Le conseil de Bank Al-Maghrib a tenu ce 21 juin sa deuxième session de l’année 2022. Voici les principaux points du communiqué de la banque centrale, diffusé ce mardi.
La Banque ayant déjà intégré dans ses prévisions l’impact des décisions prises dans le cadre de l’accord social du 30 avril 2022, et tenant compte de la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe, et du retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023, le Conseil a décidé de maintenir l’orientation accommodante de la politique monétaire et ce, pour continuer de soutenir l’activité économique. Il a décidé en conséquence de garder le taux directeur inchangé à 1,50%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture nationale et internationale.
Au niveau national, tirés principalement par la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires ainsi que par l’accélération de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux, les prix à la consommation ont connu une hausse sensible au cours des quatre premiers mois de l’année, avec une progression moyenne de 4,5% en glissement annuel. Cette tendance devrait se poursuivre à court terme, l’inflation devant atteindre, selon les projections de la Banque, 5,3% pour l’ensemble de cette année avant de décélérer à 2% en 2023. Sa composante sous-jacente atteindrait 5,2% en 2022 puis reviendrait à 2,5% l’année prochaine.
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En raison de conditions climatiques défavorables, la production céréalière reculerait en 2022, selon les estimations du département de l’Agriculture, de 69% à 32 millions de quintaux. La valeur ajoutée agricole devrait ainsi chuter de 15% cette année avant de s’améliorer de 12,9% en 2023 sous l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. S’agissant des activités non agricoles, leur croissance devrait se consolider à 3,8%, favorisée par l’assouplissement des restrictions sanitaires, et retrouverait son rythme tendanciel en 2023 avec une progression de 2,8%. Ainsi, après le rebond remarquable de 7,9% enregistré en 2021, la croissance de l’économie nationale devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, ralentir à 1% cette année puis s’accélérer à 4% en 2023.
Sur le plan des comptes extérieurs, les importations s’accroitraient de 24,2% en 2022, en lien essentiellement avec l’alourdissement de la facture énergétique qui atteindrait 122,4 milliards de dirhams et l’augmentation prévue des acquisitions des produits bruts et des demi-produits. En 2023, la hausse se limiterait à 0,3%, sous l’effet en particulier de la baisse attendue des cours des produits énergétiques. En parallèle, les exportations s’amélioreraient de 22% en 2022 et de 0,8% en 2023, principalement portées par les ventes du phosphate et de ses dérivés, et du secteur automobile qui s’établiraient respectivement à 102,7 milliards et 114,7 milliards de dirhams en 2023.
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Bénéficiant de la réouverture des frontières et du lancement de l’opération Marhaba, les recettes de voyage connaîtraient une reprise graduelle, passant de 34,3 milliards de dirhams en 2021 à 54,3 milliards en 2022 et à 70,9 milliards en 2023. Après un niveau record de 93,7 milliards enregistré en 2021, les transferts des MRE reviendraient progressivement à leur niveau d’avant crise, totalisant 87,3 milliards en 2022 et 84 milliards en 2023. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait à 4,9% du PIB en 2022, après 2,3% en 2021, avant de s’alléger à 3,8% en 2023.
Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB sur l’horizon de prévision. Au total, et sous l’hypothèse notamment de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 342,5 milliards de dirhams à fin 2022 et à 346,4 milliards à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de six mois d’importations de biens et services.
Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de l’année fait ressortir une amélioration de 25,5% des recettes ordinaires portée par l’augmentation du produit fiscal et des financements spécifiques. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 16,6%, reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation. Tenant compte notamment de ces réalisations et de la mobilisation exceptionnelle annoncée de ressources à travers les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopoles, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de Bank Al-Maghrib, passer de 5,9% du PIB à 6,3% en 2022, avant de s’atténuer à 5,6% en 2023.