Classe moyenne: le spectre du déclassement

Un chariot dans les rayons d'un supermarché. (Photo d'illustration)

L’analyse des budgets des ménages révèle une hausse des dépenses alimentaires, qui sont passées de 37% en 2014 à 38,2% en 2022. Les coûts liés au logement et à l’énergie ont également augmenté (+2,4%), tandis que les dépenses consacrées aux loisirs et à la culture ont drastiquement chuté, passant de 1,9% à seulement 0,5%.. DR

Revue de presseLes inégalités sociales se sont accentuées, malgré une amélioration du niveau de vie des ménages les plus défavorisés grâce aux aides sociales. La classe moyenne, en revanche, a subi un déclassement, ne bénéficiant ni de la croissance ni des mécanismes de redistribution. L’indice de Gini et la vulnérabilité économique ont augmenté, confirmant un creusement des écarts. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 02/03/2025 à 20h02

Si la croissance économique a principalement bénéficié aux catégories les plus aisées, les ménages les plus défavorisés «ont tout de même vu leurs conditions de vie s’améliorer grâce aux nouveaux dispositifs d’aide sociale directe». En revanche, la classe moyenne, de plus en plus exposée au risque de déclassement, n’a ni profité des fruits de la croissance ni bénéficié des politiques de redistribution. C’est ce que révèle une récente note du Haut-Commissariat au Plan (HCP) portant sur le niveau de vie des ménages pour la période 2022-2023, reprise par le magazine Challenge.

Globalement, bien que le niveau de vie des ménages ait progressé, les inégalités sociales n’ont pas diminué. Les filets sociaux mis en place ont eu un impact positif en réduisant la pauvreté pour les catégories les plus vulnérables. Toutefois, celles qui ne sont pas directement ciblées par ces aides ont vu leur situation se détériorer, accentuant leur vulnérabilité.

Entre 2014 et 2019, le niveau de vie des plus démunis a progressé de 1,1% par an, avant de chuter de 4,6% entre 2020 et 2022. Chez les plus aisés, la croissance annuelle était de 1,4% entre 2014 et 2019, suivie d’une baisse de 1,7% sur la période 2020-2022. Quant à la classe moyenne, elle a connu une progression plus modeste (+0,8% entre 2014 et 2019) avant de subir un net recul (-4,3% entre 2020 et 2022). Le HCP conclut que cette catégorie sociale a été la grande perdante, ne bénéficiant ni de la croissance ni des mécanismes de redistribution.

Par ailleurs, la réforme fiscale engagée ces dernières années a principalement profité aux moyennes et grandes entreprises, avec une réduction du taux d’impôt sur les sociétés (IS) de 31% à 20% en trois ans. En comparaison, la baisse du taux marginal de l’impôt sur le revenu (IR) n’a été que de 1%, passant de 38% à 37%. La classe moyenne, composée en grande partie de professions libérales et de salariés, notamment du secteur public, joue un rôle moteur dans la consommation et la croissance économique.

L’indice de Gini, qui mesure les inégalités, est passé de 39,5% en 2014 à 40,5% en 2022, confirmant ainsi une aggravation des disparités socio-économiques. Le taux de pauvreté absolue a cependant reculé, passant de 4,8% à 3,9% en 2022. Mais en milieu urbain, ce taux a augmenté, passant de 1,6% à 2,2%. Au total, 1,42 million de personnes vivaient dans la pauvreté absolue en 2022, tandis que 4,75 millions étaient économiquement vulnérables, avec un risque accru de basculer dans la pauvreté (passant de 7,9% à 9,5% de la population).

En 2022, le revenu annuel moyen des ménages s’élevait à 89.170 dirhams. Toutefois, 70% des ménages disposaient d’un revenu inférieur à cette moyenne, avec une répartition inégale entre le milieu urbain (65,9%) et le milieu rural (85,4%).

Concernant la consommation, la dépense annuelle moyenne a progressé de 3,1% par an entre 2014 et 2019, avant de reculer de 3,1% entre 2019 et 2022. L’analyse des budgets des ménages révèle une hausse des dépenses alimentaires, qui sont passées de 37% en 2014 à 38,2% en 2022. Les coûts liés au logement et à l’énergie ont également augmenté (+2,4%), tandis que les dépenses consacrées aux loisirs et à la culture ont drastiquement chuté, passant de 1,9% à seulement 0,5%.

Par Nabil Ouzzane
Le 02/03/2025 à 20h02

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

0/800