Alors que le Maroc ambitionne de porter la part des énergies renouvelables à plus de 52% de son mix électrique à l’horizon 2030, tout en décarbonant l’essentiel de son industrie, l’hydrogène vert se présente aujourd’hui comme un axe majeur de la nouvelle stratégie énergétique du pays et offre de nombreuses opportunités à saisir. Cependant, plusieurs défis restent à relever pour se positionner sur le marché international.
Ces challenges ont été au cœur du débat lors d’une conférence organisée jeudi 18 mai à Rabat, sous le thème «Les verrous scientifiques et technologiques de l’hydrogène vert au Maroc», à l’occasion du 17ème anniversaire de l’Académie Hassan II des sciences et techniques.
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«Il y a certes beaucoup de défis auxquels il faut faire face, mais il est clair que l’hydrogène vert représente un avenir prometteur pour l’industrie énergétique, en particulier dans le contexte de la transition vers une économie basée sur les énergies renouvelables», a souligné d’emblée le secrétaire perpétuel de l’Académie, Omar Fassi Fehri.
Recherche et infrastructure
Parmi ces défis, le développement du parc solaire et éolien, l’accélération des chantiers de construction des stations de dessalement de l’eau mais surtout le développement de la recherche scientifique pour pouvoir répondre au défi technologique que pose la filière d’hydrogène vert qui n’a toujours pas atteint le stade de maturité, et ce partout dans le monde.
«En investissant dans la recherche scientifique et l’innovation technologique, et dans les infrastructures nécessaires à la production et à l’utilisation de l’hydrogène vert, nous pouvons aider à garantir un avenir plus propre et plus durable pour notre pays et notre planète», a-t-il souligné.
Selon cet académicien, le Maroc dispose de tous les atouts nécessaires pour pallier son manque en ressources énergétiques fossiles notamment dans le cadre de la production de l’énergie électrique, «devenue de nos jours, un vecteur principal de tout développement économique et social».
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Il s’agit notamment d’un potentiel éolien estimé à 25.000 MW sur l’ensemble du territoire, un potentiel solaire de plus de 3.000h/an d’ensoleillement, soit une irradiation d’environ 5 kwh/m²/jour en plus du potentiel hydrique qu’offre les côtes.
Tirer profit localement avant d’exporter
Au-delà de sa production, les experts s’interrogent aussi sur les utilisations de l’hydrogène vert. Selon Philippe Tanguy, membre associé de l’Académie Hassan II, le Maroc devrait tirer profit de l’hydrogène vert produit localement, avant de chercher à l’exporter. Le but étant d’en faire bénéficier notamment l’industrie nationale qui s’apprête à relever un grand défi à l’export, celui de la taxe carbone.
«L’hydrogène vert peut ensuite être stocké, transporté et utilisé dans une grande variété de contextes allant de la production d’électricité à la mobilité en passant par les processus industriels. Son utilisation présente de nombreux avantages par rapport aux combustibles fossiles traditionnels. Il ne produit pas de gaz à effet de serre lors de son utilisation, ce qui contribue à réduire les émissions de carbone et à lutter contre le changement climatique», a souligné Omar Fassi Fehri.
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En effet, l’hydrogène qui est un gaz léger utilisé comme combustible peut être également converti en électricité ou utilisé comme matière de base pour la production d’ammoniac (engrais) et du méthanol utilisé comme carburant ou solvant dans les plastiques, ciments, encres et diverses peintures, ce qui réduirait significativement l’empreinte carbone de plusieurs industries locales, a expliqué de son côté, le DG par intérim de l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN), Samir Rachidi.
L’un des moyens essentiels pour pouvoir en tirer profit et pour y parvenir, est celui de la formation avancée et de l’adaptation des nouveaux emplois aux nouveaux besoins du marché. Selon une étude récente du Forum euro-méditerranéen des Instituts de sciences économiques (FEMISE), le passage aux énergies renouvelables au Maroc créera jusqu’à 482.000 nouveaux emplois au cours des 20 prochaines années.
«La réussite de cette transition passe avant tout par la mise en place de stratégies de formation incluant l’ensemble des acteurs: académies, universités, institutions et organisations publiques, et société civile», a conclu le secrétaire perpétuel de l’Académie.