Le Trésor effectuera-t-il sa sortie à l’international pour lever de la dette en devises, comme cela est prévu dans la loi de finances 2022, à hauteur de 40 milliards de dirhams?
Lors de son point de presse post-conseil de BAM, ce mardi 21 juin, Abdellatif Jouahri a dévoilé de nouveaux éléments à ce sujet, indiquant notamment que «des discussions entre le Trésor et les banques conseils sont déjà engagées», pour tâter le terrain auprès des investisseurs internationaux, évaluer les conditions de prêts sur les marchés mondiaux et voir comment évolue la prime de risque du Maroc dans les conditions actuelles.
Ces conditions, n’a pas manqué de rappeler le wali de Bank Al-Maghrib, ne seront pas aussi favorables que lors de la précédente sortie du Trésor en 2020. Le resserrement des politiques monétaires dans le monde va en effet «impacter les conditions auxquelles le Trésor va emprunter», a-t-il expliqué. Ainsi, les Etats emprunteurs vont voir le coût de l'argent remonter, dans le sillage de la remontée des taux opérée par les grandes banques centrales, notamment la FED. Une configuration qui est de nature à alourdir la charge de la dette et à peser sur les équilibres budgétaires.
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Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, «il appartiendra au gouvernement et au ministère des Finances de juger s’il est opportun de réaliser une sortie, ou non, sur les marchés internationaux», sachant qu’une «échéance importante» de 1,5 milliard de dollars doit être remboursée en décembre.
Et d’ajouter: «le Trésor a toujours la possibilité, pour ses besoins sur le plan budgétaire, de recourir au tirage de la LPL (Ligne de précaution et de liquidité) qui n’a pas encore été utilisé. Les statuts du FMI et de Bank AL-Maghrib le permettent».
Rappelons sur ce point que le 7 avril 2020, suite au choc occasionné par le déclenchement de la crise sanitaire, le Maroc avait procédé à un tirage sur la LPL pour un montant équivalent à près de 3 milliards de dollars. Une partie de ces 3 milliards de dollars (près d'un milliard de dollars) avait été remboursée par anticipation en décembre 2020.
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Abdellatif Jouahri a par ailleurs rappelé que sur les 40 milliards de dettes en devises prévues par la loi de finances 2022, environ 15 à 20 milliards de dirhams seront mobilisés auprès des institutions multilatérales de développement (comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, le Fonds monétaire arabe, etc.). Le reste (soit 20 à 25 milliards de dirhams) doit être mobilisé via les marchés financiers internationaux.
Négociations avec le FMI pour une LCMParallèlement aux discussions avec les banques conseils pour préparer une éventuelle sortie, le Maroc et le FMI accélèrent les négociations pour que le Royaume puisse bénéficier d’une ligne de crédit modulable (LCM), un mécanisme de financement réputé pour sa souplesse et qui, contrairement à la ligne de précaution et de liquidité (LPL), assure aux pays admissibles l’accès immédiat à un montant élevé de ressources du FMI sans conditionnalité continue.
«Le montant d’accès aux ressources du FMI n’est pas plafonné et le besoin de financement est évalué au cas par cas», peut-on ainsi lire dans une fiche technique sur le site web du FMI.
«Les assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, prévues en octobre prochain à Washington, seront l’occasion de faire le point sur cette LCM», a conclu le wali de BAM.