Restauration: pourquoi les exportateurs de produits japonais lorgnent le Maroc

Des ingrédients et condiments japonais exposés lors de la rencontre organisée par Jetro à Casablanca, lundi 27 novembre 2023.

Les exportateurs d’ingrédients et de condiments japonais se tournent vers le Maroc. Leur but? Enrichir la palette gustative des plus gourmands avec les subtilités de la cuisine nippone et tisser des liens commerciaux et culturels solides entre les deux nations.

Le 28/11/2023 à 17h05

Dans un monde de plus en plus connecté, la gastronomie devient un vecteur de rapprochement culturel. La cuisine japonaise, réputée mondialement pour sa finesse et son authenticité, n’est pas encore pleinement appréciée au Maroc, un pays connu pour sa riche tradition culinaire.

C’est le constat dressé hier, lundi 27 novembre à Casablanca, lors d’une opération séduction organisée par l’Organisation japonaise du commerce extérieur (JETRO) auprès des entrepreneurs locaux. L’ambassadeur du Japon au Maroc, Kuramitsu Hideaki, met en lumière cette ambition: «La cuisine japonaise est appréciée mondialement, mais au Maroc, sa richesse reste méconnue.»

«L’une des principales raisons de cette rareté est la distance géographique entre le Maroc et le Japon. Le transport de produits périssables peut être coûteux et complexe. S’y ajoutent les frais de douane et les délais de livraison qui peuvent rendre ces produits inabordables pour de nombreux restaurateurs et chefs au Maroc», explique le diplomate dans une déclaration à Le360.

Et de poursuivre: «Toutefois, l’intérêt grandissant pour cette cuisine et la volonté des acteurs locaux de la gastronomie d’explorer de nouvelles saveurs japonaises ouvrent des opportunités pour une plus grande diversification de l’offre culinaire dans le pays. À mesure que l’accès aux ingrédients japonais deviendra plus facile et que la sensibilisation à cette cuisine se renforcera, il est fort probable que la cuisine japonaise continuera de gagner en popularité au Maroc.»

Masahide Honda, directeur général de Jetro Maroc, confirme cette tendance: «Lors de mon arrivée au Maroc, il y a deux ans, j’ai constaté une absence de produits japonais authentiques sur le marché. C’est pourquoi nous voulons créer une vitrine pour ces produits et encourager les échanges entre nos deux pays.»

Le représentant de Jetro met également en avant les défis liés aux prix élevés, suggérant un besoin de renforcer les liens avec les importateurs marocains: «Les exportateurs de produits japonais de restauration au Maroc doivent relever de nombreux défis, notamment ceux liés à la conformité réglementaire, aux coûts, à la concurrence, à la logistique et à l’adaptation au marché local. Une planification minutieuse, une gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement et une compréhension approfondie du marché sont essentielles pour réussir dans ce secteur.»

Les importateurs du Maroc, et les exportateurs du côté du Japon, doivent gérer efficacement la chaîne d’approvisionnement pour minimiser ces coûts. «Stocker et distribuer des produits japonais frais et périssables peut être un défi logistique. S’ajoute à cela que les consommateurs marocains sont, pour la majorité, peu familiarisés avec la cuisine nippone, ce qui peut nécessiter des efforts de sensibilisation et de marketing pour promouvoir les produits japonais. Il est aussi important pour les exportateurs de comprendre les préférences et les goûts des consommateurs marocains et adapter leur offre de produits japonais en conséquence pour répondre à la demande du marché», fait-il savoir.

Le directeur général de Jetro à Rabat, Masahide Honda.

Sumire Hirakawa, représentante d’Omatsu, une entreprise franco-japonaise, exprime, de son côté, un intérêt similaire pour le marché marocain. «Nos produits sont divers et nous sommes impatients de collaborer avec des entreprises marocaines. Il est essentiel d’établir des partenariats solides avec des entreprises locales pour introduire la cuisine japonaise de manière authentique au Maroc», relève-t-elle.

Pour elle, ces partenariats «permettront non seulement de surmonter les défis logistiques et culturels, mais aussi de tirer parti des compétences et de l’expertise locales pour offrir une expérience culinaire japonaise de haute qualité adaptée au marché marocain».

L’intérêt grandissant des exportateurs japonais pour le marché marocain va au-delà de la simple diversification commerciale. «Il incarne une volonté de tisser des liens culturels plus profonds, où la nourriture devient un langage universel, célébrant l’union des saveurs et des traditions», comme le souligne l’ambassadeur japonais au Maroc.

Par Hajar Kharroubi
Le 28/11/2023 à 17h05