à l’arrêt le «processus électoral», gelé la constitution et forcé à la démission l’ancien président Chadli Benjedid (lui-même militaire), avait besoin d’une «vitrine civile» pour continuer à diriger le pays.

Sauf que ces Généraux s’étaient trompé de profil. Comment monsieur Boudiaf, qui avait refusé d'être président il y a 58 ans, en 1961, au motif qu’il appartenait au peuple algérien de choisir son président, peut-il accepter l’offre qui lui a été faite en 1992, par le clan de Généraux prédateurs et corrompus?

Pour ceux qui connaissent le défunt, Boudiaf n’était pas homme à faire le jeu des hommes en uniforme.

Voici où le bât devait blesser. Dès que le défunt a pris les rênes en tant que président, il ne s’est pas laisser faire. Première épreuve de force, et pas des moindres; il l’a eue avec l’ancien général Mohamed Ammari: à la faveur d’une dispute au palais présidentiel, Boudiaf l’a chassé comme une guigne pour être récupéré par son «frère d’armes» Khaled Nezzar, qui l’a nommé conseillé auprès du ministère de la défense.

De cette période date précisément le début du complot d’assassinat de Boudiaf.

Et ce n’est pas tout!

Bien des divergences devaient alors opposer le «Marocain» Boudiaf avec l’oligarchie militaire, à leur tête les relations avec le Royaume du Maroc, et surtout le conflit autour du Sahara marocain. M. Boudiaf était évidemment très au fait des dessous de ce conflit inventé par le Colonel Houari Boumediene, pour se laisser berner par des sornettes telles «le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».

Autant d'indices donc sur la décision fatale qui coûta la vie à Mohamed Boudiaf, qui fut un précurseur de la principale revendication des manifestations antisystème qui se déroulent depuis le 22 février dernier en Algérie. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 01/07/2019 à 13h16