Les Assemblées annuelles de la BM et du FMI seront marquées par le lancement du «Livre Maroc», baptisé «La quête du Maroc pour une croissance plus forte et inclusive.»
Devant un parterre composé de représentants des deux institutions financières, des membres du gouvernement et de chefs d’entreprises et d’institutions publiques, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a envoyé des messages forts et touchants.
Séisme: un impact négatif, mais pas que
«Nous avons mis une cellule d’évaluation et nous avons travaillé avec les premières données disponibles. Il y a les dégâts matériels, 60.000 logements partiellement ou totalement détruits, plus de 1.000 établissements scolaires touchés, il y a aussi des dégâts au niveau de sites patrimoniaux et des musées», a-t-il souligné en réponse à une question de la directrice générale du FMI sur l’impact du séisme d’Al Haouz.
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«La région de Marrakech représente 22% de la valeur ajoutée du tourisme, mais la reprise a été très rapide après le séisme, et vous y êtes pour quelque chose avec votre décision de maintien de ces assemblées.»
«Nous avons fait un rapprochement avec ce qui s’est passé dans d’autres pays après les séismes et nous avons suivi les évaluations du FMI et de la Banque mondiale (…). Il est difficile, bien sûr, de donner des chiffres précis sur les conséquences, mais nous avons remarqué que la croissance reprend les trois années suivant le séisme.»
«Sur le plan des équilibres macroéconomiques, le gouvernement a annoncé un programme de 125 milliards de dirhams sur les cinq ans à venir. C’est à peu près 10% du PIB du Maroc. Pour la balance des paiements, il y aura certainement des impacts au niveau des importations, mais il y aura aussi des éléments positifs.»
«Il faut bien applaudir la solidarité nationale et internationale aussi. Jusqu’à hier, nous étions autour de 12 milliards de dirhams de dons réunis.»
«S’il y a un besoin et s’il faut négocier avec les organisations internationales, le FMI, la Banque mondiale ou la BAD, nous le ferons. Le Maroc dispose de marges de manœuvre intéressantes.»
Résilience de l’économie marocaine
«Après le séisme des années 80, nous avons eu une crise de change. Nous avons rééchelonné la dette et mis en place un programme d’ajustement structurel avec le FMI et la Banque mondiale. Si nous avons réussi à nous en sortir, c’est grâce aux réformes mises en place.»
«En janvier 1993, le Maroc a souscrit à l’article 8 du FMI au titre de la convertibilité des opérations courantes. Il a repris le paiement normal de ses échéances de dettes. Et je rappelle aussi qu’au cours de ce rééchelonnement, le Maroc n’a jamais fait défaut sur n’importe quelle échéance de dette.»
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«Il y a eu une grande politique d’infrastructures, une réforme de la fiscalité, une charte des investissements, des partenariats avec le secteur privé (…). Cela nous a permis de signer la ligne de précaution et de liquidité (LPL) avec le FMI en 2012 et la ligne de crédit modulable (LCM) en 2023. Nous avons rééchelonné notre dette avec vous en 1993, et nous ferons appel à vous sans conditionnalité en 2023. Voilà ce que nous avons réalisé.»
Un effort supplémentaire demandé
«Ça serait malheureux que l’humain lutte contre des problèmes de financement quand il s’agit de sa survie, et là, nous comptons beaucoup sur vous (en s’adressant à la DG du FMI, NDLR). Nous savons que vous avez fait beaucoup de choses (…), mais l’enjeu aujourd’hui est existentiel. On vous demande encore plus.»
«Une fois qu’on a essayé de résoudre le problème de la Terre (réchauffement climatique, NDLR), il faut essayer de résoudre le problème de l’humain qui est sur Terre. Il faut vaincre la pauvreté, l’analphabétisme, l’égoïsme des États, la montée du souverainisme et la montée de la fragmentation géopolitique qu’on voit s’accentuer de jour en jour.»
«Ce que nous vous demandons, c’est que ce multilatéralisme, qui a donné quelques résultats positifs mais qui a laissé beaucoup de gens sur le bord du chemin, soit mis au service de l’humain. La bonne volonté de tous exige des gouvernements des politiques publiques plus valables, mais aussi une coopération internationale qui puisse redonner l’espoir et la confiance à nos pays en voie de développement, mais surtout à la jeunesse dont on a grandement besoin.»