Depuis plus d’un an et demi, le Maroc s’inscrit dans un nouveau cycle d’expansion économique, et ce malgré la persistance de la sécheresse qui continue de peser sur l’agriculture, moteur traditionnel de l’économie nationale.
La croissance du PIB s’est établie à 3,8% en 2024, marquant le début d’une phase de reprise durable qui se poursuit en 2025. Au deuxième trimestre de cette année, l’économie marocaine a enregistré une hausse de 5,5%, son rythme le plus soutenu depuis la période de rattrapage post-Covid.
Cette accélération reflète une croissance plus équilibrée et largement diversifiée, soutenue par la contribution conjointe de plusieurs branches productives. Les industries manufacturières et extractives, la construction et les activités d’hébergement se distinguent particulièrement, assurant à elles seules près de 40% de la croissance globale, selon les données du Haut-commissariat au plan (HCP).
L’industrie, locomotive du nouveau cycle
Le secteur secondaire s’impose désormais comme le principal moteur de la croissance. Sa valeur ajoutée a bondi de 7,4% au deuxième trimestre 2025, contre 3,1% à la même période de 2024. Cette performance confirme une montée en puissance continue depuis 2024, année où le secteur avait déjà affiché une hausse annuelle de 4,2%, contre seulement 0,8% en 2023.
Classement des branches selon le taux de croissance au T2-2025 (Source: HCP).
| Branche d’activité économique | Taux de croissance au T2-2025 |
|---|---|
| Industrie d’extraction | 10,9% |
| Hébergement et restauration | 10,5% |
| Distribution d’eau, d’électricité et de gaz, réseau d’assainissement, traitement des déchets | 8,9% |
| Industries de transformation | 6,9% |
| Construction | 6,7% |
| Activités financières et assurances | 6% |
| Éducation, santé et activités d’action sociale | 5,7% |
| Autres services | 5% |
| Administration publique et défense, sécurité sociale obligatoire | 4,8% |
| Commerce de gros et de détail, réparation de véhicules automobiles et de motocycles | 4,4% |
| Transports et entreposage | 4,3% |
| Recherches et développement et services rendus aux entreprises | 4,2% |
| Information et communication | 2,5% |
| Activités immobilières | 0,8% |
| Pêche | -7,7% |
Cette progression spectaculaire repose sur plusieurs branches:
• Les industries de transformation ont accéléré à +6,9% (après +2,6%), soutenues par les filières automobile, chimique et électronique.
• Le bâtiment et les travaux publics affichent +6,7% (après +3,6%), prolongeant la reprise engagée en 2024 avec +5%.
• L’électricité, le gaz, l’eau et l’assainissement enregistrent un rebond marqué de +8,9% après une contraction l’année précédente.
• L’industrie d’extraction, en léger ralentissement, maintient une solide croissance de +10,9%, après +13% en 2024.
En somme, l’industrie et la construction constituent aujourd’hui le premier contributeur à la croissance nationale, apportant près de la moitié du rythme de progression du PIB observé en 2025.
Les services confirment leur rôle de pilier stable
Deuxième contributeur à la croissance, le secteur tertiaire poursuit une trajectoire ascendante. Sa valeur ajoutée a augmenté de 4,8% au T2-2025, contre 4,2% un an plus tôt, confirmant la résilience d’un secteur qui représente plus de 60% du PIB national.
Plusieurs branches se distinguent:
• Hébergement et restauration: +10,5% (contre +9,4%), traduisant la consolidation de la reprise touristique.
• Commerce et réparation: +4,4% (contre +3,4%).
• Services publics et sécurité sociale: +4,8% (contre +3,9%).
• Recherche et services aux entreprises: +4,2% (contre +3,7%).
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Certains segments connaissent toutefois un léger ralentissement, comme le transport et entreposage (+4,3% contre +7,9%) ou les services sociaux (+5,7% contre +6,4%).
Mais dans l’ensemble, le tertiaire demeure le socle de stabilité de l’économie, contribuant à environ deux points de croissance du PIB.
Le retour de l’agriculture à la croissance
Après avoir pesé sur la croissance en 2024 (-4,5%), le secteur primaire redevient un soutien à l’économie. Sa valeur ajoutée a progressé de +4,2% au deuxième trimestre 2025, grâce à la reprise de l’activité agricole (+4,7% après -4,4%) et à une atténuation du recul de la pêche (-7,7% après -12,4%).
Ce redressement apporte environ un demi-point de croissance au PIB, après deux années où l’agriculture avait tiré les chiffres vers le bas. Toutefois, le secteur reste dépendant des aléas climatiques, confirmant sa fragilité structurelle malgré son poids dans l’emploi rural.
Une croissance désormais mieux équilibrée
La structure de la croissance marocaine s’est nettement transformée. Le secteur secondaire a pris la tête du cycle économique, le tertiaire maintient une contribution régulière, et le primaire retrouve un rôle de soutien.
Cette recomposition sectorielle reflète une économie plus diversifiée et plus résiliente, où les activités hors agriculture s’affirment comme les véritables moteurs de la croissance.
La demande intérieure reste un levier essentiel, stimulée par la hausse du revenu réel, la relance de l’investissement public et la décélération de l’inflation (2,3% au deuxième trimestre).
Vers une croissance plus structurelle
Au total, l’économie marocaine affiche un profil de croissance plus solide et mieux réparti. L’industrie gagne en poids, les services se consolident, et l’agriculture revient dans le vert.
Si cette tendance se confirme au second semestre, le Maroc pourrait clôturer 2025 avec l’un de ses meilleurs taux de croissance depuis dix ans, consolidant ainsi les bases d’une expansion durable, fondée sur la diversification productive et la montée en valeur ajoutée des secteurs hors agriculture.








