Le secteur de la restauration au Maroc subit actuellement une pression accrue, notamment en raison de l’augmentation significative des taxes locales décidées par plusieurs conseils communaux. Ces mesures, souvent appliquées sans concertation préalable, ont suscité des tensions entre les professionnels du secteur et les autorités locales, indique le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 28 mai.
À Rabat, la taxe d’occupation temporaire du domaine public a été multipliée par six, passant de 100 à 600 dirhams par mètre carré, ce qui a provoqué une forte réaction des propriétaires de cafés et restaurants. «La Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants du Maroc (FNPCR) a dénoncé ces hausses comme arbitraires et brutales, aggravées par une politique répressive exercée par certains agents municipaux», lit-on.
Lors d’une réunion récente à Fès, les membres du bureau national de la FNPCR ont présenté un bilan critique de la situation. Ils relèvent des décisions unilatérales, des taxes locales en forte augmentation, et un climat d’insécurité juridique qui fragilise la pérennité des établissements. Par exemple, dans la commune de Harhoura, la taxe d’occupation a été multipliée par dix, passant de 50 à 500 dirhams par mètre carré et par trimestre. À Rabat, elle est désormais fixée à 400 dirhams par mètre carré, tandis que d’autres communes ont augmenté les montants entre 30 et 50 dirhams, ce qui affecte les marges des établissements.
Cité par Les Inspirations Eco, Nourreddine El Harak, président de la FNPCR, souligne que «cette augmentation des taxes, combinée à la hausse générale des coûts d’exploitation, pèse lourdement sur les établissements». Il cite notamment une augmentation de 150% du prix du café depuis 2024, ce qui contraint certains restaurants et cafés à fermer ou à survivre dans des conditions précaires.
Outre la taxe d’occupation du domaine public, les professionnels doivent également faire face à plusieurs autres prélèvements locaux, tels que la taxe sur les débits de boissons, la taxe d’enseigne, les redevances de propreté et les contributions pour l’éclairage public. «Ces prélèvements sont souvent fixés par les conseils communaux sans cadre légal clair, ce qui crée un environnement fiscal instable», note le quotidien.
Par ailleurs, la fédération dénonce «les interventions jugées excessives de certains agents lors des opérations de libération du domaine public, qui conduisent au retrait forcé d’installations sans préavis». Ces actions sont perçues comme arbitraires et nuisent à la stabilité administrative des établissements.
Les professionnels soulignent également le développement de la concurrence informelle, notamment celle des cafés ambulants, qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes fiscales et réglementaires, ce qui désavantage les établissements formels.
Face à ces enjeux, la Fédération nationale des propriétaires de cafés et restaurants appelle à une révision urgente du cadre légal et fiscal. Elle demande notamment l’adoption d’une loi-cadre sur la fiscalité locale garantissant un plafonnement des taxes applicables aux établissements de restauration. Elle propose également l’organisation d’une réunion avec le ministère de l’Intérieur afin d’établir un cadre national consensuel pour la gestion de l’occupation temporaire du domaine public, prenant en compte des critères urbanistiques, économiques et de circulation.
La fédération plaide aussi pour la mise en place d’une réglementation précise encadrant les conditions d’exploitation des cafés et restaurants, toutes catégories confondues.
Avec une baisse estimée du chiffre d’affaires de près de 50% depuis la pandémie de Covid-19, seuls les grands groupes, représentant environ 5% du marché, réussissent à maintenir leur rentabilité.