Taux directeur de BAM: les investisseurs institutionnels anticipent un statuquo

Le siège de Bank Al-Maghrib à Rabat.

Les investisseurs institutionnels marocains sont unanimes: Bank Al-Maghrib devrait maintenir inchangé son taux directeur à 3%. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé auprès de plusieurs d’entre eux par BMCE Capital Global Research.

Le 14/06/2024 à 17h24

Bank Al-Maghrib (BAM) devrait maintenir inchangé son taux directeur à 3%, lors de la prochaine réunion trimestrielle de son conseil prévue le 25 juin. C’est ce qu’anticipe la totalité des investisseurs institutionnels marocains sondés par BMCE Capital Global Research (BKGR).

Cette unanimité n’est, en revanche, pas acquise pour les prochains rendez-vous du conseil de la Banque centrale, puisque le statuquo monétaire est prédit par 92,3% de ces investisseurs institutionnels pour la réunion de septembre 2024 et 53,8% seulement pour celle de décembre 2024.

Ce qui ouvre ainsi la voie au début d’un nouveau cycle accommodant à partir du premier semestre 2025 tel que cela est projeté par 61,5% des sondés, indique BKGR. Ce sondage montre également que 84,6% de ces investisseurs estiment que la politique monétaire actuelle est adéquate.

Le pronostic du maintien du taux directeur inchangé ressort également de l’analyse de BKGR qui ajoute que BAM devrait garder le taux de réserve obligatoire inchangé à 0%.

Cette analyse tient compte, est-il précisé, de deux facteurs. Il s’agit de la position relativement prudente des principales banques centrales mondiales quant au lancement d’un nouveau cycle d’assouplissement monétaire et de l’évolution des principaux indicateurs influant sur la politique monétaire marocaine.

«Quoiqu’en bonne voie pour envisager l’adoption prochaine d’une politique monétaire davantage accommodante compte tenu de la détente de l’inflation qui continue de s’approcher de son niveau cible de +2%, la Banque centrale devrait, néanmoins, opter une nouvelle fois pour un statuquo notamment pour se donner le temps de mesurer l’impact de la décompensation partielle du butane sur l’inflation», notent les analystes de BKGR.

La victoire contre l’inflation reste fragile

Même si la victoire contre l’inflation semble proche, certains éléments pourraient raviver les pressions inflationnistes et mériteraient de demeurer sous surveillance, estiment-ils.

Il s’agit notamment de l’impact des aides sociales directes au profit des ménages et des effets directs et indirects de la décompensation progressive du gaz butane lancées en mai 2024 qui ne devrait commencer à être perçu qu’à partir de septembre 2024.

BKGR rappelle que le prix de la bouteille de gaz de 12 kg devrait augmenter annuellement de 10 dirhams pour s’établir à 70 dirhams en 2026.

Il s’agit également de l’évolution des tensions géopolitiques pouvant impacter les niveaux de prix à l’international. À ce sujet, 84,6% des investisseurs institutionnels interrogés dans le cadre du même sondage tablent sur une inflation moyenne entre 2% et 4% en 2024.

BKGR estime, par ailleurs, dans son analyse, que la Banque centrale pourrait revoir à la hausse ses prévisions de croissance économique pour cette année suite à la nouvelle estimation plus optimiste du ministère de l’Agriculture qui prévoit une production céréalière de 30 à 33 millions de quintaux pour cette campagne agricole.

Croissance: un taux de 2,6% prévu pour 2024

Pour sa part, BMCE Capital Global Reseach table toujours, dans son scénario principal, sur une croissance du PIB limitée à 2,6% (Vs 3,4% pour le gouvernement, 3,1% pour le FMI et 2,4% pour la Banque mondiale).

Les investisseurs institutionnels sondés tablent, quant à eux, majoritairement (92,3%) sur une croissance économique entre 2% et 4% cette année.

En outre, 92,3% de ces investisseurs prévoient un déficit budgétaire entre -4% et -5% à fin 2024; 69,2% s’attendent à une progression de la distribution de crédits en 2024; et 84,6% anticipent une stagnation des taux débiteurs en 2024.

Par Lahcen Oudoud
Le 14/06/2024 à 17h24