Produire, jeter: la recette du CESE pour consommer différemment, et protéger l’environnement

Le CESE plaide pour une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire à travers notamment, le recyclage. 

Le CESE plaide pour une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire à travers notamment, le recyclage.  . Viviane Monconduit - Pixabay

Alors que la disponibilité des ressources naturelles vitales est menacée par le changement climatique, la dégradation de l’environnement, la croissance démographique et l’urbanisation rapide, le CESE remet en question notre modèle de consommation consistant à «prendre, faire, utiliser et perdre» et plaide pour une approche plus circulaire.

Le 27/05/2022 à 09h13

Pour le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), le constat est sans appel: les efforts déployés dans notre pays en matière de gestion des déchets ménagers demeurent, à ce jour, assez limités avec des résultats encore insuffisants en termes de recyclage et de valorisation.

En effet, la gestion des déchets ménagers au Maroc reste marquée par une collecte en vrac et une absence de tri à la source, rendant ainsi leur transformation difficile, coûteuse et partant peu rentable pour le secteur privé, explique le CESE dans son dernier avis intitulé «Intégration des principes de l’économie circulaire aux traitements des déchets ménagers et des eaux usées».

Malgré les résultats significatifs obtenus en termes d’assainissement liquide, la réutilisation des eaux usées demeure encore limitée. En 2020, le pourcentage d’utilisation des eaux usées épurées est estimé à 17% dans le secteur industriel et à 51% dans l’arrosage des espaces verts.

Pour changer ce mode de gestion linéaire qui a de graves conséquences sur l’environnement, dont l’épuisement des ressources naturelles, l’accumulation des déchets et la pollution, avec un manque à gagner en termes de croissance et de création d’emplois, le CESE plaide pour l’adoption d’une approche circulaire qui met le recyclage au cœur des habitudes de consommation des citoyens.

«L’économie circulaire constitue une alternative prometteuse et un modèle vertueux où les produits et les matériaux sont conçus de manière à pouvoir être réutilisés, recyclés ou récupérés et maintenus dans le circuit économique aussi longtemps que possible», soutient le Conseil.

Pour adopter une stratégie nationale visant la transition vers une économie circulaire, le CESE propose une série de mesures à commencer par l’élaboration d’une loi-cadre relative à l’économie circulaire et une loi anti-gaspi.

L’institution que dirige Ahmed Réda Chami propose aussi de créer une instance, au sein du ministère chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques qui sera chargée de la coordination entre toutes les parties prenantes dans le sens d’assurer une déclinaison optimale de cette stratégie, selon une approche sectorielle et un déploiement territorialisé.

Instaurer le principe «pollueur-payeur»Pour le CESE, il est également question d’accélérer la mise en place de la «responsabilité élargie du producteur» (REP) et de son application sur le terrain, en vue de permettre: la mise en œuvre du principe «pollueur-payeur», le transfert, aux producteurs, de la responsabilité de l’organisation et du financement de la collecte et du traitement des déchets, l’interdiction de certains polluants graves et la taxation d’autres polluants non-recyclables pour les rendre économiquement moins compétitifs pour les producteurs.

S’agissant en particulier des déchets ménagers, le Conseil appelle à réviser les contrats de gestion actuels conclus entre les collectivités, les Sociétés de développement local et les sociétés privées, en y intégrant la valorisation des déchets (au lieu de leur mise en dépôt, leur enfouissement ou leur incinération), tout en fixant pour les territoires des objectifs engageant de réduction de la mise en décharge des déchets.

Pour ce qui est des eaux usées, le CESE propose de revoir les choix stratégiques qui ont privilégié l’investissement dans la mobilisation de la ressource hydrique (barrages et dessalement), en y intégrant la réutilisation des eaux usées et le stockage des eaux pluviales.

Il préconise également de fixer des objectifs nationaux et territoriaux en termes de réutilisation des eaux usées qui engageraient toutes les parties prenantes, pollueurs et utilisateurs, en veillant à mettre en place le cadre réglementaire adéquat.

L’objectif, selon le Conseil est de rendre l’utilisation des eaux usées épurées compétitive en définissant le coût réel de l’eau selon ses différentes sources. Pour ce faire, le CESE propose d’inscrire la réutilisation des eaux usées parmi les missions des futures «sociétés régionales multiservices» (SRM), avec l’obligation de prévoir, dès leur création, cet objectif dans leur business plan.

Par Safae Hadri
Le 27/05/2022 à 09h13