C'était il y a deux ans, en décembre 2020, lors de la signature de l’accord tripartite Maroc-Etats-Unis-Israël, que la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv a été actée. Depuis lors, le volume des échanges entre les deux pays n’a cessé de s’accroître.
Pour Yehuda Lancry, président de la Chambre de commerce Israël-Maroc, l'un des puissants moteurs potentiels de la croissance de l'échange économique bilatéral réside dans la promulgation d'un Accord de libre-échange entre les deux pays.
L'exonération des droits de douane, un atout considérable dans la dynamisation des échanges«L'exonération des droits de douane qui en résultera représentera un atout considérable dans la dynamisation des échanges commerciaux. Les industries automobile et aéronautique marocaines sont un foyer de première importance dans cette perspective», déclare-t-il pour Le360.
De plus, c’est sous le Premier ministre israélien désigné, Benjamin Netanyahu, que l’accord tripartite Maroc-Etats-Unis-Israël avait été signé. «Tout donne lieu à penser qu’il continuera sur cette lancée et qu’il cherchera à consolider davantage ces relations dans le futur», ajoute l'ancien ambassadeur d’Israël en France et à l’Organisation des Nations unies.
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Lancry tient, par ailleurs, à rappeler que même avant ce rapprochement en 2020, Rabat et Tel-Aviv avaient établi des relations diplomatiques au début des années 1990 et jusqu’aux années 2000. «Les relations entre Rabat et Tel-Aviv ont été donc retrouvées et vécues dans une forme d'épanouissement. C'est extraordinaire. En témoigne le nombre de visites officielles effectuées par des ministres israéliens de haut niveau au Maroc. Ceci a été couronné par la signature de plusieurs accords entre les deux pays», se félicite-t-il.
«Il y a eu également, en parallèle, l’établissement de plusieurs contacts et accords entre sociétés israéliennes et marocaines, notamment dans des domaines qui intéressent les deux parties, que ce soit l'agriculture (la water-tech par exemple), les énergies renouvelables ou la haute technologie», fait observer Yehuda Lancry, ajoutant que «les universités aussi communiquent entre elles et ceci a donné lieu à des accords sur le plan de la recherche et des mouvements d'échanges entre elles».
Maroc-Israël: des flux touristiques jamais rompusNotre interlocuteur rappelle un autre fait marquant: «Le tourisme a permis à des dizaines de milliers d’Israéliens de renouer contact avec leur pays d’origine. C’est aussi un pilier majeur des relations économiques maroco-israéliennes qui a été entretenu même avant décembre 2020. On tournait auparavant autour des 45.000-50.000 touristes israéliens en moyenne annuelle au Maroc. Ces flux n’ont jamais été réduits ou interrompus.»
«Des touristes, notamment originaires du Maroc, installés en Israël, mais qui invitaient, par effet d’entraînement, dans leurs voyages en groupes ou individuels, des Israéliens non originaires du Maroc, venaient visiter le Royaume. Le Maroc exerçait donc un attrait et une fascination constante pour eux. Maintenant, on parle d’un chiffre de 70.000 visiteurs, une augmentation de ±40%. L'objectif que s'était fixé l’ancienne ministre du Tourisme, avoisinant les 250.000 touristes israéliens dans les cinq premières années suivant l’accord tripartite semble donc prendre corps au vu de ces statistiques», commente-t-il.
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Pour le président de la Chambre de commerce Israël-Maroc, le secteur du tourisme «va se développer de plus en plus. Il va s'intensifier davantage et jouera un rôle majeur dans le rapprochement entre les deux peuples, étant donné qu’il s’agit d’un facteur multiplicateur de paix.»
Revenant sur les relations qu’entretiennent la Chambre de commerce Israël-Maroc et la Chambre de commerce Maroc-Israël, chapeautée par Saïd Benryane, Yehuda Lancry indique qu’il y a beaucoup de similitudes dans leurs modalités de fonctionnement, insistant sur l’importance des réflexions menées conjointement.
Des échanges de haut niveauLee natif de Bejaâd a, par ailleurs, tenu à saluer les progrès réalisés depuis la reprise des relations dans la culture. En effet, des cinéastes marocains ont débattu, lors d'une rencontre interactive avec le public israélien dans le cadre du 38e Festival du film de Haïfa en octobre dernier, du cinéma marocain contemporain, alors que sept films marocains étaient projetés au festival.
Le cinéma marocain a été également l'invité d'honneur du Festival du cinéma du Sud organisé à Sderot en novembre 2022, durant lequel cinq films marocains ont été projetés en présence de leurs réalisateurs.
Le 14 septembre 2022, le théâtre national Mohammed V de Rabat avait accueilli la pièce de théâtre «Umm Kulthum» du Théâtre arabo-hébreu de Jaffa, et le 30 novembre 2022, le Théâtre national israélien Habima avait présenté au Théâtre national Mohammed V l'une des comédies musicales israéliennes les plus célèbres et les plus anciennes, «Bosquet séfarade», de feu Yitzhak Navon, ancien président israélien d'origine marocaine.
Dans le domaine sécuritaire, plusieurs visites de délégations israéliennes ont eu lieu au Maroc, et vice-versa, rappelle Lancry. L'inspecteur général des Forces armées royales (FAR) et commandant de la Zone Sud, Belkhir El Farouk, s'était ainsi entretenu avec le général de corps d'armée Aviv Kochavi, chef d'état-major général des Forces de défense israéliennes, notamment des moyens de renforcer la coopération entre les deux armées et son élargissement aux domaines de la technologie et de l'innovation.
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Accompagné d'une importante délégation militaire, il avait aussi participé, le 12 septembre 2022, à la première Conférence internationale sur l'innovation de défense CII, qui s'est tenue du 12 au 15 septembre 2022 à Tel-Aviv.
Pour rappel, le deuxième anniversaire du rétablissement des relations entre le Maroc et Israël a été célébré le 22 décembre 2022. A cette occasion, le bureau de liaison de Tel-Aviv a organisé une fête au Théâtre national Mohammed V à Rabat.
Interrogée par Le360, Alona Fisher-Kamm, cheffe par intérim du bureau de liaison de Tel-Aviv à Rabat, avait indiqué que «cet événement historique est une belle occasion de célébrer les grandes avancées réalisées par le Maroc et Israël», ajoutant que les relations entre les deux pays ont connu une dynamique aussi forte qu’inattendue.
«Durant ces deux années, nos deux pays respectifs ont réalisé beaucoup d’avancées, aux niveaux politique, culturel et économique. Beaucoup d’échanges ont marqué cette période. Il y avait aussi beaucoup de touristes israéliens qui sont venus visiter le Maroc, ainsi que des délégations officielles. Nous avons aussi signé plusieurs accords touchant différents domaines. Je crois que c'est un très bon commencement, et je regarde avec beaucoup d'espoir l’année prochaine», avait détaillé la diplomate.