Après un léger recul des prix des biens immobiliers en 2021, du fait de la baisse de la demande et de l’écoulement des stocks après la crise sanitaire, le prix de l’immobilier neuf est attendu en hausse cette année en raison notamment de la hausse des prix des matériaux de construction.
En effet, les promoteurs immobiliers subissent depuis quelques mois déjà, une flambée des cours et une pénurie de plusieurs matières premières essentielles au BTP, comme le verre, l’aluminium et le béton. «Les prix des matériaux de construction sur le marché international ont flambé depuis des mois. Il y a même une pénurie sur certains produits comme le verre qui est devenu une denrée rare. Le prix de l’acier n’arrête pas d’augmenter non plus. Il est passé de 7,5 dirhams le kilo avant la crise à près de 12,5 dirhams le kilo actuellement», explique le vice-président de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), Mustapha Allali, contacté par Le360.
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Cette pénurie de certains matériaux de construction conjuguée à la hausse des prix a eu ainsi un impact significatif sur le fonctionnement de plusieurs chantiers. Certains promoteurs ont même décidé de suspendre leur chantier jusqu’à stabilisation de la conjoncture internationale, affirme le vice-président de la FNPI, notant que «la hausse excessive des intrants impacte le coût de revient des différents biens immobiliers, ce qui va certainement impacter le prix de vente du mètre carré».
Les entreprises qui ont suspendu leurs chantiers aspirent surtout à réviser leur prix afin de dégager des marges suffisantes pour assurer la pérennité de leur activité. «Aujourd’hui, des entreprises ont décidé d’arrêter les chantiers sur lesquels elles avaient déjà signé des contrats au moment où les prix des matériaux de construction étaient stables, parce qu’elles ne peuvent plus dégager des marges de bénéfices depuis la flambée des prix des matières premières», explique ainsi le vice-président de la FNPI.
Si les promoteurs ne peuvent pas revenir sur les contrats de vente ou de réservation déjà signés, une augmentation des prix reste à prévoir pour ceux signés cette année. Une hausse qui pourrait aller jusqu’à 20% par rapport aux prix de 2021.
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«Nous ne pouvons pas encore déterminer exactement le pourcentage de la hausse des prix parce qu’on ne sait toujours pas si la tendance haussière des cours des matières premières sur le marché international va se poursuivre ou pas, mais personnellement, je dirai que l’augmentation des prix du mètre carré pourrait varier entre de 15% à 20%», indique Mustapha Allali.
Résilience et optimismeMalgré les effets de la crise, le secteur immobilier marocain s’est montré toutefois résilient. Au terme des deux premiers mois de 2022, les ventes de ciment, principal indicateur du secteur du BTP, se sont renforcées de 5,8%, après une baisse de 10,1% un an auparavant, selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF).
La demande reste par ailleurs relativement modeste, les crédits à la promotion immobilière ont accusé une baisse de 5%, après -7% à fin décembre 2021 et une quasi-stagnation un an plus tôt. Compte tenu de ces évolutions, le taux de progression des crédits à l’immobilier s’est amélioré, s’établissant à +3,2% à fin janvier 2022, après +2,3% à fin janvier 2021. En revanche, les opérations de financement de l’activité du secteur ont été marquées par un accroissement de l’encours des crédits à l’habitat de 4,8% à fin janvier 2022, après +3,5% un an auparavant, explique également la note de la DEPF.
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Si la conjoncture internationale demeure instable, les perspectives d’évolution du marché immobilier au Maroc le sont tout autant. Le secteur, qui a subi l’arrêt des chantiers durant la crise sanitaire, a dû faire face depuis au déséquilibre du marché international des matières premières à cause, notamment, des tensions géopolitiques et des effets de la crise en Ukraine et les professionnels du secteur ont encore du mal à se projeter.
«Pour ce qui est de la reprise d’activité, on est certes encore loin du niveau d’avant crise, mais on arrive quand même à sortir notre épingle du jeu face à la conjoncture économique difficile. Pour l’avenir, nous restons optimistes malgré la perturbation de l’activité et nous espérons surtout que la hausse des prix des matériaux de construction s’arrête là et qu’il y aura un redressement du marché après», conclut Mustapha Allali.