Hydrogène vert: comment le Maroc devient incontournable

L’hydrogène est obtenu par des producteurs d’électricité n’émettant pas de CO2 (éolien, photovoltaïque, barrages hydrauliques, nucléaire...).

Au cours de la dernière décennie, le Maroc est devenu un pionnier des énergies renouvelables. Les efforts déployés par le Royaume dans ce domaine lui ont même valu une position de leader mondial. Comment y est-il parvenu? Tagesschau, le site d’information de la chaîne de télévision publique allemande ARD, donne la réponse.

Le 30/04/2023 à 13h23

Le Maroc se démarque de plus en plus dans le domaine des énergies renouvelables, devenant ainsi un acteur majeur de la transition énergétique en Afrique. Ses projets ambitieux dans ce domaine ont déjà porté leurs fruits et ont été reconnus par la communauté internationale. C’est ce que souligne l’article intitulé «Pourquoi le Maroc est important pour la transition énergétique», publié sur le site d’information Tagesschau de la chaîne de télévision publique allemande ARD.

Actuellement, le Maroc tire déjà 20% de son énergie de sources renouvelables telles que le solaire, l’éolien et l’hydraulique. Le pays vise à porter la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’électricité à 52% d’ici 2030, et même jusqu’à 86% si possible. Bien que cet objectif soit ambitieux, il est réalisable grâce au potentiel solaire important du Royaume, comme le souligne l’expert marocain en énergie Rahal Lagnaoui, cité dans l’article.

Maroc-Allemagne: un partenariat gagnant-gagnant

Dans ce contexte, la déclaration d’intention commune sur le développement de l’hydrogène vert, baptisée Power-to-X, signée en 2020 par le Maroc et l’Allemagne est un partenariat stratégique qui vise à promouvoir les énergies renouvelables. Selon l’article, la banque allemande de développement KfW financera la construction d’une usine de production d’hydrogène vert pour un montant de 300 millions d’euros. Le Maroc devrait ainsi devenir le premier producteur d’hydrogène vert en Afrique dès 2025.

La même source précise que ce partenariat est mutuellement bénéfique. De son côté, le Maroc, en devenant un producteur d’hydrogène vert, pourra accroître sa production d’électricité à partir de sources renouvelables, tout en réduisant sa dépendance à l’égard des énergies fossiles. L’Allemagne, quant à elle, pourra obtenir une partie de cette production d’hydrogène vert, qui peut être utilisée dans diverses applications telles que la mobilité, l’industrie et la production d’électricité, en peut remplacer les énergies fossiles.

Des défis et des atouts

Selon Samir Rachidi, directeur adjoint de l’Institut national de recherche sur l’énergie solaire et les énergies nouvelles (IRESEN), cité dans l’article, ce projet commun répond également aux objectifs de la politique énergétique marocaine. «Notre objectif n’est pas de faire du Maroc la future “Russie de l’hydrogène”, mais de le positionner comme un acteur majeur capable de produire de l’hydrogène vert à haute valeur ajoutée, à faible coût et de manière compétitive à court terme», précise-t-il, ajoutant que «cela représente un défi important pour le Maroc».

Le partenariat avec l’Allemagne permet donc au Maroc de continuer sa transition énergétique et de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et à l’importation d’énergie. L’article souligne que le Royaume est un partenaire attractif pour l’Allemagne et l’Europe en raison de sa proximité géographique, des interconnexions électriques et gazières existantes, ainsi que du projet de gazoduc Maroc-Nigéria.

La menace de la pénurie d’eau

Toutefois, ce dernier projet est confronté à un défi majeur: la pénurie d’eau. Au Maroc, la rareté de l’eau est un problème de plus en plus pressant. Le changement climatique et les périodes de sécheresse qui en découlent ont des conséquences importantes sur l’agriculture et la population. Le Royaume a de grandes ambitions en matière d’énergie renouvelable, notamment en ce qui concerne la production d’hydrogène vert, mais cette production nécessite non seulement de l’énergie solaire, mais également de l’eau, une ressource rare dans le pays, souligne l’article.

Selon la KfW, «le Maroc est l’un des pays les plus touchés par la rareté de l’eau et le changement climatique. La demande en eau a considérablement augmenté ces dernières années, en particulier dans l’agriculture, entraînant une surutilisation continue des ressources en eau souterraine.»

Le dessalement d’eau de mer, une solution ?

Le Maroc s’attaque au problème de la pénurie d’eau avec détermination. Pour produire de l’hydrogène vert, il mise sur des usines de dessalement d’eau de mer, rappelle l’article. En effet, l’eau potable ou l’eau souterraine ne conviennent pas à cette production. Le vice-président de l’IRESEN, Samir Rachidi, explique que l’objectif est d’utiliser exclusivement de l’eau de mer dessalée pour la production d’hydrogène, une solution qui pourrait également permettre de produire de l’eau potable et d’irrigation à faible coût.

Le Royaume construit ainsi de nouvelles usines de dessalement d’eau de mer avec le soutien de la société allemande de coopération internationale (GIZ) et de la KfW, qui investit actuellement environ 700 millions d’euros dans le secteur de l’eau au Maroc.

Si ces efforts sont prometteurs pour l’avenir de la production d’hydrogène vert au Maroc, il est important de noter que les projets avec l’Europe pourraient encore aggraver la pénurie d’eau dans le pays. Les gouvernements marocain et allemand espèrent donc une situation «gagnant-gagnant» avec leur partenariat pour l’hydrogène vert, tout en restant vigilants quant à la gestion de cette ressource vitale.

Par Younes Saoury
Le 30/04/2023 à 13h23