Première en sciences, en lecture et en mathématiques… Singapour confirme cette année encore son statut de première de la classe dans le classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) qui renseigne le niveau en lecture, en sciences et en mathématiques des élèves de 15 ans issus de 81 pays.
Cette cité-État du Sud-est asiatique, composée de 63 îles, y affiche en effet des moyennes qui flirtent avec l’excellence. En mathématiques, le secret de cette réussite porte un nom qui fait désormais rêver tous les ministres de lÉducation dans le monde: «la méthode Singapour». Son succès est tel que plus de 70 pays ont adopté cette méthode depuis les années 2000, les deux premiers à avoir sauté le pas en 2002 et 2008 étant Israël et les États-Unis. Et depuis le 5 décembre, date de publication du nouveau rapport PISA, cette liste compte un nouvel adhérent: la France.
Bien qu’elle se maintienne au-dessus de la moyenne mondiale et se classe en 22ème position en mathématiques, la France s’inquiète de plus en plus du faible niveau de ses élèves. Décidé à prendre le taureau par les cornes, le ministre de l’Éducation français, Gabriel Attal, a ainsi annoncé plusieurs mesures s’inscrivant dans un nouveau programme pompeusement baptisé «Le Choc des savoirs», qui repose notamment sur la généralisation de la méthode Singapour au primaire, au collège et au lycée. Le Maroc, qui se place à la 71ème position de ce classement en mathématiques, gagnerait-il à faire de même?
Qu’est-ce que la méthode Singapour ?
Jusqu’au début des années 1980, Singapour était loin d’être un modèle à suivre dans l’enseignement des mathématiques. Mais en quinze ans, le pays est parvenu à se hisser en tête de tous les classements et à y rester, déjouant tous les pronostics. Ceci grâce à cette méthode conçue par une équipe de professeurs de mathématiques mandatée par le ministère de l’Éducation de Singapour, sur la base de recherches menées par des pédagogues du monde entier et à laquelle ont été formés tous les professeurs.
Cette méthode miracle repose sur trois fondamentaux enseignés de la maternelle à la sixième année: la modélisation, l’approche concrète-imagée-abstraite et la verbalisation.
Au cœur de cette méthode, la modélisation, qui permet aux enfants de mettre une image sur une situation qui leur semble complexe, voire abstraite. L’intérêt de cette méthode est d’aborder les mathématiques sous un angle concret, en permettant aux élèves de manipuler et de toucher des objets du quotidien (bâtons, jetons, ou cubes). Une approche visuelle et concrète, qui s’inspire de la pédagogie de Maria Montessori, et qui permet grâce à ces objets de représenter des problèmes et des opérations, offrant ainsi une vision tangible des abstractions mathématiques. Ces objets sont remplacés dans un deuxième temps par des images ou des dessins réalisés au tableau, avant de laisser place aux chiffres.
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Rythmée par six temps d’apprentissage, «la méthode Singapour» fait notamment la part belle à la manipulation, l’observation, la modélisation mathématique, l’entraînement, l’utilisation de jeux mathématiques et la résolution de problèmes. Outre le fait d’approcher les notions de façon concrète, l’élève s’habitue aussi à mettre des mots sur les concepts, à comparer son raisonnement à celui des autres, à penser les mathématiques et non à appliquer des automatismes. Cette méthode se concentre ainsi sur la compréhension approfondie, plutôt que sur la simple mémorisation.
Toutefois, les experts s’accordent à ne pas imputer uniquement à cette méthode les fruits de ce succès. En effet, Singapour a mis toutes les chances de son côté pour parvenir à ce résultat, à commencer par la formation des professeurs, qui reçoivent 400 heures de formation en mathématiques en formation initiale, et 100 heures de formation continue par an.