CNSS: vague de mécontentement contre la nouvelle version de Damancom

La refonte du portail Damancom, censée renforcer la cybersécurité de la CNSS, suscite une levée de boucliers parmi les experts-comptables, comptables agréés, gestionnaires de paie...

Revue de presse La refonte du portail Damancom, censée renforcer la cybersécurité de la CNSS, suscite une levée de boucliers parmi les experts-comptables, comptables agréés, gestionnaires de paie... Déconnexion avec les réalités de terrain, accès bloqués, absence de phase transitoire… Les critiques pleuvent. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 01/07/2025 à 20h16

Quelques semaines après une fuite massive de données au sein de la CNSS, le portail Damancom a fait peau neuve. Objectif affiché: sécuriser davantage les échanges, prévenir les cyberattaques et améliorer la qualité du service rendu aux usagers. Mais sur le terrain, indique le quotidien L’Économiste dans son édition du mercredi 2 juillet, le passage à la nouvelle version du site, désormais accessible uniquement via une identification électronique, tourne au casse-tête pour des milliers de professionnels (experts-comptables, comptables agréés, gestionnaires de paie, etc.).

Ces derniers dénoncent une mise en œuvre précipitée, sans concertation préalable. L’accès au nouveau Damancom est conditionné par l’utilisation de la plateforme «Mon e-ID», un système développé par la DGSN et reposant sur la carte nationale d’identité électronique ou la carte de séjour marocaine. Une procédure jugée «trop complexe», notamment pour les usagers peu familiers avec les outils numériques.

Dans un courrier adressé le 25 juin au directeur général de la CNSS, l’Organisation professionnelle des comptables agréés (OPCA) alerte sur les dysfonctionnements répétés de la nouvelle interface: erreurs d’identification, messages bloquants, impossibilité de finaliser les déclarations… Les remontées du terrain sont accablantes. «Résultat: les professionnels ne peuvent pas déposer les déclarations mensuelles dans les délais réglementaires, fixés au 10 juillet pour le mois de juin, et risquent des pénalités de retard injustifiées», note L’Économiste.

Face à cette situation, l’OPCA demande une intervention urgente de la CNSS. Elle réclame notamment des correctifs techniques, l’annulation des pénalités de retard liées aux dysfonctionnements du portail et, surtout, l’instauration d’un dialogue structuré entre l’institution et les professionnels pour éviter que ce type de crise ne se reproduise à l’avenir. Une réunion d’urgence est également suggérée pour discuter des pistes d’amélioration.

L’Ordre des experts-comptables, pour sa part, reste silencieux publiquement, même si, selon un membre du Conseil national, «des discussions seraient en cours avec la CNSS pour trouver des solutions concrètes», note le quotidien.

Pour ce dernier, «l’absence d’une phase transitoire cristallise les critiques». Les professionnels dénoncent l’effet de surprise, leur exclusion des préparatifs, et les conséquences lourdes sur leur activité. Le blocage de l’accès au portail, décidé à la suite de la récente cyberattaque, a également mis en difficulté de nombreux Marocains résidant hors du pays, contraints de confier leurs identifiants à des proches pour gérer leurs obligations sociales.

Le conseil régional Casablanca-Settat de l’OPCA a lui aussi adressé un courrier au DG de la CNSS, le 26 juin, tirant la sonnette d’alarme sur les lourdes contraintes rencontrées par les professionnels, dans un mois de juin déjà chargé en échéances fiscales, sociales et juridiques. Il propose de repousser la généralisation du nouveau système à septembre, le temps de former les utilisateurs et d’optimiser le déploiement.

Parmi les recommandations formulées, figurent l’organisation de sessions d’information, la création d’un accès multi-clients sous un seul identifiant, et d’autres mesures visant à simplifier la gestion des portefeuilles clients pour les cabinets comptables. Tant que ces propositions ne sont pas prises en compte, le nouveau Damancom, conçu pour protéger, risque surtout de pénaliser ses usagers.

Par Lamia Elouali
Le 01/07/2025 à 20h16